François Hollande ose une petite révolution fiscale

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  551  mots
Infographie La Tribune
Visant le zéro déficit en 2017, le candidat socialiste veut annuler "29 milliards de cadeaux fiscaux", répartis entre ménages et entreprises. Les dépenses nouvelles sont limitées à 20 milliards.

1981, le candidat François Mitterrand sort de sa besace électorale des propositions aussi frappantes que la cinquième semaine de congés payés ou l'augmentation des minima sociaux. 1997, Lionel Jospin gagne les législatives grâce, notamment, à son projet de réduction de la durée légale du travail à 35 heures. 2012... autre temps, François Hollande ne dégaine aucune mesure emblématique. De celles capables de réenchanter le monde... Au contraire, hier, présentant son programme économique et son chiffrage, le candidat socialiste a aligné une soixantaine de mesures, déjà contestées, mais à tout le moins sérieuses. L'homme sait la nécessité qu'il y a à se présenter en gestionnaire sérieux. Son objectif : annuler le déficit public à l'horizon 2017 ce qui passe, notamment, par la suppression de 29 milliards d'euros de niches fiscales pour les ménages comme pour les entreprises. Parallèlement, se voulant toujours raisonnable, le député de Corrèze n'annonce "que" vingt milliard d'euros de mesures nouvelles. Un programme de mandature évalué donc à près de cinquante milliards, soit exactement celui fixé par le projet socialiste en mai 2011. Mais avec une différence de taille : si le projet socialiste accordait autant de moyens aux mesures nouvelles qu'au désendettement, le candidat du PS, lui, favorise nettement le deuxième objectif.

"Fautes économiques du quinquenat"

Le redressement des comptes publics est devenu la priorité absolue. Et le député de la Corrèze ne s'en cache pas : cela passera par une augmentation des prélèvements obligatoires dont le taux pourrait atteindre 46,9% du PIB en 2017... Un record absolu. Mais, tout de suite, François Hollande précise que ces nouveaux impôts épargneront les classes moyennes et populaires ? à la différence de l'idée de TVA sociale ? pour être ciblés sur ceux qui ont bénéficié des "fautes économiques du quinquenat finissant". Fini, à cet égard, la réforme du quotient familial, à peine ébréché. Et pour ne pas désenchanter son électorat potentiel, François Hollande annonce déjà que sa mandature sera partagées entre deux périodes. La première, consacrée aux réformes de structure, sera marqué par la mise en chantier de la réforme fiscale, la création de la grande publique tournée vers le développement des PME, l'apurement des finances publiques via la suppression des niches fiscales et..., quand même, du retour de la retraite à taux plein à 60 ans pour ceux qui ont leurs années de cotisation. La deuxième, sera davantage consacrée à la "redistribution", en fonction des possibilités budgétaires.

Autre fait frappant, François Hollande est décidément l'homme des synthèses. Son programme emprunte autant au "socialisme de l'offre" (banque publique dédiée aux PME, orientation de l'épargne vers les entreprises, taux d'impôt sur les sociétés modulé) comme avait tenté de le définir Dominique Strauss-Kahn, qu'à des principes keynésiens traditionnels ou novateurs (réhabilitation de 600.00 logements, mise à disposition gratuite aux collectivités locales pour construire des logements des terrains disponibles de l'État). Le tout mâtiné de mesures contracycliques classiques sous une majorité de gauche, avec la création de 500.000 contrats de génération, 150.000 emplois d'avenir et 60.000 postes dans l'Éducation. On est bien loin de 1981...