Sarkozy et Hollande face au mur des 90% de dette

Nicolas Sarkozy comme François Hollande estiment que la dette publique plafonnera sous les 90% du PIB. Un chiffre symbolique aux yeux des experts, correspondant à un niveau de dette au delà duquel la croissance serait réduite et toute politique économique inefficace
Nicolas Sarkozy le 5 avril 2012 présentant son programme, qui prévoit une dette maximale de 89.4% du PIB Copyright Reuters

C'est peut-être, voire sûrement, une coïncidence. Mais le fait est là : le « programme de stabilité » que le gouvernement vient de transmettre à Bruxelles, qui décrit la trajectoire pour parvenir à « zéro » déficit en 2016, table sur une dette publique plafonnant à 89,4% du PIB en 2013. Juste en dessous des 90%... En quoi ce chiffre a-t-il une importance ? Avec la publication en 2009 de leur histoire des crises financières, les économistes américains Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff ont popularisé l'idée d'un véritable mur de la dette : quand l'endettement public dépasse les 90% du PIB, la croissance s'en trouve immédiatement réduite. La baisse est variable selon la structure des pays concernés, mais le résultat est intangible.
« C'est comme si, au-delà de 90% de dette, on ne pouvait plus rien faire, la politique économique devenait inopérante », relève l'économiste Eric Heyer (Observatoire français des conjonctures économiques). « Cela ne repose sur aucune démonstration sérieuse. Il s'agit d'un résultat issu de données historiques, et non d'une analyse économique ».

L'idée d'un mur des 90%

Ce point de vue d'un économiste keynésien apparaît pourtant minoritaire. Nombre d'économistes ont « intégré » l'idée d'un mur des 90%. Au-delà de cette limite, il ne serait plus possible de relancer la croissance, pensent aujourd'hui la plupart des économistes, de droite comme de gauche, notamment ceux qui conseillent les politiques. D'où, au-delà la pression des marchés, la volonté commune à François Hollande, Nicolas Sarkozy ou François Bayrou, de diminuer rapidement le déficit public.
Pourquoi la politique économique deviendrait-elle inefficiente au-delà d'un certain niveau d'endettement? Les experts font souvent appel à un raisonnement popularisé par une autre économiste, Robert J. Barro, qui a remis au goût du jour, dans les années 70, la notion « d'équivalence ricardienne » : quand le déficit et la dette deviennent trop importants, une action de relance de l'économie se heurte au comportement des consommateurs, qui, anticipant de futures hausses d'impôts, augmentent leur épargne. Du coup, la demande s'en trouve réduite d'autant, et la politique contrecarrée. Elle devient totalement inefficace.

Inquiétude sur de futures hausses d'impôt
La hausse du taux d'épargne constatée en 2011, dans un contexte de déficit toujours très élevé, est peut-être due à cet effet ricardien, cette inquiétude sur des hausses d'impôts futures, soulignent certains experts. Mais, là aussi, il est très difficile de le démontrer. Superstitieux ou pas, Nicolas Sarkozy a donc prévu, dès la présentation de son programme jeudi dernier,  que la dette publique -y compris l'impact des plans de soutien à la zone euro - atteindrait au maximum 89,4% du PIB en 2013. Ensuite, ce programme prévoit une série d'économies et, dans une moindre mesure, de hausses d'impôts, permettant de faire refluer le niveau de la dette. François Hollande, lui, table sur un maximum de 88,7% en 2012. Ouf ! le pire est évité...

Commentaires 5
à écrit le 14/04/2012 à 10:50
Signaler
la gauche depuis 1981 a totalement ruiné la France , c'est grâce à eux que nos retraites seront plus que minables , et puis tout le reste ...... !! flamby est un incompétent financier tout comme Sarko d'ailleurs ! cette fois il ne restera rien après ...

à écrit le 12/04/2012 à 18:45
Signaler
Mais qui donc a fait plus de 550 milliards de dettes supplémentaires en seulement 5 ans ??

le 12/04/2012 à 19:47
Signaler
Quand on pense qu'a gauche ils disaient qu'il en fallait plus à l'époque...

le 13/04/2012 à 0:44
Signaler
Mais qui a provoqué la crise de 2008 qui obligea les pays du monde à s'endetter pour relancer l'économie. En espérant que votre gueule de bois au lendemain de l'élection ne soit pas trop douloureuse ...

le 18/04/2012 à 19:25
Signaler
Les politiciens keynésiens qui dominent l'élite des principaux pays occidentaux. Tant que les politiques croiront qu'ils peuvent mettre leurs grosses paluches dans le domaine économique sans risque, les effets pervers de leurs interventions continuer...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.