Le nouveau président bénéficiera d'un environnement économique plus favorable

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  715  mots
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L'institut COE-Rexecode prévoit une légère embellie de l'économie français avec un taux de croissance qui pourrait atteindre 1,4% "ou plus" dès 2013. Un taux voisin de ceux envisagés par Nicolas Sarkozy et François Hollande.

Ce n'est pas l'euphorie loin de là ! Il n'empêche, l'institut CEO-Rexecode (proche du patronat) voit l'avenir économique de la France se dégager quelque peu à court terme. Présentant jeudi ses perspectives économiques 2012-2013, l'organisme estime même que la "nouvelle équipe [gouvernementale] bénéficiera d'un environnement économique plutôt favorable". Selon COE-Rexecode, un nouveau cycle d'investissement s'est déjà amorcé dans le monde en 2010 et il devrait conduire le taux de croissance mondiale à 3,8% en 2013 (contre 3,3% en 2012).

Un taux de croissance du PIB au moins égal à 1,4%

La France, certes à la traîne, verrait cependant sa croissance bien orientée : le pays éviterait la récession cette année, avec un taux de croissance de 0,6%, qui pourrait atteindre ensuite "1,4% ou plus" en 2013. De quoi réjouir les candidats à la présidentielle et notamment les deux mieux placés à ce stade. En effet, Intervenant dimanche soir sur M6, Nicolas Sarkozy estimait "raisonnable" de tabler sur 2% en 2013, tout en n'excluant pas que cela pourrait être un peu moins. Une position très proche de celle de François Hollande qui, lui, en présentant son projet économique le 26 janvier, avait retenu une hypothèse de croissance de 1,7% en 2013 et de 2% en 2014. ... Ce qui n'avait pas manqué de déclencher quelques ricanements dans le camps UMP. Depuis, donc, cet objectif semble être considéré comme atteignable. D'ailleurs, le gouvernement Fillon planche actuellement sur le taux de croissance à retenir pour l'année prochaine, dans le cadre du programme de stabilité qu'il doit communiquer à Bruxelles en avril. Il pourrait s'arrêter sur un taux de 1,7%... soit le même que celui de François Hollande.
Cette embellie aurait un effet favorable sur l'emploi. Après avoir reculé de 0,1% en 2012, l'emploi salarié dans le secteur marchand pourrait ainsi progresser de 0,4% dès 2013, selon COE-Rexecode. En revanche, la progression des prix à la consommation aurait de la peine à ralentir, notamment en raison des coûts du pétrole. L'inflation pourrait être de 2% en 2013 (après 1,9% en 2012, ce qui aurait pour conséquence de limiter la progression du pouvoir d'achat (-0,1% en 2012 et + 0,3% en 2013).

La nécessaire réduction des déficits


Par ailleurs, pour compléter son diagnostic, COE-Rexecode a établi un dossier "Faiblesses et atouts de la France dans la zone euro". Côté faiblesses, l'institut met en avant le recul des performances du pays à l'export, des coûts salariaux à la hausse, la désindustrialisation et le poids trop élevé de la dépense publique française qui serait même "le plus lourd de la zone euro "... Il est significatif de remarquer que les " faiblesses" relevées par CEO-Rexecode correspondent exactement aux principaux thèmes économiques abordés par les candidats à la présidentielle. Un autre parallèle intéressant est à souligner s'agissant des déficits excessifs de la France. Sur ce sujet, dans sa conclusion, CEO-Rexecode note que "la seule issue est d'engager un effort de réduction des déficits au moins aussi important que celui réalisé dans la seconde moitié des années 1990. L'expérience prouve que cet effort est possible". Certes, la volonté de réduction des déficits est le bien le mieux partagé par l'ensemble des candidats, même si les recettes proposées différent.

François Hollande, le candidat le plus zélé

Mais, curieusement, c'est François Hollande, le candidat socialiste, c'est-à-dire pas spécialement celui le plus proche du COE-Rexecode, qui répond le mieux aux v?ux d'assainissement prônés par l'Institut, en allant même bien plus loin... Au milieu des années 90, comme le souligne l'Institut, le Premier ministre d'alors, Alain Juppé, soucieux de qualifier la France dans l'Euro, avait adopté un plan drastique d'augmentation de la fiscalité d'un montant légèrement inférieur à 25 milliards d'euros actuels. Or, François Hollande prévoit, lui, 29 milliards d'euros d'impôts supplémentaires dès 2013, auxquels il faut ajouter 15 milliards destinés à financer son programme (sur 20 milliards de dépenses programmées au total à l'issue du quinquennat). Soit, in fine, un plan de 44 milliards d'euros... près du double du plan Juppé et l'équivalent de deux points de PIB... COE-Rexecode a de quoi se satisfaire, même si, il est exact que le plan Hollande n'est pas basé sur la seule limitation des dépenses.