Liliane Bettencourt menace de quitter la France

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  390  mots
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La milliardaire prévient, dans une interview au Journal du Dimanche, qu'elle quittera la France si la juge des tutelles se prononce en faveur de la demande de sa fille Françoise Bettencourt-Meyers. Une lourde perte en vue pour le fisc français en cas de départ de la troisième fortune de France, et un épisode inquiétant dans la saga Bettencourt, principal actionnaire de L'Oréal, alors que Nestlé reste en embuscade.

Liliane Bettencourt menace de partir à l'étranger si la justice décide sa mise sous protection judiciaire comme le souhaite sa fille Françoise. La juge des tutelles de Courbevoie (Hauts-de-Seine) doit statuer lundi sur l'éventuel placement sous tutelle de l'héritière de L'Oréal, au centre d'une saga judiciaire aux lourds enjeux politiques et économiques.

"Où est mon intérêt, pour ma fille ? Si c'est cela, je pars à l'étranger. Si ma fille s'occupe de moi, j'étoufferai. Si c'est elle, je pars", dit Liliane Bettencourt dans le Journal du dimanche. "Françoise veut me manoeuvrer, elle se sentira mieux quand elle me manoeuvrera, mais moi, je m'en sentirai beaucoup plus mal. Au point peut-être où je n'aurais plus envie de vivre", ajoute-t-elle.

La milliardaire de 88 ans exerce actuellement les droits de vote liés aux 30% de parts du géant mondial des cosmétiques et dispose, avec environ 17 milliards d'euros, de la troisième fortune de France et de la 15e au monde, selon des classements de Challenges et Forbes. Son départ à l'étranger serait une lourde perte pour le fisc français alors que jusqu'ici la milliardaire a toujours payé ses impôts en France. L'enjeu est aussi lourd pour l'indépendance du groupe L'Oréal, alors que Nestlé, lié par un pacte d'actionnaire, a des visées sur le groupe de cosmétique.

Sa fille Françoise Meyers demande son placement sous tutelle alors que depuis 2010 une enquête pénale s'est développée sur une présumée fraude fiscale, un possible financement illicite de l'UMP et de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, et depuis fin septembre, un éventuel abus de faiblesse.

Dans Le Parisien, samedi, Pascal Wilhem, l'un de ses défenseurs, affirme qu'il déposera un recours si la juge donne gain de cause à Françoise Meyers. Cette dernière accuse l'avocat de conflit d'intérêt, après avoir découvert qu'il avait fait investir à Liliane Bettencourt 140 millions d'euros dans une société d'un autre de ses clients, l'ex-patron d'Endemol, Stéphane Courbit.

Pascal Wilhem dénonce un "plan organisé" qui vise à l'évincer, soulignant que l'ordre des avocats n'a rien trouvé à redire à sa situation. La milliardaire lui a remis un "mandat de protection future" au cas où elle serait empêchée.