Réduction des déficits, réforme des retraites, dialogue social : Jean-Marc Ayrault s'explique

Par latribune.fr  |   |  1395  mots
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Sur RTL ce matin, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault revient sur les principaux dossiers économiques. Au programme du gouvernement : croissance et réduction des déficits, grande conférence sociale du mois de juillet, retraite à 60 ans pour adoptée par décret pour les personnes ayant commencé à travailler tôt...

Interrogé par Jean-Michel Apathie sur RTL, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a fait le point sur les dossiers chauds du gouvernement en matière d'économie.

Retraite à 60 ans : Ayrault souhaite un décret "dans les trois semaines", sans plus de précision sur son contenu

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a "souhaité" mercredi que le décret sur le retour à la retraite à 60 ans pour les personnes ayant commencé à travailler tôt soit pris "dans les trois semaines".  "Je souhaite que l'engagement qui a été pris par le président de la République François Hollande de corriger et de supprimer une injustice" qui pesait sur les personnes ayant commencé à travailler tôt, soit respecté "très vite, dans les trois semaines", a-t-il déclaré. Le chef du gouvernement n'a pas donné de précision sur les contours précis du décret, indiquant que la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine avait commencé à discuter avec les organisations syndicales.

Il a simplement indiqué que les périodes de chômage, maladie, pouvaient "être prises en compte" comme c'est le cas déjà dans le dispositif carrières longues. "Nous pouvons travailler sur cette base", a-t-il dit, en ajoutant que "le gouvernement tranchera". "Je prendrai mes responsabilités aussi au vu du coût. Nous avons évalué le coût de cette mesure à un milliard d'euros, nous l'avons financée (...). Il faut rester dans l'épure. Il ne s'agit pas d'augmenter le coût de cette mesure", a-t-il dit. Le décret doit instaurer pour les salariés ayant commencé à travailler à 18 ou 19 ans le droit de partir à la retraite à 60 ans à taux plein s'ils ont cotisé 41 ans. Jean-Marc Ayrault a évalué à "100.000" le nombre de personnes concernées la première année.

Syndicats et organisations patronales reçus le 29 mai pour préparer la grande conférence sociale de juillet

"Il n'est pas question de faire des shows, des sommets sociaux qui durent une heure ou deux, où chacun s'exprime, on repart et il ne se passe rien", a assuré le chef du gouvernement au micro de RTL. Le Premier ministre recevra donc le 29 mai chaque organisation patronale et syndicale séparément, avec les trois ministres Michel Sapin (Travail, Emploi, Formation professionnelle et Dialogue social), Marylise Lebranchu (Réforme de l'Etat, Décentralisation et Fonction publique) et Marisol Touraine (Affaires sociales).

"Ensuite, avec l'ensemble de ces organisations, il y aura une conférence de la méthode que je présiderai et qui définira comment nous allons nous y prendre pour préparer la grande conférence sociale qui aura lieu avant le 14 juillet" sur l'emploi, les salaires, les conditions de travail, les retraites, a précisé M. Ayrault. Ce "calendrier" social sera présenté mercredi par M. Ayrault en Conseil des ministres.

La Caisse des dépôts ne sera pas confiée à Xavier Musca

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a déclaré mercredi sur RTL que la direction de la Caisse des dépôts serait confiée à "quelqu'un dans la cohérence de la politique du président de la République", et donc pas à l'ancien secrétaire général de l'Elysée, Xavier Musca. Xavier Musca est une "personnalité parfaitement respectable" et "il lui sera proposé, comme à d'autres personnalités très importantes qui ont servi le gouvernement précédent dans un esprit républicain (...) d'autres fonctions", a-t-il précisé.

Pour le Premier ministre, il faut à la tête de la Caisse des dépôts "quelqu'un qui est dans la cohérence de la politique du président de la République" afin notamment de "préparer" la "création d'une banque publique d'investissement". L'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, avait affirmé mardi que nommer à ce poste Xavier Musca serait "un acte de grande élégance, et très républicain". Interrogé sur le maintien à leurs postes de plusieurs hauts fonctionnaires, dont les patrons de la police nationale et du renseignement intérieur, Frédéric Péchenard et Bernard Squarcini, Jean-Marc Ayrault a confirmé qu'ils "seront remplacés". "Il ne s'agit pas de règlement de comptes" ou "de chasse aux sorcières" mais, a-t-il expliqué, "il y a quelques postes stratégiques où les personnes qui sont nommées doivent être en cohérence parfaite avec les orientations politiques qui sont celles du président de la République. Donc il y aura quelques nominations", "c'est la cohérence, en matière économique, cohérence en matière sociale, et de police et de justice".

La Cour des comptes va effectuer un rapport sur perspectives de croissance réelles

Le Premier ministre a également rappelé les objectifs de réduction du déficit qui doit aboutir à un retour à l'équilibre budgétaire en 2017. Interrogé sur l'objectif de réduire le déficit à 3% du PIB en 2013, M. Ayrault a répondu: "nous agissons en conséquence (...) c'est ce que nous souhaitons".

"Toutes les mesures prises aujourd'hui, comme sur les retraites, sont financées soit par des économies, soit par des recettes nouvelles", a-t-il assuré. "Simplement, je ne connais pas encore exactement la situation du pays, c'est pour cela que j'ai demandé au premier président de la Cour des comptes (Didier Migaud) de me transmettre un rapport sur le budget 2012 et les perspectives de croissance réelles", a ajouté Jean-Marc Ayrault. "Je ne suis pas sûr qu'on nous ait caché quelque chose, mais il peut y avoir des impasses, je ne fais pas de procès, la Cour des comptes est là pour dire la vérité", a-t-il fait valoir.

"On ne redressera pas les comptes publics (...) sans croissance, on voit bien que beaucoup de choses dépendent de l'Europe", a-t-il noté. La Cour des comptes remettra fin juin son audit sur l'état des comptes publics et l'exécution de la loi de Finances 2012, et non d'ici le 1er juin comme annoncé la semaine dernière par le gouvernement, avait annoncé mardi le premier président de la Cour, Didier Migaud.

Polémique Aubry : les propos qui lui sont prêtés n'"impressionnent absolument pas" Ayrault

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a assuré mercredi que les propos prêtés par le Canard Enchaîné à Martine Aubry, qui l'aurait qualifié de "naze", ne l'impressionnaient "absolument pas", réaffirmant travailler "en bonne intelligence" avec la Première secrétaire du PS.

Dans son édition de mercredi, l'hebdomadaire satirique rapporte que la maire de Lille aurait refusé d'entrer au gouvernement en raison de la personnalité de M. Ayrault. "Je n'allais pas travailler sous les ordres de ce naze!", aurait-elle dit, selon Le Canard. Mme Aubry a vivement démenti mardi soir.

Interrogé mercredi sur RTL, Jean-Marc Ayrault s'est montré indifférent à cette polémique.

"J'ai vu ça, mais ça ne m'impressionne absolument pas", a réagi le chef du gouvernement, soulignant qu'il avait déjeuné à Matignon avec Martine Aubry vendredi, avant d'animer en commun mardi une réunion devant les députés PS.

Chef de file du groupe PS à l'Assemblée pendant 15 ans, il a argué travailler "en bonne intelligence" avec Mme Aubry "depuis plusieurs années".

"J'ai aussi des affinités, parce qu'elle est maire de Lille et moi j'ai abandonné mes fonctions de maire de Nantes. On a fait beaucoup de choses de même nature, et on partage beaucoup de choses en commun", a-t-il fait valoir.

"Donc le reste ne m'intéresse pas (...). On va faire tout ce qu'il faut pour donner au président de la République cette majorité" lors des législatives des 10 et 17 juin. "Le reste, ça ne m'intéresse, ça ne m'impressionne pas (...). Ce qui m'intéresse, c'est la mission qui est la mienne", "c'est réussir demain le redressement du pays", a répété Jean-Marc Ayrault.

Il a confirmé qu'il tiendrait deux meetings communs avec Martine Aubry, dans leurs fiefs respectifs de Nantes et Lille, précisant qu'ils se tiendraient les 2 et 7 juin.

"Je suis le chef de la majorité, personne ne conteste cela, Martine Aubry l'a encore dit hier. Elle dirige le Parti socialiste et elle va mobiliser les socialistes. Et nous avons dit et redit que c'est comme cela que les choses se feraient", a argué M. Ayrault.

L'absence de Mme Aubry du gouvernement Ayrault avait constitué la principale surprise lors de l'annonce de sa composition la semaine dernière.