Economies budgétaires : Hollande dégaine le premier... sans trop se mouiller

Par Ivan Best  |   |  433  mots
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Avant même l'annonce officielle de François Fillon en fin d'après-midi, le candidat à la primaire socialiste a donné son avis sur les mesures à prendre pour réduire la dette française. Un exercice périlleux dans lequel chaque mot a été soigneusement pesé.

Ne pas prononcer les mots qui fâchent. Eviter les reprises médiatiques possiblement calamiteuses. François Hollande, qui tenait ce mercredi une conférence de presse sur le thème de l'économie, après avoir eu une rencontre de travail avec plusieurs experts proches du PS (Philippe Aghion, Jean-Pierre Jouyet, Karine Berger...), a tout fait pour éviter les dérapages.

Quand on lui demande s'il va augmenter les impôts, ce que prévoit effectivement le projet socialiste (à hauteur de 50 milliards d'euros, via l'annulation d'allègements fiscaux précédemment accordés et une réforme fiscale), le candidat à la primaire socialiste renvoie d'abord la balle: «mais les impôts augmentent déjà, ce sera la deuxième année en 2012». Ce qui est incontestable. Et d'admettre du bout des lèvres que les socialistes, s'ils revenaient au pouvoir devraient «accroître certains prélèvements».

Sur les riches? C'est effectivement l'orientation prise par le PS. Tout comme Nicolas Sarkozy ? A la différence de l'exécutif actuel, François Hollande récuse l'idée d'une taxation exceptionnelle «à dose homéopathique». Il qualifie de «bricolage» le rabotage des niches et les diverses mesures, encore à l'état d'arbitrage au moment l'ex premier secrétaire du PS s'est exprimé.

Hollande veut une taxation pérenne des riches. Il ne faut pas faire payer les riches «parce qu'on est dans la crise», souligne-t-il, il faut une réforme fiscale, répondant à un «principe de justice, de cohésion sociale, un impératif moral». Il s'agirait de répondre à l'un des phénomènes majeurs caractérisant la situation économique actuelle, «qualifiée d'exceptionnelle», à savoir «le creusement des inégalités», dans un contexte de «crise financière, croissance ralentie et de crise de la dette».

Le projet du PS, que François Hollande assume, prévoit notamment revoir à la hausse le poids de l'impôt sur le revenu -tombé à près de 2% du PIB-, en supprimant la plupart des niches fiscales, et en augmentant la taxation des revenus du capital: ils seraient imposés au même taux que les revenus du travail. Nicolas Sarkozy s'oriente dans cette direction, mais va moins loin que ne le veut le PS.

Les socialistes prévoient de fusionner impôt sur le revenu et CSG, ce qui n'est pas sans poser de redoutables problèmes. Individuelle aujourd'hui, la CSG deviendrait familialisée - on tiendrait compte de la taille du foyer fiscal - et son assiette serait réduite puisque certaines niches subsiteraient, pour ce grand impôt sur le revenu. Une réforme au long cours.