Règle d'or : tout le monde n'a pas entendu l'appel à l'union sacrée

Par latribune.fr  |   |  719  mots
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Après l'appel de Nicolas Sarkozy pour rééquilibrer les comptes publics, la polémique enfle au sein de la classe politique à neuf mois de la présidentielle.

L'appel de Nicolas Sarkozy à l'union sacrée pour remettre en ordre les finances publiques de la France a pris un tour polémique, le gouvernement accusant l'opposition de prendre le parti des déficits.

"Il n'y a pas le choix : ou on est pour les déficits, ou on est pour la règle d'or" de retour à l'équilibre des comptes publics, a déclaré mercredi sur France Info la ministre du Budget Valérie Pécresse.

Le nouveau ministre de l'Economie, François Baroin, a estimé sur France 2 que les socialistes français étaient les "seuls socialistes au monde" à ne pas vouloir accompagner le gouvernement "sur une règle fondamentale qui va fixer une garantie pour la France". François Baroin a assuré que le moment choisi pour lancer cette initiative, à neuf mois de la présidentielle, était dicté uniquement par la crise de la dette en Europe, après l'adoption d'un nouveau plan de sauvetage pour la Grèce.

Les deux favoris de la primaire socialiste pour la présidentielle de 2012, Martine Aubry et François Hollande, ont dénoncé chacun de leur côté mardi une "opération de pure communication" du chef de l'Etat avec sa proposition de règle d'or qui imposerait à tous les gouvernements de limiter les déficits publics.

"Ce calendrier est une déclinaison de la crise, ce n'est pas un choix tactique du président de la République, ce n'est pas une malice du gouvernement (...) c'est une conséquence de la crise, cette règle d'or", a-t-il dit.

"L'affaire grecque a changé la donne en Europe. Tous les pays européens ont dit qu'ils allaient se doter d'une règle stricte de retour à l'équilibre budgétaire", a renchéri Valérie Pécresse.

Ségolène Royal ajoute de son coté que "depuis que M. Sarkozy est là, on est passés de 50 à 100 milliards de déficit. Il a creusé lui-même le déficit qu'il prétend réduire". Elle compare le chef de l'Etat à "un conducteur sans permis donnait des leçons de conduite".

Communication électoraliste

Le président socialiste de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac, a dénoncé en retour une "ficelle un peu grosse"."Nicolas Sarkozy devrait se soucier vraiment de la dette et non faire de la politique médiocre plus de neuf mois avant d'affronter le jugement des Français", dit-il dans une interview au Parisien-Aujourd'hui en France, en faisant valoir que le dernier gouvernement à avoir significativement réduit la dette de la France était celui de Lionel Jospin entre 1997 et 2002.

"Toutes les réformes fiscales depuis 2007 ont été financées par l'endettement : paquet fiscal, taxe professionnelle et ISF représentent près de 20 milliards chaque année à emprunter. A chacun de juger qui est laxiste du PS ou de l'UMP", a-t-il ajouté.

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a critiqué pour sa part les "artifices de communication de Nicolas Sarkozy pour tenter de se présenter comme un gestionnaire vertueux", lui reprochant d'être le président de la Ve République "qui aura le plus creusé notre dette".

"Nicolas Sarkozy ferait mieux de se mettre enfin au travail, au service des Français, pour réduire notre dette au lieu de passer son temps à faire de la communication électoraliste, un jour avec cette lettre, le lendemain en proposant une réforme inutile de la Constitution", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a jugé pour sa part que l'idée d'une règle d'or constitutionnelle sur les déficits était bonne.

"J'entends bien ceux qui disent il y a une exploitation politique, qu'il y a un avantage politique que Nicolas Sarkozy entend tirer de cette règle d'or après avoir laissé beaucoup filer les déficits", a-t-il déclaré sur France Inter, ajoutant :

"Je crois qu'il ne faut pas faire de calculs partisans sur de telles échéances. Il faut saluer la décision du chef de l'Etat et il faut le prendre au mot : le grand bénéficiaire, ce sera la France (...) je crois qu'il faut savoir devant de telles situations s'unir, se rassembler et avancer".

"L'intérêt national c'est que, pour l'avenir, cette règle soit appliquée", a-t-il encore dit.