Hollande peint sa chambre en rose avec une touche de vert

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  509  mots
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Si les résultats du second tour viennent confirmer ceux du premier, le PS et ses alliés pourrait obtenir entre 283 et 329 sièges, sachant que la majorité absolue se situe à 289. En tout état de cause, il pourra compter sur l'apport des députés écologistes, si besoin est, pour compléter sa majorité. En revanche, une association avec le Front de Gauche pourrait ne pas être nécessaire.

"Sans majorité, aucune loi ne pourra être votée" a lancé Jean-marc Ayrault au soir du premier tour de l'élection législative. Le Premier ministre, soucieux de mobiliser pour le second tour, dramatise un peu l'enjeu. Car, sauf accident, le second tour des législatives devrait venir confirmer les résultats du premier. Reste à connaître l'étendue et, surtout, les contours de cette nouvelle majorité. Toutes formations confondues, l'ensemble de la gauche (PS, Europe Ecologie-Les Verts, PRG, Mouvement républicain et citoyen et Front de Gauche) a totalisé 46,77% des suffrages, contre 34,07% pour la droite (UMP et Nouveau Centre) et 13,6% pour le Front National. Et, selon les dernières projections en sièges réalisées par les instituts de sondages, le PS et ses alliés (PRG et MRC) pourraient obtenir entre 283 et 329 sièges, sachant que la majorité absolue se situe à 289 sièges.

Le PS peut espérer une majorité absolue...

Une telle majorité absolue pour le seul PS et ses alliés, sans dépendre d'EE-LV, est donc jouable, sans être certaine. Bien entendu, un tel cas de figure, semblable à celui de 1981 après l'élection à l'Elysée de François Mitterrand, serait le scénario le plus confortable pour François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Et ce dès cet été, alors qu'un collectif budgétaire est en préparation et que le gouvernement compte sur une majorité soudée pour instaurer le taux exceptionnel d'impôt à 75% sur la tranche des revenus supérieure à 1 million d'euros et une taxe complémentaire au titre de l'ISF. Et que dire du mois d'octobre lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2013 avec le plafonnement ou la suppression de niches visant les particuliers ainsi que la réforme du quotient familial... Il va falloir serrer les rangs à gauche face à l'UMP qui ne va pas manquer d'évoquer le "matraquage des classes moyennes". Bref, les temps difficiles vont commencer pour tenir l'objectif de fin 2013 du retour à 3% de déficit.


... ou compter sur l'apport d'Europe-Ecologie-Les Verts

S'il échoue pour décrocher la majorité absolue, le PS pourrait compter sur l'apport de 14 à 20 députés d'Europe Ecologie-Les Verts. Grâce à l'accord de mandature signé avec les socialistes, le parti de Cécile Duflot devrait en effet, réussir à quadrupler son nombre actuel de députés (3). Mais cet apport ne sera pas toujours confortable pour Jean-Marc Ayrault, notamment sur les sujets touchant à l'énergie et aux transports où les Verts seront tentés de faire entendre leur différence. Au risque de provoquer une cacophonie au sein de la majorité.
En revanche, a priori, il semble exclut que la majorité ait besoin de s'ouvrir au Front de Gauche qui, avec 6,91% des voix, pourrait obtenir moins de 20 députés, essentiellement issus des rangs du parti communiste. Le risque de surenchère pour le PS semble donc écarté. Tactiquement, d'ailleurs, pour définitivement assurer une certaine paix dans le camp de la gauche, François Hollande pourrait décider de faire entre des ministres communistes au gouvernement... Comme en 1981.