François Hollande veut renouer avec les "causeries" médiatiques

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  577  mots
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S'il est élu président, François Hollande s'engage a se présenter devant la presse tous les six moois pour dresser un bilan de son action. Une initiative incertaine.

Le candidat socialiste a déclaré sur I Télé que "le président de la République, tous les six mois, doit, à travers une conférence de presse, rendre compte de son action, donc la presse pourra lui poser toutes les questions". Voilà une promesse que François Hollande ne tiendra peut-être pas très longtemps... S'il est élu. C'est en effet prendre un grand risque pour un président que de s'exposer tous les six mois au feu des questions des journalistes. Surtout les premiers temps d'un quinquennat où, si l'on se réfère aux perspectives de l'Insee, la croissance risque d'être molle et où le chômage devrait dépasser les 10%, voire même percuter le seuil historique ( atteint en 1997) des 10,7% de la population active. François Hollande prendrait ainsi le risque de personnaliser ces mauvais résultats.

Tous les six mois, le Président devant les médias...

Alors, certes, dans l'histoire, il y a eu des précédents. Président du Conseil, en 1954-1955, Pierre Mendès-France avait institué des " causeries au coin du feu" hebdomadaires à la radio. Tout le monde s'accorde pour dire que "PMF" excellait alors dans un travail pédagogique d'explication de l'économie aux Français. Le Général de Gaulle aussi, face à Michel Droit, donnait rendez-vous régulièrement aux Français à la télévision. Un peu plus tard, en 1984, le nouveau Premier ministre, Laurent Fabius, avait renoué avec cette formule en se laissant interroger tous les mois par le journaliste Jean Lanzi lors d'une émission "Parlons France", spécialement créée pour l'occasion... C'est une litote de dire que l'accueil ne fût pas très bon. François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, les trois derniers présidents, eux aussi avaient fini par comprendre que la parole présidentielle devait être rare pour ne pas être banalisée. Les trois ont opté pour des conférences de presse ciblées sur des sujets précis. Au lendemain d'un sommet du G8 ou du C20, par exemple. Même Nicolas Sarkozy, pourtant grand amateur du monde médiatique, n'a finalement organisé qu'une seule fois, le 8 janvier 2008, une conférence de presse globale. D'ailleurs, pas très satisfait de l'expérience, le président n'a pas réitéré l'expérience... jusqu'au 5 avril 2012. mais il était alors devenu candidat pour un deuxième quinquennat.


... et le Premier ministre devant le Parlement

L'initiative de François Hollande peut aussi entrer en contradiction avec son souhait d'être un "président normal". Or, cette normalité passe par la nécessité de laisser toute sa place au Premier ministre à qui il revient de mener la politique du gouvernement. D'ailleurs, toujours sur I Télé, le député de Corrèze a également émis l'idée que le Premier ministre vienne tous les six mois expliquer son action devant le Parlement où il devra affronter, si besoin est, un vote de confiance. A écouter François Hollande, le couple exécutif devrait donc se justifier tous les six mois, soit devant la presse, soit devant la représentation nationale. C'est beaucoup... Surtout quand des décisions difficiles vont devoir être prises pour diminuer les dépenses et augmenter les recettes. D'autant plus qu'une mauvaise prestation télévisuelle peut entraîner une réaction en chaîne incontrôlable... y compris sur les taux d'intérêt. Le trop peut être l'ennemi du bien.