Pierre Moscovici : un européen convaincu à Bercy

Par Ivan Best  |   |  443  mots
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Pendant un quart de siècle, le nouveau ministre de l'Economie, des Finances et du Commerce extérieur a été un fidèle de Dominique Strauss Kahn. Plutôt discret pendant la campagne, c'est surtout grâce à sa compétence technique et sa connaissance des dossiers européens qu'il parvient à la tête du ministère de l'Economie.

C'est un déçu du « Strauss-Kahnisme » qui devient ministre des Finances. Pierre Moscovici est quasiment entré en politique grâce à Dominique Strauss-Kahn, qui était son professeur à l'Ena, au début des années 80, et qui l'incite alors à quitter la ligue communiste révolutionnaire pour le PS, où il rejoint rapidement un groupe d'experts. Une amitié se noue alors... Mais, depuis l'été 2008, quand son aîné, partant au Fonds monétaire international, décide de faire alliance avec Martine Aubry, c'est la rupture entre « Mosco », comme on l'appelle au PS, et DSK. Et le début d'une période difficile pour Pierre Moscovici, qu'on verra bien isolé, lors de la traditionnelle université d'été du PS, à La Rochelle. Aujourd'hui, c'est l'heure de la revanche, pour cet ancien ministre des affaires européennes -sous Jospin, il avait négocié le Traité d'Amsterdam sur le Pacte de stabilité et de croissance-, qui s'est toujours intéressé à l'économie : c'est avec François Hollande qu'il enseignait cette matière à Sciences Po à la fin des années 80, formant un duo plein d'ironie.

Relativement discret pendant la campagne
Créant en juin 2009 un courant, « besoin de gauche » , puis chargé par le PS d'une convention réfléchissant sur le thème du nouveau modèle social, il contribue fortement à l'élaboration du projet socialiste. Début 2011, il se déclare favorable à la candidature de Dominique Strauss-Kahn à l'élection présidentielle de 2012, lui apportant finalement son soutien dans la perspective de la primaire. Une fois DSK hors, jeu Pierre Moscovici envisage, un temps, de présenter sa candidature à la primaire, sur une ligne proche de celle de DSK, celle d'un socialisme très social-démocrate et européen, loin des thèses d'un Montebourg. Il rejoint finalement François Hollande, dont il deviendra directeur de campagne... Il se montre alors relativement discret, à l'inverse d'un Manuel Valls omniprésent, ce qui fait dire à certains, au sein même de l'équipe de campagne, que François Hollande ne fera pas appel à lui.
Sa nomination est la preuve que la discrétion n'empêche pas toujours l'ascension. Sa connaissance des dossiers européens lui sera bien sûr précieuse, dans le cadre des Ecofins (réunion des ministres des Finances européens). Si l'industrie lui échappe, il aura la haute main sur la fiscalité, Jérôme Cahuzac n'étant que ministre délégué au budget auprès de Pierre Moscovici.Une réunification de Bercy pour lui donner de la cohérence en période de crise, alors que sous Nicolas Sarkozy, les Finances et le Budget étaient séparés, ce qui ne facilitait pas les arbitrages.