Où sont passés les partisans de Nicolas Sarkozy ?

Par Anne Eveno  |   |  569  mots
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A un an de l'élection présidentielle, le chef de l'Etat ne conserverait que 54% des électeurs qui ont fait son succès en 2007 selon une enquête de l'Ifop pour Paris-Match et Europe 1.

Nicolas Sarkozy a-t-il du souci à se faire à douze mois de l'élection présidentielle ? Oui, répond l'ancien porte-parole de l'UMP. Selon Dominique Paillé, le chef de l'Etat "doit regarder la situation qui est la sienne avec une certaine inquiétude". Ce commentaire intervient à la suite de la publication par l'Ifop avec Paris Match et Europe 1 d'une étude sur les "rapports de force électoraux à un an du scrutin".

Selon cette enquête, Nicolas Sarkozy parviendrait à se qualifier pour le second tour dans tous les cas de figures retenus par les sondeurs mais il serait battu par n'importe lequel des candidats socialistes. C'est face au à Dominique Strauss-Kahn - dont on ne connait pas encore les intentions - que la déroute du président de la République serait la plus large. Face au patron du FMI, Nicolas Sarkozy serait largement distancé au premier tour, avec 20% des voix, contre 27% à son adversaire. Au second tour, Nicolas Sarkozy serait largement battu par DSK (39% des voix contre 61%).

Le chef de l'Etat, la présidente du FN et le candidat socialiste dans un mouchoir de poche

Avec Martine Aubry, François Hollande ou Ségolène Royal, la qualification pour le second tour se jouerait dans un mouchoir de poche entre le candidat socialiste, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, mais le président sortant parviendrait à franchir l'obstacle. Ceci étant, en tenant compte de la marge d'erreur des sondages, et la faiblesse des écarts, il est impossible à ce stade d'écarter la possibilité que Marine Le Pen parvienne au second tour comme son père en 2002...

Pour Manuel Valls, candidat socialiste à la primaire mais non testé dans le cadre de ce sondage, "le risque d'un 21 avril bis ou à l'envers existe dans tous les cas de figure car la déception de 2007, la crise et ce qui se passe ailleurs sont passés par là". Ce proche de DSK, qui a d'ores et déjà déclaré qu'il se retirerait de la course si le directeur général du FMI entrait dans le jeu, souligne le phénomène de retour au bercail des électeurs du Front national.

15% des Français qui ont voté Sarkozy en 2007 préfèrent aujourd'hui Marine Le Pen

Un chiffre du sondage de l'Ifop souligne ce mouvement. "Sarkozy 2012 ne garderait que 54% des électeurs qui ont voté pour lui en 2007" relève Frédéric Dabi, directeur du département Opinion de l'institut, qui note que 15% de ces électeurs perdus reporteraient leurs voix sur Marine Le Pen. Une sorte de siphonage à l'envers par rapport à ce qui avait été observé en 2007. Plus préoccupant peut-être pour le chef de l'Etat aujourd'hui, son impopularité. A un an du scrutin, le président de la République compte deux fois moins de satisfaits que ses deux prédécesseurs à la même époque de leurs mandats.

Mais Valérie Pécresse refuse de céder au défaitisme. Pour la ministre de la recherche, "rien n'est joué, les candidats sont dans un mouchoir de poche au premier tour". Elle a estimé par ailleurs que Dominique Strauss-Kahn était "dans une bulle", alors que l'on ne sait pas s'il défendra le projet socialiste ou s'engagera dans une politique de rigueur comme celles qu'il fait appliquer à la tête du FMI. Une ambigüité dont il ne sortirait qu'à ses dépens juge Valérie Pécresse, paraphrasant une formule de François Mitterrand.