Prothèses PIP : le patron prêt à reprendre du service

Par Audrey Tonnelier, mis à jour par Latribune.fr  |   |  631  mots
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Son fils aurait recréé une société, selon Nice-Matin. On pouvait également entendre, ce lundi sur RTL, qu'un additif pour le carburant figurait dans les composants des prothèses mammaires défectueuses, mais l'avocat de la société Poly Implant Prothèse a démenti cette information.

Le scandale des prothèses mammaires de la société Poly Implant Prothèse (PIP) n'en finit pas de rebondir. Alors que l'avocat du groupe varois, Yves Haddad, a reconnu la semaine dernière que la majorité des implants mammaires utilisés contenaient un gel non conforme à la réglementation, Nice-Matin et Var-Matin ont révélé vendredi que l'ancien patron ne comptait pas s'en tenir là.

Jean-Claude Mas apparaît comme « consultant technico-commercial » dans l'organigramme d'une nouvelle société, baptisée France Implant Technologie (FIT). Elle aurait pour président Nicolas Lucciardi, 27 ans, le fils de Jean-Claude Mas, selon les quotidiens régionaux et le tribunal de commerce de Toulon cité par l'AFP. Une « société de fabrication de matériel médico-chirurgical et dentaire », dotée d'un capital de 4.000 euros, détenu pour moitié par chacun des deux enfants de l'entrepreneur (son fils et sa fille Peggy, 24 ans). Mais la structure aurait en fait pour but de relancer l'activité de PIP. Elle se donne jusqu'en juin 2012 pour remettre en état l'usine de production de la Seyne-sur-Mer, via un investissement de 2 millions d'euros, rapporte Nice-Matin.

Pis : alors qu'il est justement reproché à PIP d'avoir utilisé pendant ses vingt ans d'activité un gel non conforme à celui déclaré aux autorités sanitaires (Afssaps) pour des raisons de coûts, la nouvelle société promet ouvertement « des tarifs plus bas de 10 % par rapport à ceux de la concurrence, et des coûts de production inférieurs de 30 % », rapporte Nice-Matin.

Procès pour « tromperie »

L'histoire ne dit en revanche pas si FIT, qui vise notamment les marchés sud-américain et asiatique, compte vendre ses implants en France, où les autorités sanitaires ont recommandé aux quelque 30.000 porteuses de prothèses de se les faire retirer. En France, PIP est sous le coup d'un procès pour « tromperie aggravée » qui doit se tenir fin 2012. Une information judiciaire a également été ouverte pour « homicide involontaire » après le décès d'une femme porteuse d'implants.

Vingt cas de cancers ont été déclarés à l'Afssaps, selon celle-ci. Reste la question de la responsabilité de l'agence qui essaie de se refaire une virginité après le scandale du Mediator. L'Afssaps a demandé en mars 2010 le retrait des implants du marché en raison d'un taux anormal de ruptures. Mais dès mai 2000, les autorités américaines avaient inspecté l'usine de La Seyne-sur-Mer et fait état de « graves violations » dans le processus de production de certains produits.

Un additif pour le carburant dans les implants PIP

Les prothèses mammaires de la société PIP, plongée au coeur d'un scandale mondial, contenaient des composants industriels et chimiques dont un additif pour les carburants, rapporte ce lundi RTL. De son côté, PIP dément avoir utilisé ce produit.

"RTL s'est procuré la composition des prothèses mammaires frauduleuses. Au menu, un mélange de produits commandés à des entreprises de composants industriels et chimiques qui n'avaient jamais été testés cliniquement pour leur éventuelle nocivité sur l'organisme dont un additif pour des carburants. Mélangés les uns aux autres, l'illusion était totale", soulignait la radio RTL.

Mais, l'avocat de Poly Implant Prothèse (PIP), Yves Haddad, qui a annoncé à l'agence Reuters que son client, le président-fondateur du groupe Jean-Claude Mas, sortirait de son silence avant la fin de la semaine, a opposé un démenti catégorique à ces informations.

Selon lui, "ce n'est pas vrai du tout. C'est un produit qui existe depuis 1980 et qui était acheté à (l'entreprise pharmaceutique) Rhône-Poulenc. Il ne s'agit pas d'un produit industriel, mais d'un produit alimentaire du même type que ceux qui entrent par exemple dans la composition des rouges à lèvres". "Je ne suis pas chimiste, mais Jean-Claude Mas s'expliquera sur tout ceci dans la semaine."