Mariani veut ficher les allocataires sociaux

Par Clarisse Jay  |   |  416  mots
Copyright Reuters. La promotion récente de Thierry Mariani au rang de ministre des Transports, quelques mois après avoir été nommé secrétaire d'Etat, illustre l'influence grandissante dans la majorité de la Droite populaire, un groupe de 44 députés UMP dont les idées très marquées à droite progressent à l'Elysée comme au gouvernement.
Le ministre des Transports souhaite la création d'un "fichier généralisé des allocataires sociaux" afin de lutter contre la fraude. Son mouvement, la Droite populaire, fera des propositions à l'occasion de la campagne présidentielle.

Alors que la campagne présidentielle de 2012 approche à grands pas, la droite de la droite fourbit ses armes. Dans une interview au "Journal du Dimanche", le ministre des Transports Thierry Mariani indique qu'il souhaite la mise en place d'un "fichier généralisé des allocataires sociaux » afin de lutter contre la fraude sociale. Il précise que son collectif Droite populaire, produira une "quinzaine de propositions sur les sujets régaliens, l'emploi et la justice sociale" à l'occasion de la campagne présidentielle de 2012. Situé à la droite de l'UMP, ce collectif créé en 2010 qui rassemble une quarantaine de député, a souvent été critiqué pour ses positions considérées proches de l'extrême droite, ce dont se défend Thierry Mariani. Le ministre a d'ailleurs tenu à préciser que ce fichier qui recenserait "toutes les prestations sociales perçues" était destiné à lutter tant contre les "profiteurs du bas" que ceux "du haut" de l'échelle sociale. Concernant ces derniers, il évoque la taxation des "très hauts revenus financiers", les entrepreneurs mis à part.

Vieux combat

La lutte contre les "fraudeurs" sociaux est un vieux combat, surtout à droite. Mal évaluée faute d'outils et de moyens humains, elle a souvent donné lieu à des estimations approximatives. Dans le sillage du Comité national de lutte contre la fraude qui s'est tenu fin 2010, la mission d'évaluation et de contrôle de la Sécurité sociale, la Mecss, a rendu un rapport en juin dernier. La mission avait alors estimé que si 457 millions d'euros de fraude aux organismes de la Sécu ont été détectés en 2010 (en hausse de 19 % par rapport à 2009), cette fraude représente en réalité 20 milliards d'euros. Elle avait aussi préconisé la création d'une "carte sociale" compilant les prestations perçues.
Pour autant, si les prestations (RSA, allocation logement, allocation parent isolé) représentent la part la plus importante des fraudes détectées en 2010 (près de 50 %) selon le ministère du Budget, celles sur les cotisations sociales dues par les employeurs pèsent 185 millions et surtout celles aux impôt... pas moins de 2,48 milliards d'euros. Par ailleurs, l'estimation de 20 milliards d'euros de fraude de la Mecss porte pour 8 à 15 sur la fraude aux prélèvements, environ 10 % des entreprises étant supposées être en infraction (travail au noir notamment). Alors que la fraude aux prestations sociales ne concernerait pas plus de 1 % des allocataires. De quoi donc nuancer le poids de la fraude sociale relevant des particuliers. Sans parler de la fraude fiscale.