Déficits : Trichet appelle les Etats européens à "faire leur travail"

Par latribune.fr  |   |  843  mots
Copyright Reuters
Le président de la BCE appelle les gouvernements européens, notamment l'Espagne et l'Italie, à agir sur les déficits budgétaires et la dette. En France, la situation mensuelle budgétaire s'est très légèrement améliorée à fin juin.

Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet , a appelé ce mardi les gouvernements européens, notamment l'Espagne et l'Italie, à agir sur les déficits budgétaires et la dette et il a souhaité une mise en oeuvre rapide du plan européen annoncé le mois dernier. Il s'exprimait alors que la BCE a commencé lundi à acquérir des obligations italiennes et espagnoles sur le marché secondaire, sur fond de chute des marchés financiers et alors que l'inquiétude sur les dettes des Etats se propage après la dégradation de la note des Etats-Unis par Standard & Poor's.

"Ce que nous attendons, c'est que les gouvernements fassent ce que nous considérons être leur travail, à la hauteur de leurs responsabilités. Nous avons demandé de manière extrémement claire pendant les derniers jours au gouvernement italien de prendre un certain nombre de décisions et d'accélérer le retour à une situation budgétaire normale", a-t-il insisté sur Europe 1.

"Nous avons demandé la même chose au gouvernement espagnol, nous avons demandé à l'ensemble des gouvernements européens, les Dix-Sept, d'accélérer les décisions très importantes qu'ils ont prises le 21 juillet", a-t-il ajouté. Le plan adopté le 21 juillet par les dix-sept pays de la zone euro prévoit entre autres un nouveau plan d'aide financière pour la Grèce et une augmentation des capacités du Fonds européen de stabilité financière (FESF). "Ce que nous demandons, c'est que l'ensemble des décisions qui ont été prises le 21 juillet soient mises en oeuvre le plus rapidement possible", a-t-il dit.

Comme en réponse, Valérie Pécresse, ministre du Budget, a confirmé que la France tiendra ses engagements pour conserver sa note AAA qui lui permet d'être en position optimale pour emprunter sur les marchés financiers. "Pour la conserver, il faut garder le cap du redressement de nos finances publiques. Nous allons continuer à baisser le déficit budgétaire. Notre trajectoire de retour aux équilibres publics est la bonne", a-t-elle dit sur RTL. Elle n'a cependant annoncé aucune mesure nouvelle et assuré qu'il n'y aurait pas "d'augmentation générale" des impôts, ce qui n'exclut pas une action sur les "niches", les exemptions fiscales qui privent chaque année l'Etat de dizaines de milliards d'euros de recettes fiscales. "S'il faut faire davantage d'efforts, nous ferons davantage d'efforts", a dit Valérie Pécresse.

Autre responsable politique européenne à prendre la parole ce mardi, la ministre de l'Economie espagnole a parlé d'un sommet européen pour début septembre. "J'espère qu''il ne sera pas nécessaire" de l'organiser avant cette date, a précisé Elena Salgado à la radio espagnole.

Cette dernière estime que son pays "est très loin d'avoir besoin d'un sauvetage". Avec une dette publique évaluée à 63 ou 64% du Produit intérieur brut et des fondamentaux "loin de nécessiter un sauvetage", la ministre considère que "ce qui se passe, c'est une instabilité sur les marchés de la dette". Elle dit prévoir une accalmie d'ici la fin août.

Le président de la BCE et la ministre du Budget auront eu la petite satisfaction de noter, ce mardi matin, que le déficit du budget de l'Etat français s'établissait à 61,3 milliards d'euros à fin juin contre 61,7 milliards un an plus tôt, selon le ministère du Budget. L'évolution d'une année sur l'autre est marquée notamment par une dégradation du solde des comptes spéciaux (avances et opérations financières) de 7,5 milliards d'euros, principalement liée aux décaissements du prêt octroyé à la Grèce, explique le ministère dans un communiqué.

Le solde du budget général s'est parallèlement amélioré de 7,8 milliards d'euros. Au 30 juin, les dépenses totales (budget général et prélèvements sur recettes) atteignent 179,1 milliards d'euros, soit 9,9 milliards de moins qu'à la même date l'année dernière. "Le rythme des dépenses à fin juin est en ligne avec la prévision", précise le ministère.

Les recettes du budget général (nettes des remboursements et dégrèvements) s'établissent à 139,6 milliards d'euros contre 141,7 milliards un an auparavant.
Les recettes fiscales augmentent de 1,6 milliards d'une année sur l'autre. Cette hausse a ralenti par rapport à mai, ce que le ministère explique par le report à septembre de l'échéance de l'impôt de solidarité sur la fortune lié à la récente réforme de la fiscalité du patrimoine, ainsi que par la baisse d'une année sur l'autre des autres recettes fiscales nettes.

Les recettes non fiscales s'établissent à 6,1 milliards d'euros à fin juin contre 9,7 milliards un an auparavant. Elles incluent entre autres les dividendes versés à l'Etat par plusieurs entreprises dont il est actionnaire, comme EDF (0,9 milliard d'euros) et France Télécom (0,3 milliard). Elles intègrent aussi pour 0,1 milliard d'intérêts des prêts à des banques à des Etats étrangers, dont l'essentiel est constitué par le prêt à la Grèce.