Le coût du retrait des prothèses mammaires PIP estimé à 60 millions d'euros

Par latribune.fr, avec agences  |   |  702  mots
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L'enlèvement des prothèses mammaires PIP défectueuses, préconisé par le gouvernement à titre préventif, coûtera au maximum 60 millions d'euros à l'assurance maladie, a déclaré vendredi un responsable de la sécurité sociale. Le Royaume-Uni a en revanche déconseillé l'explantation.

Le ministère de la Santé  a annoncé ce vendredi dans un communiqué qu'aucun lien n'a été établi entre les prothèses fabriquées par la société varoise Poly Implant Prothèse (PIP), mise en liquidation l'an passé, avec les cas de cancer qui se sont déclarés chez certaines femmes porteuses."L'avis rendu le 22 décembre indique qu'il n y a pas à ce jour de risque accru de cancer" chez celles-ci en comparaison aux autres prothèses, souligne le communiqué du ministère.

"En revanche, il y a un risque établi de rupture, avec le côté irritant du gel qui peut conduire à des inflammations", a expliqué la secrétaire d'Etat à la Santé, Nora Berra, "Donc, à titre de prévention mais sans caractère d'urgence, nous avons décidé avec (le ministre du Travail et de la Santé) Xavier Bertrand de proposer de façon systématique à toutes les femmes concernées de se faire explanter" ces prothèses, a-t-elle dit.

Avis contraire au Royaume-Uni

"Nous respectons le point de vue du gouvernement français, mais aucun autre pays n'a pris la même décision parce que nous n'avons pas actuellement d'éléments qui la justifierait", a déclaré Dame Sally Davies, principal conseiller médical du gouvernement britannique dans uncommuniqué. "Au vu de ces éléments et dans la mesure où le retrait de ces implants représente un risque en lui-même, nous ne conseillons par le retrait".

Les autorités britanniques restent en contact étroit avec leurs homologues français sur ce sujet, a-t-elle précisé, et les experts britanniques "continueront à étudier les éventuels nouveaux éléments en provenance de France et du reste du monde" sur les prothèses PIP, vendues dans 65 pays.

Quelques 42.000 femmes portent des implants PIP au Royaume-Uni, selon les nouvelles estimations de l'agence britannique de surveillance des produits médicaux. Cette semaine, plus de 250 femmes britanniques ont décidé de porter plainte contre plusieurs cliniques au Royaume-Uni qui ont procédé à la pose de ces implants.

Le professeur Laurent Lantiéri, membre du comité de suivi ministériel sur les prothèses PIP, a souligné sur France Inter qu'il n'y avait "absolument aucune urgence" à leur enlèvement et que la corrélation avec des cas de cancer était "très hypothétique". "Ce n'est pas vraiment le problème. Le problème, c'est qu'il y a une escroquerie et que pour un certain nombre de prothèses, le silicone qui a été mis à l'intérieur n'est pas un silicone médical, c'est un silicone industriel, et que cela peut provoquer des ruptures de ces prothèses de manière tout a fait anormale. C'est pour cela qu'il faut les retirer", a-t-il dit.

60 millions d'euros pour la sécurité sociale

30.000 femmes sont concernées et le ministère a indiqué que les frais liés à ces interventions seront pris en charge par l'assurance maladie, ce qui devrait représenter un montant total de 60 millions d'euros maximum, a précisé un responsable de la sécurité sociale. Quant à la la pause de prothèses de substitution, elle ne sera remboursée que pour les femmes "relevant d'une chirurgie reconstructrice post cancer du sein". Pour les femmes qui souhaitent une réimplantation de nouvelles prothèses, Nora Berra, a appelé vendredi les chirurgiens esthétiques, à pratiquer "un tarif raisonnable".

Une "explantation préventive même sans signe clinique de détérioration de l'implant leur sera proposée", ajoute-t-il, en indiquant que celles qui refuseraient "doivent bénéficier d'un suivi par échographie mammaire et axillaire tous les six mois

Le coût moyen d'une opération d'explantation (retrait) ou d'implantation est estimé à 2.000 euros, selon François Godineau, chef de service de la Direction de la Sécurité sociale. Lorsque la pose de nouvelles prothèses est réalisée en même temps que le retrait des anciennes, le coût est légèrement majoré, mais pas doublé.

Le ministère de la Santé avait saisi le 7 décembre les agences sanitaires (Institut national du cancer, Institut de veille sanitaire, Afssaps) afin de recueillir leur expertise sur les signalements d'effets indésirables chez les femmes porteuses de prothèses PIP.