Déficit : le gouvernement contre-attaque

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  492  mots
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Suite aux déclarations du parti socialiste sur le déficit, le gouvernement français a accusé ce mardi l'opposition de mépriser les engagements de la France en matière de réduction des déficits publics en réclamant une renégociation européenne des règles de calcul.

La ministre du Budget, Valérie Pécresse, estime dans un communiqué que le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a "semé à nouveau la confusion" lorsqu'il a proposé lundi de s'affranchir des règles de calcul du déficit acceptées par tous les Etats européens et s'est étonnée de ce "changement de pied".

Les deux favoris de la primaire socialiste en vue de l'élection présidentielle de 2012, Martine Aubry et François Hollande, ont en effet clarifié le week-end dernier leur position en annonçant qu'ils respecteraient l'engagement de ramener les déficits publics à 3% du PIB en 2013. Le PS avait dans un premier temps souhaité une année de plus pour revenir à la limite prévue par le traité de Maastricht.

Mais Benoît Hamon a expliqué lundi sur RTL qu'en cas de retour au pouvoir les socialistes mettraient "tout en oeuvre" pour modifier le mode de calcul des déficits afin d'en sortir les investissements d'avenir, notamment dans la recherche. "Nous disons que ces règles, dès lors que la France s'est engagée, nous les prenons, mais nous mettrons tout en oeuvre pour les changer", a-t-il déclaré en les jugeant "aberrantes". Benoît Hamon a annoncé que des "ambassadeurs" du PS avaient été envoyés dans toute l'Europe pour expliquer cette demande.

Renégociation vouée à l'échec ?

Pour Valérie Pécresse, "le Parti socialiste invente de nouvelles règles budgétaires à sa propre convenance, en dehors de tout cadre européen et au mépris des engagements pris par la France depuis des années". "Aucun de nos partenaires européens ne comprendrait ces nouvelles règles", a-t-elle ajouté. Ni l'Allemagne, ni la Commission européenne, ni l'Eurogroupe n'entendent en effet se plier à cette demande du PS, qui a déjà été formulée en vain dans le passé et suppose une renégociation extrêmement complexe des traités.

Cette revendication risque de brouiller le message du PS qui tente de donner des gages de sérieux face au procès en irresponsabilité économique que lui intente la droite. La majorité tente de capitaliser sur le refus des socialistes de ratifier la "règle d'or budgétaire" que le président Nicolas Sarkozy et le Premier ministre, François Fillon, veulent inscrire dans la Constitution, une initiative saluée par l'Allemagne et la Banque centrale européenne. Cette obligation d'aller vers l'équilibre budgétaire, qui a été adoptée par le Parlement, doit désormais obtenir les trois cinquièmes des voix dans un Congrès qui pourrait être convoqué à l'automne, ce qui suppose l'appui d'une partie du PS.

Le gouvernement prévoit de réduire le déficit public de 7,1% du produit intérieur brut (PIB) fin 2010 à 5,7% fin 2011, 4,6% en 2012, 3% en 2013 et 2% en 2014, trajectoire qui permettra selon lui une baisse du ratio de dette publique à partir de 2013. Cette dernière s'élèverait à 85,4% du PIB fin 2011, 86,9% fin 2012, 86,4% fin 2013 et 84,8% fin 2014.