L'emploi et le pouvoir d'achat en berne

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  462  mots
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L'institut national de la statistique, dans sa dernière note de conjoncture, remarque que la "fièvre tombe mais que le rétablissement sera lent". De fait, le pouvoir d'achat et l'emploi, les deux principales préoccupations des Français, vont très nettement marquer le coup au moins jusqu'en juillet.

"La fièvre tombe, le ralentissement sera lent". Tel est le constat dressé par les statisticiens de l'Insee en présentant jeudi leur dernière note de conjoncture qui couvre le premier semestre 2012. Il apparaît, sauf aléas géopolitiques et/ou hausse importante des produits pétroliers que la situation conjoncturelle devrait très progressivement s'améliorer dans la zone euro en général et en France en particulier. L'Institut national de la statistique rejoint en cela les prévisions du centre CEO-Rexecode parues mercredi. Cependant, l'Insee insiste davantage sur l'extrême lenteur de ce redémarrage, la France s'enfermant dans une sorte de croissance molle.

Une croissance limitée à 0,2%

Pis, la situation de l'emploi et le pouvoir d'achat - les deux principales préoccupations des Français - vont même connaître une dégradation au moins jusqu'en juillet prochain.... C'est-à-dire en pleine campagne électorale. Non seulement la présidentielle mais ensuite les législatives du mois de juin. Et les données fournies par l'Insee vont avoir de quoi alimenter les débats et nourrir les polémiques. Alors certes, la France a techniquement évité la récession et fait même plutôt un peu mieux que ses voisins européens en matière de progression du PIB. La croissance serait nulle au premier trimestre dans l'Hexagone (- 0,1% en moyenne dans la zone euro), et enregistrerait un petit 0,2% au deuxième trimestre (0,1% dans la zone euro).

18.000 emplois perdus et un taux de chômage à 10,1%

Bien entendu, d'aussi faibles niveaux de croissance ne peuvent qu'avoir des répercussions sur le chômage et l'emploi. Ainsi, au premier semestre, la hausse du chômage devrait se poursuivre pour atteindre 10,1% (y compris les DOM) à la fin juin. Il était de 9,8% fin 2011. La situation reste d'autant plus préoccupante que la France devrait perdre au total, lors du premier semestre de cette année, environ 18.000 emplois, alors que la population active devrait continuer de croître à un rythme soutenu (+ 69.000). Il va falloir aux candidats à la présidentielle réviser leurs classiques et, sans doute, mettre un peu plus en avant qu'ils ne le font jusqu'ici leur recette pour faire baisser le chômage.

Une première: la consommation des ménages reculerait

Un mal n'arrivant  jamais seul, le pouvoir d'achat, lui aussi, va être en berne. Il reculerait même de 0,3% au premier semestre 2012, une première depuis 2008. L'explication réside dans le regain d'inflation (+ 1,3% au premier semestre après +1% au second semestre 2011) et du ralentissement des revenus d'activité (+0,8) du fait de la détérioration de la situation du marché du travail. Résultat : la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissace en France, s'essoufflerait avec une très faible progression de 0,2% au premier trimestre.