Les ministres élus, défaite pour Royal et Bayrou

Par Ivan Best  |   |  823  mots
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Tous les ministres ont été élus. L'attention s'est donc concentrée ce dimanche sur d'autres personnalités, dont Ségolène Royal, sèchement battue (moins de 38% des voix), ce qui ne l'empêche d'envisager de "briguer la tête du PS". François Bayrou paie son choix de voter Hollande. Plusieurs proches de Sarkozy (Nadine Morano, Claude Guéant) sont battus

L'avenir des ministres laissant peu de place, dès le premier tour, à l'incertitude, l'attention s'est focalisée ce dimanche sur quelques personnalités de gauche et de droite, dont l'élection était tangente. De fait, tous les membres du gouvernement ont été élus:, la ministre dont la situation était la plus tangente, Marie Arlette Carlotti (en charge des personnes handicapées), a battu Renaud Muselier (UMP), à Marseille.

Ainsi, le ministre de l'agriculture,Stéphane Le Foll, a été élu avec 59% des voix, dans l'ancienne circonscription de François Fillon, de même que la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, dans le département de la Moselle.

Ségolène Royal amère, mais "n'exclut pas de briguer la tête du PS"

Pour Ségolène Royal, c'est un échec cuisant. Et la fin d'un cycle. Candidate à l'élection présidentielle, de 2007, la présidente de la région Poitou-Charentes était « programmée » pour devenir, avec le retour de la gauche au pouvoir, présidente de l'Assemblée nationale. Las ! Elle a fait l'erreur de se parachuter dans la première circonscription de Charentes Maritimes (La Rochelle-Ile de Ré), refusant de passer par la procédure habituelle du vote des militants, et provoquant une dissidence mortifère.
Si la candidte UMP, Sally Chadjaa avait été qualifiée pour le second tour, l'histoire se serait écrite autrement. Mais, dès lors que seuls deux candidats socialistes se retrouvaient au second tour, l'occasion était trop belle pour la droite locale d'abattre Ségolène Royal. De fait, le socialiste dissident, Olivier Falorni, a été élu pour beaucoup grâce à des voix provenant de la droite, devenant, comme la candidate l'a elle-même qualifié, « l'instrument du tout sauf Ségolène ». « C'est la première victoire de la droite depuis 1993 » a commenté le maire de La Rochelle, Maxime Bono. « Le candidat élu l'a été avec plus de 75% de voix de droite » a-t-il souligné, dénonçant une «confusion ». Et Ségolène Royal d'ajouter : « il a trompé les électeurs ». Et de citer Victor Hugo : « toujours, la trahison trahit le traître ».
Avant même de connaître son sort, Ségolène Royal avait annoncé qu'elle ne briguerait pas, quel que soit l'issue de scrutin, la présidence de l'Assemblée nationale. Suggérant que la bataille était perdue d'avance. « Les grands machos de la droite et de la gauche ne peuvent accepter que je préside l'Assemblée nationale » a-t-elle déclaré à El Païs. « Mon erreur a été de dire que je visais cette fonction, pas de m'être présentée à La Rochelle» a-t-elle déclaré
Elle refuse de se consacrer à la seule région Poitou Charentes, puisqu'elle a déclaré "ne pas exclure de briguer la tête du PS".

Jack Lang quitte la scène

Autre défaite d'une personalité socialiste, Jack Lang a été battu dans les Vosges. 

François Bayrou paie son vote Hollande

François Bayrou se voulait, une fois de plus, le candidat central. Son score au premier tour à l'élection présidentielle l'a fortement déçu, en regard de celui de 2007 (9,13% contre 18,57%). Et l'annonce de son choix de voter en faveur de François Hollande, en raison de la « dérive droitière » de Nicolas Sarkozy a précipité les choses pour le Béarnais : l'UMP ne pouvait plus, dès lors, lui faire aucun cadeau, et le PS, après avoir hésité, ne lui en a pas fait non plus, en maintenant son candidat face au leader centriste. D'où une sèche défaite.
Le choix de François Bayrou de voter Hollande a laissé beaucoup de politiques interloqués : il s'est aliéné ainsi toute la droite, alors qu'il aurait pu jouer un rôle majeur dans la recomposition probable de la droite, dans la perspective de l'éclatement de l'UMP : François Bayrou aurait pu reprendre la tête d'un nouveau parti de centre droit, à la mode UDF, rassemblant tous les ex centristes de l'UMP.

Nadine Morano a perdu son pari, tout comme Claude Guéant, NKM élue
En dépit d'appels pressants aux électeurs du Front national, appelés à voter pour elle à « 110% », selon son expression, Nadine Morano n'a pas réussi à l'emporter. L'ancien ministre de l'intérieur a été battu, à Boulogne Billancourt, face à un dissident de l'UMP, Thierry Solère, dans le cadre d'une triangulaire, le score étant très serré. L'ancien ministre du commerce extérieur et des PME, Hervé Novelli (UMP) a également été battu. Nathalie Kosciusko Morizet, ancienne porte parole de Nicolas Sarkozy pendant sa campagne, a été tout juste élue, avec 50,4% des voix.

Jean-François Copé réélu confortablement, Xavier Bertrand tout juste, pas Michèle Alliot-Marie

Le leader de l'UMP a été bien réélu,  avec 59% des voix. En revanche,son prédecesseur a été tout juste réélu, avec 50,3%. En revanche, l'ancienne responsable de l'UMP, Michèle Alliot Marie, a été battue à Biarritz.