Comment François Hollande soigne ses relations avec les patrons

Par Marina Torre  |   |  482  mots
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Le camp de François Hollande multiplie les rencontres avec les dirigeants des grands groupes français depuis plusieurs semaines. L'objectif : rassurer un patronat échaudé par "l'ennemi de la finance sans visage".

L'air de rien, François Hollande, favori des sondages, fignole ses relations avec le patronat. S'il le fait dans la discrétion, les liens tissés directement ou par ses proches avec les chefs des grandes entreprises françaises font de plus en plus parler d'eux.

Michel Sapin : "je n'ai jamais vu autant de chefs d'entreprise"

L'ancien ministre Michel Sapin, aperçu jeudi dernier dans l'hôtel parisien le Lutétia en compagnie du numéro un de Renault, Carlos Ghosn, l'avoue à Reuters: "Je n'ai jamais vu autant de chefs d'entreprise et de banquiers, même quand j'étais ministre de l'Economie et des Finances que depuis trois mois". Sa mission ? Les rassurer sans doute. Après avoir proposé de taxer à 75 % des revenus supérieurs à 1 million d'euros, critiqué les augmentations de salaire des grands patrons et fustigé la "finance sans visage", un "ennemi", le candidat tenterait de faire bonne figure auprès des décideurs du monde économique.

Déjà, début avril, François Hollande avait clamé son intention de réunir les dirigeants du CAC 40 dès le 7 mai, en cas de victoire. " Je leur dirai: "Vous êtes les fers de lance de l'économie française. Nous avons besoin de vous et vous avez besoin de l'État. Nous devons relever ensemble le défi du redressement de la France", avait-il affirmé début avril. Visiblement, il semble avoir pris de l'avance, et aurait commencé à rencontrer directement certains d'entre eux, comme Henri Proglio, le patron d'EDF que l'on dit sur la sellette dans la perspective d'une alternance.

Déceptions à droite?

Et la carte apparaît d'autant plus cruciale à jouer que son rival Nicolas Sarkozy passe pour avoir déçu certains d'entre eux. L'agence Reuters rapporte par exemple les propos d'un chef d'entreprise : "Les patrons ont d'abord respecté Nicolas Sarkozy pour son énergie (...) Mais ils ont été déçus quand ils ont réalisé que, derrière cette énergie, se cachaient un manque de cohérence dans la stratégie mais aussi des processus de décision imprévisibles, très éloignés des règles de gouvernance élémentaires dans les grandes entreprises."

Ce pas vers le patronat, le député de Corrèze l'a initié en s'entourant d'une équipe ad hoc. Parmi eux : Michel Sapin, mais aussi André Martinez, ancien patron d'Accor, rencontré sur les bancs d'HEC. Pour soigner son réseau dans le monde économique, François Hollande peut aussi compter sur Jean-Pierre Jouyet, le président de l'Autorité des marchés financiers ou encore Emmanuel Macron, associé à la Banque Rotschild. Il lui reste enfin des "amitiés" présumées comme par exemple celles de Christophe de Margerie, PDG de Total , Henri de Castries, celui d'Axa ou encore Jean-Bernard Lévy, chez Vivendi, pour affiner son réseau.

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