La CGT dit "non" à la réelection de Nicolas Sarkozy

Par Jean-Christophe Chanut avec AFP  |   |  468  mots
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La CGT appelle clairement à battre Nicolas Sarkozy sans pour autant se prononcer en faveur d'un autre candidat, chose qu'elle ne fait plus depuis 1988.

La direction de la CGT a appelé mardi à un "changement de politique". Sans se prononcer pour autant en faveur d'un autre candidat, la CGT annonce clairement qu'elle ne souhaite pas une réelection de Nicolas Sarkozy. Un quart de siècle que la centrale n'avait pas pris une position aussi tranchée en matière électorale...
L'élection présidentielle, les 22 avril et 6 mai prochains, "est un rendez-vous important pour l'expression démocratique" et "à ce titre, la CGT ne saurait être neutre, surtout au regard de la gravité de la situation", affirme la déclaration adoptée à l'unanimité par la Commission exécutive de la CGT.
"Au vu du bilan et des projets du président de la République, sa réélection ouvrirait, à coup sûr, une nouvelle séquence de lourds reculs sociaux", ajoute le texte. "La société française vivrait des clivages plus violents encore et s'enfoncerait encore plus dans la crise".

Depuis 1988 la centrale ne donne plus de consigne de vote

Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault avait déjà affirmé plusieurs fois qu'à titre personnel il voterait contre Nicolas Sarkozy à la présidentielle, tout en soulignant que la centrale n'appelait pas à voter en faveur d'un des candidat. De fait, symbole de son émancipation par rapport au Parti communiste et décidée à ne plus être considérée comme la "courroie de transmission" de la place du Colonnel Fabien (siège du PCF), depuis 1988, "la CGT n'a jamais donné de consigne de vote en faveur d'un candidat" mais "a donné son appréciation sur le bilan du président sortant", indique-t-on à la centrale.
Sa charge contre un des postulants de 2012 reste inédite et s'explique par "la gravité de la situation", le "bilan de ce quinquennat" et "la méthode employée" par le président sortant, indique-t-on encore à la CGT.

Sanction contre la réforme des retraites

Pour la centrale Montreuil, "l'essentiel" de l'action de Nicolas Sarkozy a "consisté à favoriser les actionnaires et les plus riches". "Il a choisi de ne pas répondre aux grandes mobilisations nationales de 2009 pour une autre répartition des richesses" et, "en 2010, c'est par le passage en force qu'il a imposé le recul de l'âge de départ en retraite aux millions de manifestants. Et d'ajouter que le président sortant "est à l'origine d'un nouveau traité européen qui généralise l'austérité", et "son programme pour demain rejoint les exigences du Medef". La CGT rappelle ses "exigences" pour sortir de la crise, notamment une revalorisation des salaires et des minima sociaux, avec un Smic à 1.700 euros, un "contrôle des aides publiques aux entreprise", des "alternatives aux licenciements", la "suppression" des exonérations sur les heures supplémentaires", ou encore une "réforme en profondeur" de la fiscalité".