Inciter les jeunes des quartiers défavorisés à créer leur entreprise

Par Clarisse Jay  |   |  547  mots
DR
Après le plan Etudiants entrepreneurs lancé fin 2009, les grandes écoles sont aujourd'hui incitées à étendre un nouveau dispositif, les "Cordées de l'entrepreneuriat", destinés à accompagner les jeunes des quartiers défavorisés.

L'entrepreneuriat, une parade contre le chômage... Un leitmotiv du gouvernement qui se casse souvent les dents sur la réalité. Créer une entreprise ne débouche pas toujours sur une activité pérenne, est souvent un dernier recours en cas de chômage de longue durée et n'est pas à la portée de tout le monde. A fortiori quand on est un jeune issu d'un quartier défavorisé.

Un peu sur le modèles des "Cordées de la réussite", qui mettent en relation lycées et établissements d'enseignement supérieur, le gouvernement a donc lancé ce jeudi les "Cordées de l'entrepreneuriat" pour favoriser la création d'entreprise chez "des jeunes qui y sont peu prédisposés du fait de leur environnement". C'est un peu le pendant du plan "Etudiants entrepreneurs" lancée fin 2009 à destination des étudiants. L'idée ? Identifier les porteurs de projets, les former au sein des établissements d'enseignement supérieur et les accompagner "jusqu'à l'implantation de leurs activités en périphérie urbaine ou en zone rurale.

Expérimentation en cours

Soutenu par la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse, le commissaire à la Diversité et à l'Egalité des chances Yazid Sabeg, le ministre de la Ville Maurice Leroy mais aussi la ministre de l'Economie Christine Lagarde, ces Cordées de l'entrepreneuriat reprennent l'initiative lancée en 2009 par l'Ecole de management de Normandie (EM Normandie). Sept étudiants créent alors l'Association de Coaching à la création d'entreprise (ACCES) pour accompagner des jeunes porteurs de projet issus des zones urbaines sensibles. Les projets sont sélectionnés en amont par le service amorçage de projets (SAP) du comité d'expansion économique de la région havraise. Trois projets ont ainsi été suivis en 2009-2010 et quatre nouveaux dont trois création en 2010-2011.

"Le parcours de création d'entreprise est très difficile dans les zones défavorisées. Il faut donc un travail en commun entre les périphéries urbaines, les zones rurales et les établissements d'enseignement supérieur", insiste Yazid Sabeg, demandant le soutien du monde économique. Pour Maurice Leroy, ces "cordées" sont une nouvelle étape en ce qu'elles vont mobiliser les universités, les écoles et leurs étudiants, jusque là "restés à l'écart", dans l'aide aux jeunes défavorisés par la formation à la création d'activité. Pour l'heure, trois écoles se sont portées volontaires pour expérimenter le dispositif (Grenoble Ecole de management, l'ESC Troyes et l'Ecole des Mines d'Alès) qui a vocation a être généralisé à l'ensemble du territoire national. Pour le directeur général de l'ESC Troyes, Francis Bécard, l'idéal serait d'atteindre "les 100 écoles partenaires dans les deux ans".

Reste aussi à assurer l'accompagner des jeunes pousses. Comme le souligne Mohamed Gnabaly, jeune diplômé de l'ESC Troyes et créateur du site "1bigschool4u.com" de mise en relation de jeunes lycées des quartiers avec les établissements d'enseignement supérieur, "il faut un encadrement pour pérenniser les jeunes entreprises. En Seine Saint-Denis par exemple, 50 % des entreprises sont créées dans la restauration et grand nombre d'entre elles disparaissent avant 3 ans." Selon lui, les grandes écoles doivent « ouvrir leurs incubateurs » aux jeunes autres que leurs étudiants pour éviter ce gâchis.