Etudiants étrangers : l'administration fait toujours du zèle sur la circulaire Guéant

Par Clarisse Jay  |   |  556  mots
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Après un bref répit, la circulaire Guéant est à nouveau appliquée avec zèle par l'administration. Les présidents d'université viennent d'écrire aux ministères concernés.

L'accalmie aura été de courte durée. Passée la lettre du Premier ministre du 22 novembre aux représentants de l'enseignement supérieur pour "dissiper les malentendus" (latribune.fr du 5 décembre 2011) et malgré la mobilisation constante et les déclarations nocturnes du ministre de l'Enseignement supérieur à la télévision ("On s'est planté et il faut le dire clairement"), les préfectures appliquent à nouveau la circulaire Guéant-Bertand, selon plusieurs sources. Publié le 31 mai, ce texte visant à rappeler les dispositions de la loi de 2006 relative à l'immigration et à l'intégration, ce texte empêche depuis la rentrée (latribune.fr du 22 septembre) nombre d'étudiants étrangers de haut niveau (masters, grandes écoles) d'obtenir leurs "changements de statut" (CDS), nécessaire pour signer un premier contrat de travail.

Enjeu économique

Résultat, à part la résolution de plusieurs dossiers au cas par cas, la situation semble bloquée. "Il faut que l'esprit de la loi et la lettre du Premier ministre soient respectés, tempête Pierre Tapie. Pourquoi la France se met-elle mal sur la scène internationale pour 900 demandes par an dont 500 à 600 bac + 5 sur 200.000 demandes de titres de séjour dont 30.000 professionnels ?" De son côté, le Medef, qui "demande une application souple de la circulaire", juge "suicidaires ces injonctions contradictoires". "La France doit rester un pays ouvert et attractif", insiste-t-on au sein de l'organisation patronale. Ce a fortiori en période de récession et alors que Bercy cherche, en dépit des plans de rigueur, à préserver les moteurs de la croissance et dynamiser la compétitivité de la France (dont le défiit commercial va enregistrer un record en 2011 à 70-75 milliards d'euros). Car la plupart des hauts potentiels interdits de travail sont souvent préembauchés par de grands groupes justement pour développer des activités à l'international. Pierre Tapie craint aussi que les efforts fournis 2003 par les grandes écoles pour s'internationaliser soient réduits à néant : "Dans tous les forums internationaux de recrutement et à l'étranger, on ne parle que de la circulaire Guéant." Déjà, selon Campus France, la France a perdu en 2009 sa 3e place comme pays d'accueil au profit de l'Australie.

Mobilisation

La mobilisation se donc. Mardi, 200 salariés d'Altran, société de conseil en hautes technologies, ont signé une pétition de l'intersyndicale CGT-CFE/CGC-CFDT-FO demandant le réexamen de dossiers d'étudiants étrangers empêchés de recrutement par le cabinet, La pétition lancée le 9 décembre par une centaine de personnalités et demandant le retrait de la circulaire a déjà obtenu plus de 9.400 signatures. Et Louis Vogel, le président de la conférence des présidents d'université, vient d'adresser un courrier aux ministres du Travail, de l'Intérieur et de l'Enseignement supérieur pour que, au-delà de la circulaire, "soit facilitée l'application de l'article L. 311-11" du code  de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile qui régit la délivrance des titres de séjour pour les étudiants étrangers et auquel ne peut être opposé la situation de l'emploi en France. Aujourd'hui, pour obtenir ce sésame de 6 mois ouvert aux détenteurs d'un master, ils doivent le demander 4 mois avant l'expiration de leur visa étudiant, sans possibilité donc, généralement, de justifier de la validation de leur master.