La France se prépare à des sanctions d'Ankara

Par Romaric Godin  |   |  327  mots
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Après le vote de la loi pénalisant le génocide arménien en France, la Turquie a menacé à nouveau de prendre des sanctions économiques contre Paris.

Le vote par le Sénat français d'une loi pénalisant - entre autres - la négation du génocide arménien de 1915 a déclenché l'indignation des responsables turcs. Recep Tayyip Erdogan, le premier ministre turc, a ainsi dénoncé une loi "raciste et discriminatoire". Mais il a joué, pour l'instant, la carte de la modération : il a en effet différé toute mesure de représailles en attendant que la France "corrige cette erreur". Le président turc, Abdullah Gül a lui manié la menace en déclarant que "si ce texte entre en vigueur, les relations entre la France et la Turquie prendront un tout autre tour". Ankara a menacé de prendre des sanctions économiques si la loi était promulguée. Du coup, dans l'Hexagone, on se prépare à d'éventuelles représailles. Le Medef a ainsi indiqué que les entreprises françaises présentes en Turquie allaient être réunies "pour étudier les meilleures façons de gérer la situation".

"Sang-froid"

De son côté, Philippe de Brauer, le président de la commission internationale du syndicat des PME, la CGPME, se voulait rassurant. "En ce qui concerne les PME, nous n'avons pas le sentiment que cela nous gênera, en tout cas de manière durable", a-t-il déclaré. Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, a, lui, appelé Ankara et "nos amis turcs", à "conserver leur sang-froid". mais Nicolas Sarkozy, qui a annoncé vouloir promulguer la loi dans les quinze jours, s'est voulu plus ferme et a "invité la Turquie à prendre la mesure de ses intérêts". La France et la Turquie ont des relations commerciales étroites qui s'élèvent à près de 12 milliards d'euros et sont liées par les accords de partenariat signés entre Ankara et l'Union européenne. Ce qui en théorie limite la possibilité de recourir à des sanctions économiques ciblées et à des mesures de rétorsions protectionnistes.