Le cocktail explosif du chômage

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  421  mots
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Prenez des créations d'emploi insuffisantes, ajoutez une augmentation régulière de la population active et vous avez là le cocktail explosif de la progression constante du chômage. Au second semestre 2012, selon l'Insee, la France perdra 37.000 emplois marchands, alors que la population active va croître de 57.000 personnes...

Le tunnel risque d'être long avant d'apercevoir, enfin, une embellie sur le front du chômage et de l'emploi. En mai, pour le 13e mois consécutif, le nombre des demandeurs d'emploi a progressé en France. Et la dernière note de conjoncture de l'Insee confirme que, faute de croissance, la situation devrait perdurer au moins jusqu'au premier trimestre 2013. On peut même parler d'une envolée du chômage. Comment pourrait-il en être autrement alors que l'Institut table sur une croissance du PIB limitée à 0,4% cette année et un pouvoir d'achat en recul de 1,2%, ce qui pèsera sur la consommation...

Un taux de chômage à 10,3% fin 2012

Résultat, l'Insee pronostique une hausse inexorable du taux de chômage. Celui-ci atteignait, en tenant compte des Dom, 9,8% de la population active fin 2011, puis 10% à la fin du premier trimestre 2012. Il s'établirait à 10,1% à la fin du premier semestre....Pour grimper à 10,3% à la fin de l'année. Et, à ce stade, il n'y a aucune raison pour que cette course folle ne continue pas début 2013. Pourquoi une telle envolée ? Tout simplement parce que la France ne crée plus assez d'emplois pour absorber la croissance de la population active. Si, en 2011, l'emploi marchand a continuer globalement de progresser, en réalité, l'année a connu une cassure. Les effectifs ont augmenté vigoureusement au premier semestre (+114.000), puis ont reculé au second semestre (-36.000).

25.000 emplois perdus dans le secteur marchand

Le même scénario est en passe de se reproduire en 2012 mais avec un solde négatif, cette fois. Malgré une croissance atone, l'emploi marchand devrait augmenter légèrement au premier semestre (+12.000). Puis se contracterait au second (- 37.000 postes). Au total, donc, l'emploi marchand continuerait de reculer avec 25.000 postes perdus. A noter que l'Insee ne tient pas compte de la "qualité" des emplois : CDD ou CDI, temps plein ou temps partiel, etc. Dans les secteurs non marchands, le nombre d'entrées dans les dispositifs de contrats aidés serait en légère hausse en 2012 (dépassant les 300.000). Ainsi, l'emploi non marchand progresserait au premier semestre (+23.000) et se stabiliserait au second. Bref des créations d'emploi en berne.

Une population active en hausse de 57.000 au second semestre

Dans le même temps, la France, du fait de sa démographie florissante, connaît un accroissement constant de sa population active. Or, si les créations d'emploi reculent au second semestre, la population active, elle, devrait augmenter de 57.000 personnes. Pas d'emplois, hausse de la population active... Les causes du chômage sont là.