Au revoir Nicolas, bonjour François, guten Tag Angela !

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  570  mots
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Mardi 15, à peine la passation des pouvoirs terminée avec Nicolas Sarkozy, François Hollande fera le voyage à Berlin pour parler croissance avec Angela Merkel... Ce n'est pas gagné! Le 16, le nouveau président dévoilera la composition de son premier gouvernement.

Cette fois, les choses sérieuses commencent pour François Hollande. Les réjouissances de l'élection vont laisser la place au poids des réalités, internationales surtout. De fait, et le symbole est fort, avant même que la composition de son gouvernement soit annoncée mercredi 16 mai, et tout juste après les cérémonies de passation de pouvoirs avec Nicolas Sarkozy le mardi 15 au matin, le nouveau président fera le voyage "nach" Berlin pour rencontrer la chancelière Angela Merkel et lui signifier sa volonté de rouvrir les négociations sur le traité européen de discipline budgétaire pour y ajouter un chapitre consacré à la croissance.

Le "nein" de Angela

L'exercice va s'avérer délicat. D'autant plus que la Commission européenne s'attend à ce que le déficit public français atteigne 4,2% du PIB en 2013, avec une croissance ne dépassant pas 1,3%. Cependant, François Hollande maintient son engagement de ramener le déficit à 3% l'année prochaine ... grâce à son programme. Il n'empêche, Angela Merkel aura des arguments pour lui opposer un " nein" à toutes demandes de dépenses supplémentaires pour stimuler la croissance. Et, cerise sur le gâteau, ce même 15 mai, le nouveau locataire de l'Elysée devrait prendre d'autant plus conscience de l'ampleur de la tâche qui l'attend que l'Insee va publier une batterie d'indicateurs - indices des prix en avril, emploi salarié et comptes nationaux au premier trimestre - qui ne devraient pas être très favorables... Le lendemain, 16 mai, nouveau test, cette fois-ci avec les marchés financiers puisque la France émettra des obligations à moyen et à long terme. Ce même jour, ce sera aussi le retour aux questions franco-françaises avec la composition du gouvernement qui devrait être annoncée "en fin de journée", selon François Hollande. Le nom du Premier ministre, lui, sera connu depuis la veille.

Le premier gouvernement Hollande

Difficile de faire des pronostics sur ce futur gouvernement, tant le choix des ministres répond à de savants calculs devant tenir compte de multiples paramètres (raisons politiques, respect de la parité hommes/femmes, etc.). Mais, a priori, s'agissant des ministères économiques et sociaux, Michel Sapin devrait hériter de Bercy et Marisol Touraine du ministère des Affaires sociales, sans pour autant avoir autorité sur le "Travail" qui devrait être confié à un autre. Concernant les portefeuilles des Transports et de l'Energie, pour éviter tous risques de dérapages ou de provocations, ils devraient rester dans le giron socialiste et ne pas revenir à des représentants de Europe Ecologie-Les Verts.

Un premier gouvernement chargé de mettre en musique les premières mesures prévues par le candidat socialiste: retraite à 60 ans pour ceux ayant commencé à travailler à 18 ans, hausse de 25% de l'allocation de rentrée scolaire, doublement des plafonds du livret A et du livret dépargne industrie (successeur du livret de développement durable), etc.

Avant tout ceci, sur un terrain plus politique, François Hollande se rendra pour la dernière fois au Conseil national du PS (sorte de Parlement du parti qui regroupe 204 membres élus par le congrès et 102 premiers secrétaires fédéraux) qui se tient lundi 14 à la  "Mutualité" à Paris. Une façon de dire au revoir à son parti, de participer au lancement officiel de la campagne pour les législatives du PS... Avant de devenir le président de tous les Français.