Nicolas Sarkozy : « Nous entrons dans un monde nouveau »

Par Propos recueillis par Jean-Christophe Chanut, Philippe Mabille et François Roche  |   |  3455  mots
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A deux jours du premier tour de l'élection présidentielle, le président-candidat explique à « La Tribune » hebdomadaire, dont le numéro 2 paraît ce vendredi 20 avril, sa vision pour la France du XXIème siècle. En voici la version intégrale.

La France forte, proclamez-vous... Qui peut être contre ! Mais que recouvre ce slogan au moment où le destin de notre pays semble rimer avec son déclin et que les marchés font planer une menace sur l'après-élection présidentielle pour réclamer plus de rigueur, quel que soit d'ailleurs le vainqueur du scrutin ?

Ce n'est pas qu'un slogan, c'est ma conviction profonde. Pendant 5 ans, j'ai tout fait pour protéger les Français de la crise la plus violente depuis les années 30. Et notre pays a tenu, le chômage a moins augmenté qu'ailleurs en Europe, pas un Français n'a perdu ses économies, notre pays est le seul en Europe à avoir eu une progression du pouvoir d'achat chaque année, la dette a moins augmenté qu'ailleurs. Pour continuer à protéger les Français, il faut faire dans les 5 ans qui viennent les choix qui renforceront notre pays, pas ceux qui l'affaibliront. Je tiens un discours de vérité, quand d'autres continuent de faire le choix de la facilité qu'ils ont fait en 1981 et en 1997. Non seulement j'aborde les vrais sujets, mais je mets en face des propositions concrètes, pour renforcer notre compétitivité, refaire de la France une terre industrielle, aider nos PME à se développer, améliorer la formation des chômeurs, changer la politique commerciale européenne, revenir à l'équilibre des finances publiques. Sur chaque thème, l'alternative est simple : il y a le choix courageux, celui d'une France forte, et puis il y a le choix du passé, celui d'une France faible. La question des retraites l'illustre parfaitement. Vouloir faire payer par les salariés et les entreprises, par des charges sociales supplémentaires, un retour en arrière sur cette réforme, c'est l'incarnation du choix qui rend la France plus faible. Il y a un choix entre travailler plus ou bien payer plus d'impôts. J'ai choisi la première solution.


Vous êtes instruit de l'expérience d'un quinquennat marqué par une crise d'une violence inouïe. Le président de la République ne doit-il pas avoir un rôle de passeur, pour préparer les esprits aux changements profonds qui sont à l'?uvre ?

J'ai écrit une Lettre aux Français. Dans cette lettre, j'explique précisément pourquoi nous sommes entrés dans un monde nouveau, dans lequel nous avons la possibilité de peser, d'être maître de notre destin, de notre avenir. Mais pour cela, il faut tirer les leçons de la crise, regarder le monde tel qu'il est, comprendre que la France n'est pas seule, qu'on ne peut pas ignorer ce que font les autres, et surtout ce qu'ils ne font pas. Un exemple : peut-on continuer à créer des postes de fonctionnaires et à multiplier les dépenses publiques supplémentaires, sans aucune économie, quand tous les pays d'Europe font le contraire ? Evidemment non. Et après la faillite de la Grèce, et les difficultés de l'Espagne, de l'Italie, du Portugal, de l'Irlande, peut-on dire, comme le candidat socialiste, que si cette politique ne plait pas aux marchés, il les domptera ? Cela ne tient pas la route une seconde. C'est avec ce type de raisonnement que l'Espagne se trouve aujourd'hui dans cette situation : sept ans de gouvernement socialiste, sept ans avec des propositions comme celles de M. Hollande, et l'Espagne est contrainte de s'endetter à un taux deux fois plus élevé que le nôtre.


Plus précisément, quelle France voulez-vous pour demain ? Comment la voyez- vous évoluer dans dix ans, vingt ans, trente ans ?

Je veux une terre de production, et non pas une terre de délocalisations. C'est pour cela que je veux baisser le coût du travail et parallèlement continuer notre effort d'innovation, car nos entreprises ont besoin d'être plus fortes sur ces deux terrains. C'est pour cela également que je veux aider les TPE et les PME à grandir. La banque de l'industrie, l'obligation faite aux grands groupes d'emmener des PME sous-traitantes sur les marchés d'export s'ils veulent bénéficier des aides publiques, la réduction du nombre de normes, le gel des effets de seuil pour 3 ans, la suppression du privilège du Trésor, voilà des mesures concrètes.
Je veux une France dans laquelle on fait toujours le choix qui favorise le travail. C'est pour cela que je veux réformer le RSA, pour avoir une solidarité toute entière tournée vers l'emploi. Avec 25 % des bénéficiaires qui sont au RSA depuis 4 ans, et 36 % des bénéficiaires qui n'ont aucune activité, nous devons avoir le courage de dire que ce n'est pas de la solidarité, mais de la capitulation. Je veux une France dans laquelle, quand est au chômage, on ait un droit à la formation et qu'en contrepartie, on soit tenu d'accepter une offre d'emploi pour laquelle on a été formé. Aujourd'hui, 10 % des chômeurs sont formés, c'est une aberration. Et je veux une exonération de charges pour inciter à l'embauche des chômeurs de plus de 55 ans.
Enfin je veux sortir de 38 années ininterrompues de déficit public. J'atteindrai cet objectif en 2016, et j'ai rendu public le chiffrage le plus précis jamais donné dans une élection présidentielle pour expliquer comment j'y parviendrai. Deux Instituts bien connus de vos lecteurs, l'Institut Montaigne et l'Institut de l'Entreprise, ont validé ce chiffrage à plus de 90%.


Vous parlez de la première élection du 21ème siècle. Soit. Mais jamais le clivage n'a été aussi fort dans notre société, entre riches et pauvres, jeunes et vieux, ceux qui ont un emploi et ceux qui n'en trouvent pas. Comment réconcilier ces différentes France ?

La crise aurait pu profondément diviser les Français. Cela n'a pas été le cas, car j'ai souhaité apporter une aide aux Français les plus fragiles, par exemple en 2009 avec la suppression d'une partie de l'impôt sur le revenu des plus modestes. Pour l'avenir, je propose un projet qui rassemble les Français, y compris sur les sujets qui les divisent. Prenez l'Europe : nous ne pouvons pas rester avec une France du oui et une France du non. Mon projet, c'est une Europe qui cesse d'accepter des choses que ses partenaires refusent. Je veux que, comme aux Etats-Unis, les marchés publics soient réservés aux entreprises qui produisent en Europe plutôt qu'à des pays qui n'ont pas ouvert les leurs. Je veux qu'une partie des commandes publiques aillent aux PME européennes. Je veux que les frontières européennes soient mieux contrôlées, en donnant une vraie gouvernance politique à Schengen et en harmonisant nos politiques d'asile et d'immigration. Prenez la mondialisation : elle fait des gagnants dans notre pays, mais aussi des perdants. Je veux réconcilier les deux, permettre aux premiers de satisfaire leurs rêves de grand large et de conquête, permettre aux seconds d'être protéger dans la mondialisation.


Vous voulez réduire l'immigration, considérant que notre système social ne peut pas accueillir « toute la misère du monde », comme l'avait dit Michel Rocard. Mais pourtant, malgré notre démographie favorable en France, à long terme, tous les experts disent que la vieille Europe aura besoin d'y avoir massivement recours. La fermeture des frontières est-elle vraiment la bonne réponse ?

J'observe d'abord que la France n'a pas de problème démographique. Ensuite, si je veux diviser par deux l'immigration légale, cela n'a absolument rien à voir avec une fermeture des frontières. La France doit rester une terre d'accueil, un pays ouvert. Mais nous ne pouvons accueillir que dans les limites de nos capacités, parce que nous sommes endettés, parce que nos régimes sociaux sont en déficit, parce que la situation du marché de l'emploi et du logement est ce qu'elle est. Je souhaite que le regroupement familial soit conditionné à la maîtrise du français et à l'acceptation des valeurs de la République. Je souhaite également que le bénéfice du RSA soit soumis à une double condition d'activité préalable et de résidence.

Pour beaucoup d'observateurs, la France a besoin de refonder son pacte social. Vous-même avez inscrit votre action dans la préservation de l'héritage du Conseil national de la résistance. Ce modèle peut-il survivre dans la décennie qui vient ? Par quoi le remplacer ?

C'est une question qu'il faut d'abord poser à tous ceux qui refusent les réformes et les économies. Où en serait la France si elle était restée le seul pays d'Europe à n'avoir pas réformé son régime de retraites ? Ce modèle, qui est un héritage de la Résistance doit continuer à être le nôtre. C'est notre référence, une partie de nous, l'héritage de notre jeunesse. Mais elle ne pourra en hériter, et vivre aussi bien que ses parents, que si nous avons le courage de faire des réformes pour rompre avec 38 années de déficit. Qui peut raisonnablement croire que l'assurance-maladie peut continuer à vivre à crédit ? En deux ans, j'ai divisé son déficit par deux, et l'équilibre sera atteint en 2015. Ai-je remis en cause ne serait-ce qu'un seul des fondements de l'assurance-maladie ? Non. Y a-t-il moins de médecins et d'infirmières à l'hôpital ? Non, il y en a plus. Les hôpitaux ont-ils moins d'argent ? Non, ils en ont plus, mais leur déficit a été réduit de 65 %. Cela prouve qu'on peut faire des réformes et des économies sans changer de modèle social. Opposer les deux, c'est le discours classique de ceux qui ne veulent rien faire.


Faire appel directement au peuple, par référendum, pour court-circuiter les médiateurs que sont les partenaires sociaux, n'est-il pas le plus sûr moyen de conduire à un blocage des réformes ?

Le référendum est inscrit dans notre Constitution. Lorsqu'on a étendu son champ d'application, en 1995, à tout projet de loi portant notamment sur des réformes relatives à la politique économique et sociale de la Nation et aux services publics qui y concourent, tous les observateurs ont considéré que c'était un progrès démocratique. Et maintenant cela serait un recul ? Ce que je veux, c'est rendre la parole au peuple sur des sujets essentiels, pour lesquels les intérêts particuliers qui s'expriment sont très nombreux et donc la tentation de l'immobilisme nécessairement forte. La France ne peut pas être forte avec un système de formation professionnelle qui continue à fonctionner comme aujourd'hui : nous avons des centaines de milliers d'offres d'emploi non pourvues et des chômeurs massivement exclus de la formation. Mais en même temps, on parle d'un sujet qui concerne un grand nombre d'acteurs, 35 milliards d'euros de financements, et qui contribue au financement des partenaires sociaux. S'il y a blocage, je poserai directement la question aux Français. On parle de leur formation et de celles de leurs enfants.

Comment voyez-vous évoluer le rôle et la place de l'Etat dans la France que vous voulez ? Faudra-t-il changer son périmètre, le statut de la fonction publique comme d'autres pays l'ont fait ?

Je suis le premier Président de la République à avoir réduit les dépenses de l'Etat, à avoir supprimé 160 000 postes de fonctionnaires et à avoir réduit les dépenses de personnel. C'est une rupture historique, que nous avons pu faire parce que nous avons réorganisé en profondeur le fonctionnement de l'Etat. Pour que l'Etat soit fort, il faut qu'il s'adapte. L'immobilisme, c'est le déclin de l'Etat, alors que la crise a montré, à tous les chantres de son recul, qu'il est le premier rempart d'un pays. Avons-nous eu besoin de remettre en cause le statut de la fonction publique pour faire cela, mais aussi pour réformer les retraites ou pour mettre en place un service minimum dans les transports ? Non, ce qui montre que ce n'est pas le sujet. La réalité, c'est que pendant des années, la réforme de l'Etat a été considérée comme un sujet administratif, et que moi j'en ai fait un sujet politique, en m'investissant personnellement sur cette question. Je continuerai à le faire, mais je veux également que les grosses collectivités territoriales fassent le même effort. Rien ne peut justifier que l'Etat réduise ses effectifs, et que dans le même temps les collectivités territoriales de plus de 30 000 habitants les augmentent.

La France est en crise. Pourtant, le paradoxe est le dynamisme extraordinaire des territoires, comme si l'on se dirigeait vers un nouveau Moyen-Age, avec un Etat pauvre et sans ressources et des villes prospères. Ce phénomène ne plaide-t-il pas pour de nouveau rapports entre le centre et la périphérie ?

La situation est bien plus complexe, car les territoires n'ont pas tous les mêmes ressources, les mêmes besoins, les mêmes atouts. Ce qu'il faut, c'est un Etat qui donne aux territoires les plus fragiles les moyens de développer leurs activités économiques et de répondre aux besoins sociaux. C'est pour cela que j'ai développé les pôles de compétitivité et créé les pôles d'excellence rurale. C'est pour cette raison également que je veux généraliser le très haut débit partout en France. C'est pour cette raison encore que j'ai multiplié les initiatives concrètes pour traiter la question des déserts médicaux. Nous avons déjà des résultats : il y a eu l'année dernière, plus d'installations de médecins en milieu rural, qu'il n'y a eu de départs. Je veux continuer, en développant notamment les maisons de santé, qui sont une réponse efficace et pragmatique.


La France n'a pas de pétrole, mais elle a du gaz de schiste dans son sous-sol. A l'heure de l'indépendance énergétique et de la mise en cause du nucléaire, faudra-t-il exploiter ces nouvelles ressources ?

La France est effectivement dépourvue de ressources pétrolières significatives et le gisement de gaz de Lacq est maintenant épuisé. Le progrès des techniques de forage et l'augmentation du prix des hydrocarbures permettent d'accéder aujourd'hui aux couches de schiste, qui renferment dans certains pays, dont sans doute en France, des quantités appréciables de gaz ou de pétrole. Les techniques d'exploitation jusqu'à présent envisagées en France ne sont pas parues acceptables, compte tenu par exemple des risques élevés de pollution des nappes phréatiques. J'ai donc décidé d'interdire la fracturation hydraulique en France. Lorsque des solutions respectueuses de l'environnement auront été mises au point, des évaluations indépendantes seront conduites et le sujet de l'exploration et de l'exploitation des gaz et pétrole de schiste pourra être reconsidéré.


L'un des atouts de l'économie française est sa puissance agricole. Mais elle est de plus en plus contestée par des pays comme l'Allemagne ou même les Pays-Bas. N'est-il pas temps d'un vrai changement de modèle dans ce domaine clef alors que la démographie mondiale promet un nouvel eldorado agricole ?

La France des terres, c'est une réalité aussi forte que la France des usines. Je me bats pour les deux. La production agricole française, c'est 69 milliards d'euros. Elle est la 1ère d'Europe devant l'Allemagne, devant l'Italie et devant l'Espagne. L'agriculture et les industries agro-alimentaires, c'est un excédent commercial de près de 12 milliards d'euros en 2011, avec des réussites formidables depuis 5 ans : la viticulture, par exemple, a regagné en 2011 le rang de premier exportateur mondial. Pour soutenir notre agriculture, j'ai deux priorités. La première, c'est la préservation de la PAC. C'est mon combat depuis 2007, et je le continuerai. La seconde, c'est la baisse du coût du travail, pour que les produits français soient moins chers. En deux ans, j'aurai lancé une baisse des charges sur le travail agricole de 1 milliard d'euros, notamment avec la TVA anti-délocalisation. En face, François Hollande va augmenter les charges des agriculteurs : les charges sociales, pour financer son retour en arrière sur les retraites, leur facture d'électricité, en remettant en cause notre industrie nucléaire. Ici encore, France forte ou France faible, le choix est clair.


L'avenir du pays repose sur un choc de compétitivité. Pas seulement sur le coût du travail, mais aussi sur la qualité et la diversité de l'offre productive. Vous parlez souvent du modèle allemand, mais l'Europe peut-elle avoir deux Allemagne ? Quelle est la bonne voie à suivre pour l'économie française ?

La compétitivité est un ensemble, dont on ne peut pas prendre certains morceaux, et laisser les autres, parce qu'ils supposent des décisions courageuses. L'innovation, c'est évidemment essentiel : j'en sais quelque chose, pour avoir triplé le crédit-impôt recherche depuis 2007 et pour proposer aujourd'hui d'en faire l'avance aux PME qui ont des difficultés de trésorerie. La formation, c'est indispensable, et c'est la raison pour laquelle j'ai réformé nos universités, développé l'alternance et propose aujourd'hui de faire de la formation professionnelle un chantier prioritaire. Mais le problème du coût du travail ne peut pas être ignoré, encore moins aggravé comme le veut François Hollande. Nous sommes en compétition avec l'Allemagne sur 80 % des produits que nous vendons : qui peut croire qu'il ne faut pas regarder ce qui se passe ? Nous avons perdu notre avantage compétitif en matière de coût du travail vis-à-vis de l'Allemagne. Nous n'améliorerons pas durablement nos perspectives commerciales si nous n'en tenons pas compte.


Notre avenir passe-t-il exclusivement par la relation privilégiée que nous avons avec l'Allemagne ? Au début de votre quinquennat, vous sembliez pencher plus en faveur du Royaume-Uni et de l'euro-Méditerranée.

Tous les Présidents de la République depuis le Général de Gaulle ont souhaité avoir une relation franco-allemande à la fois forte et franche. Comment peut-on imaginer ne pas regarder ce qui se passe en Allemagne, alors qu'il s'agit de la première économie européenne, de notre premier partenaire commercial, d'un pays moteur pour la construction européenne ? La vérité, c'est que la qualité de la relation que nous avons avec l'Allemagne a été un élément déterminant pour gérer la plus grave crise qu'a traversée l'Europe depuis les années 30. Opposer cette relation à celle qui nous unit à nos autres partenaires n'a pas de sens. Si nous avons pu intervenir en Libye, c'est grâce au travail commun que j'ai effectué avec David Cameron. Quant à l'Union pour la Méditerranée, c'est une initiative majeure, dont j'ai été à l'origine, compte-tenu de la proximité que la France et l'Europe ont avec tous les pays qui la composent. Dans le nouveau contexte géopolitique, démocratique des deux côtés, ce partenariat va pouvoir donner sa pleine puissance.


Plus d'Europe, voilà notre seule alternative pour affronter les grands blocs mondiaux (Amérique, Chine). Mais l'Europe ne fait plus rêver. La crise a élargi le fossé démocratique. Au-delà de la gouvernance, est-ce que ce ne sont pas les fondements actuels de l'Europe qu'il faudra réinventer pour empêcher la paralysie et retrouver un destin commun ?

Ce qu'il faut, c'est passer d'une Europe du consommateur à une Europe du producteur. L'Europe s'est trompée quand elle a voulu devenir le meilleur élève de la mondialisation. Elle s'est laissé aveugler par les perspectives à première vue réjouissantes de la mondialisation, sans anticiper les déséquilibres qui allaient se créer sur son territoire. Les pays-continents qui nous font concurrence protègent leurs frontières et personne ne le conteste. Nous devons faire pareil. Je ne peux accepter que l'Europe fasse preuve de tant de naïveté dans sa politique commerciale. La France doit être une terre de conquête pour nos entreprises, une terre de production pour nos usines, et non pas un gigantesque marché commercial destiné à vendre des produits fabriqués hors d'Europe ! Chaque pays doit faire l'effort d'être plus compétitif, dont la France. Mais dans le même temps, l'Europe doit être une protection. Les marchés publics, c'est 15 % de la richesse nationale. Nous les avons tous ouverts, alors que les plus grands pays n'en ont ouvert aucun aux entreprises européennes. C'est un non-sens. Si d'ici douze mois, l'Union Européenne ne met pas en place le même dispositif qu'aux Etats-Unis pour conditionner l'accès à nos marchés publics à la réciprocité de la part des autres pays, la France appliquera cette règle de manière unilatérale.