Bayrou veut lui aussi s'attaquer aux niches fiscales

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  542  mots
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Intervenant sur France 2, le candidat du MoDem a détaillé un programme à 100 milliards d'euros, dont 50 milliards de recettes nouvelles passant par un gros coup de rabot dans les niches fiscales.

François Bayrou, invité jeudi de l'émission de France 2 "Des paroles des actes", a persisté dans son rôle de positionnement à l'extrême centre de l'échiquier politique en multipliant les attaques aussi bien sur sa droite que sur sa gauche et en se référant à des hommes comme Raymond Barre, Jacques Delors, Michel Rocard ou Valéry Giscard D'Estaing. En appelant même à l'esprit de Pierre Mendés France... Sur le fond, le candidat du Modem a précisé ses intentions en matière économique. Pour lui, la " dette est au c?ur de tous les débats". Aussi, dans un programme à 100 milliards d'euros, il se propose de trouver 50 milliards d'euros d'économie et 50 milliards de recettes nouvelles.

Suppression ou coup de rabot général sur les niches fiscales

A titre d'exemple, dans le volet recettes, François Bayrou a affiché sa volonté de s'attaquer aux niches fiscales. Et d'annoncer, notamment, son souhait de revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires (1,8 milliard) ; la niche  "Copé " (6 milliards,) qui exonère d'imposition les plus values réalisées par les entreprises en cas de revente d'une filiale ; la déductibilité des emprunts en cas de LBO (leverage by out), soit un peu plus de 3 milliards. Pour le reste, François Bayrou suggère " un coup de rabot" de 15% sur l'ensemble des niches qui resteraient. S'agissant des dépenses de l'Etat, il préconise un " zéro augmentation en valeur des dépenses "... A l'exception des salaires des fonctionnaires qui doivent continuer de progresser "modérément ".

LImiter à 20 miliards les dépenses supplémentaires dela "Sécu"

En revanche, tout le reste serait gelé, notamment les dépenses d'investissement. La même rigueur serait appliquée du côté de la Sécurité sociale. Ou presque. Pour lui, les dépenses de la  "Sécu" ne pourront pas progresser de "plus de 20 milliards". Pour ce faire, a titre d'exemple là aussi, il propose délimiter l'accès aux urgences, en instituant un "sas", via l'intervention des médecins de ville qui seraient mobilisés pour éviter l'envahissement des services d'urgence des hôpitaux . Il estime que l'on pourrait ainsi "économiser jusqu'à 2 milliards" .De même, si le dossier médical personnalisé, institué sans succès en 2003, était relancé il parie sur une autre économie de 4 milliards.

Par ailleurs, François Bayrou s'est plutôt prononcé pour un assouplissement de la règle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, souhaitant ne pas "appliquer à l'aveugle" cette règle et de rappeler qu'elle n'a finalement permis d'économiser que "200 millions". Il a également réaffirmé son attachement au vote d'une "règle d'or constitutionnelle" afin de lutter contre "les déficits abusifs".
En revanche, adressant un gros clin d'?il à la gauche, il a refusé de voir en France "un coût du travail trop élevé", notamment par rapport à l'Allemagne, estimant même que "le travail n'est parfois pas assez payé ". Enfin, il a réitéré sa volonté de voir ressurgir une sorte de Commissariat général au Plan - rebaptisé Commissariat aux stratégies - associant syndicats, PME, grande sociétés, chercheurs, le tout animé par l'Etat, chargé de définir une stratégie nationale de production.