La cour des comptes fustige la gestion de polytechnique

Par ivan Best  |   |  447  mots
Didier Migaud, premier président de la cour des comptes Copyright Reuters
Didier Migaud dénonce notamment une gestion des enseignants "trop laxiste".

 Enseignants à temps partiel surpayés, élèves se faisant rémunérer par l'école pour partir ensuite, directement, dans le privé, sans aucun dédommagement... La cour des comptes a rédigé un rapport particulièrement sévère à l'égard de l'école polytechnique, dont une partie a été rendue publique vendredi via un « référé ». Dans une lettre qui avait envoyée à l'ancien ministre de la défense, Gérard Longuet (polytechnique est une école militaire...), le premier président de la cour des comptes, Didier Migaud, souligne que la « gestion de l'école n'est pas satisfaisante ».  La comptabilité analytique reste inexistante, alors que la cour des comptes avait insisté, voilà huit ans, sur la nécessité d'en mettre une en place. La politique immobilière manque de professionnalisme, affirme en outre Didier Migaud. Surtout, il estime que la « gestion des personnels enseignants est trop laxiste ». Ceux-ci sont surrémunérés. « Le calcul des fractions de postes revient à doubler la rémunération des enseignants à temps incomplet » écrit Migaud. « Globalement, l'Ecole demande à ses enseignants des services nettement inférieurs à ceux des universitaires ». D'où un surcoût évident. « Une gestion conforme » aux règlements existants « réduirait significativement la masse salariale consacrée à l'enseignement ». 

Des élèves rémunérés, qui s'abstiennent de tout service public

Quant aux chaires d'entreprises (celles-ci prennent en charge de enseignements), elles sont gérées de manière « éclatée et opaque », l'école n'assurant un contrôle que sur moins la moitié d'entre elles.
Enfin, Didier Migaud s'en prend à la gestion des élèves, dont le recrutement est de moins en moins diversifié. Ceux-ci, dès qu'ils intègrent l'école, sont sous statut militaire et son rémunérés (la scolarité est gratuite). Il en coûte 18 millions par an à l'école, sans compter la validation des années de scolarité qui compte pour le calcul de leur future retraite.
Chaque élève touche ainsi 1.160 euros par mois (solde et aide personnalisée au logement). Il bénéficie en outre de la prime pour l'emploi. Or, les nombreux élèves qui s'orientent vers le privé à la sortie de l'école, et, qui devraient théoriquement rembourser, dans ce cas, ces rémunérations, en sont totalement exonérés. En revanche, ceux qui vont dans le service public et le quittent avant les 10 ans de service imposés devront bien rembourser, eux, ce qu'on appelle la « pantoufle ».
Dans une réponse à la Cour des comptes, l'ex ministre de la défense assure notamment que les rémunérations servies aux enseignants sont désormais conformes aux règlements... tout en restant attractives.