"Faire des bras d'honneur ne sert à rien"

Par latribune.fr  |   |  1006  mots
Bruno Bonnell, PDG de Robopolis et fondateur d'Infogrames. Copyright Reuters
La rédaction de Latribune.fr s'est mobilisée pour recueillir les réactions du monde économique et social : Charles Beigbeder, le fondateur de Poweo qui sera candidat aux législatives sous l'étiquette UMP dans le 12ème arrondissement de Paris et Bruno Bonnell, PDG de Robopolis et fondateur d'Infogrames...

Patrick Martin, président du directoire de Martin Belaysoud Expansion: "Faire des bras d'honneur ne sert à rien"

Je suis atterré par les scores des partis dits « protestataires » : celui du Front National et celui du Front de Gauche. Cela prouve la réceptivité d'une partie de l'électorat à des thèses qui, de mon point de vue de chef d'entreprise, sont totalement illusoires ». L'ancien président du Medef Rhône-Alpes, fustige le manque de compréhension par ces électeurs des enjeux économiques auxquels doit faire face la classe politique. « Améliorer la compétitivité impose de prendre rapidement des mesures radicales, tant en matière d'allègement des charges que de rigueur budgétaire. Faire des bras d'honneur ne sert à rien : il faut envoyer à nos partenaires des signaux forts de discipline ». Qui sont ces partenaires à rassurer ? Les autres gouvernements européens et les marchés financiers, répond le patron de Martin Belaysoud Expansion, ETI au capital 100% familial (1850 salariés, 465 millions d'euros de CA en 2011).
« Cette impréparation aux défis qui nous attendent laisse présager un climat social de colère et de frustration pendant le mandat à venir». Quel que soit le candidat vainqueur et les promesses qui pourront être assénées entre les deux tours, ce dernier sera rattrapé par les chiffres une fois au pouvoir, rappelle Patrick Martin : « Une augmentation de deux points des taux d'intérêt, c'est 24 milliards de déficit par an en plus ». Lui-même se définit comme un « patriote » : « La France est un pays extraordinaire. Si une partie de nos élites, notamment économiques, se montrait plus responsable, nous pourrions faire des merveilles. Je suis excédé par le comportement d'une minorité de grands financiers et patrons de grandes entreprises qui ont donné une image catastrophique du métier de chef d'entreprise. Ils expliquent en partie les résultats des partis protestataires ».
Diane Dupré la Tour à Lyon

 Bruno Bonnell (Fondateur d'Infogrames, Pdg de Robopolis): une « grande angoisse »

Vendredi, il l'avait pronostiqué : Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen respectivement en retrait et bien au-delà des estimations. Bruno Bonnell ne s'est pas trompé. Un scrutin qui à ses yeux cristallise à la fois une volonté de changement, un rejet général, et, à l'aune du score de la candidate frontiste, une « grande angoisse ». « Le score final sera très serré, prédit l'ancien fondateur d'Infogrames. Le débat entre les deux finalistes pourrait être décisif, car il sera un combat d'hommes ». Au-delà, lui qui a voté pour François Hollande se désole d'une campagne « hypersimplificatrice », enfermée dans des sujets aussi peu crédibles que rassurants - « made in France, fermeture des frontières, condamnation de l'euro » - alors que la lecture d'un monde et d'enjeux « extraordinairement complexes » réclamait un autre débat. « Comment s'étonner alors des réflexes de repli ? ».

Et d'exhorter les finalistes et, dès le 7 mai, le vainqueur, à porter un « autre message : celui d'un pays qui est bien davantage en transition, en mutation qu'en crise. L'enjeu est celui que portent les chefs d'entreprise au quotidien : s'adapter, réagir, rebondir, riposter. Ces patrons attendent qu'enfin on inscrive le développement de leur pays dans l'Europe, qu'on dégage des lignes de force audacieuses au plan international, qu'on dessine un vrai programme industriel, qu'on officialise l'ensemble des nouvelles technologies en levier majeur de croissance. Ce que la campagne a totalement négligé ». Bruno Bonnell l'affirme : « Le peuple a toujours raison. Surtout à l'ère d'une information qu'il peut saisir de toutes parts. Et il peut comprendre que cette crisalide, si elle sécrète ponctuellement des sacrifices et des difficultés, augure aussi une autre espérance. A condition de s'en donner les moyens. Et de le clamer ».
Denis LAFAY, à Lyon
 

Charles Beigbeder,  fondateur de Poweo et candidat  UMP à Paris: "une période d'incertitude"

« En ce qui concerne le monde des affaires, les résultats serrés de ce soir prolongeront clairement la période d'incertitude dans laquelle nous nous trouvons actuellement, au moins jusqu'au second tour. Si Nicolas Sarkozy est élu cela restaurera la confiance des investisseurs, français et étrangers. Le climat des affaires sera boosté. Si François Hollande est élu, cette période d'incertitude sera nécessairement prolongée et ça on ne peut pas se le permettre. D'abord parce que l'alternance fait qu'il faut un certain temps au gouvernement pour prendre ses marques, se mettre en place, et parce qu'il faudra attendre les législatives en juin. Mais aussi parce que, si François Hollande tient ses promesses, ce sera très mauvais pour les affaires. Quant aux scores de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, ils révèlent un manque de pédagogie. Cela montre qu'une partie des Français ne comprend pas le fonctionnement de l'économie de marché qui permet de créer de la richesse et non de la voler ».

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Agathe Machecourt
 

Olivier Klotz, président du Medef Alsace : "le problème de la dette n'a pas été assez abordé"

« Les Français ont donné leurs voix à des projets européens, pour le maintien de notre monnaie et pour une évolution raisonnable. Ils n'ont pas souhaité une révolution, pas de sortie de l'euro, pas de protectionnisme. Ces points sont importants pour le Medef. C'est bon pour la croissance. La campagne avant le premier tour a quand même été particulière : le problème de la dette n'a pas été assez abordé ! Les deux candidats du second tour parlent de revenir à l'équilibre des comptes en 2016 ou 2017, en fin de mandat. Ce sera trop tard ! Nous souhaitons y revenir plus rapidement. Il faut donc que nos deux candidats précisent leurs programmes économiques, en particulier sur les questions de l'investissement et des PME. Quelles seront les évolutions fiscales et réglementaires ? On a l'habitude, en France, de transcrire de façon compliquée toutes les directives européennes, et on n'a pas une approche simple de la norme. Simplifions tout cela ! Une transcription simple faciliterait la vie des entreprises exportatrices ».