L'industrie du tabac menace de répercuter la nouvelle taxe sur les prix des cigarettes

Par latribune.fr (avec agences)  |   |  508  mots
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La taxation des "superprofits" de l'industrie du tabac proposée par le député socialiste Jean-Marie Le Guen, touchera surtout le consommateur car elle sera répercutée sur les prix. Un avertissement lancé ce lundi par les Les industriels du tabac dont les marques sont vendues en France.

L'industrie du tabac n'a pas tardé à réagir à la proposition d'une nouvelle taxe les concernant. Dans un entretien accordé au Parisien et publié lundi, le député PS Jean-Marie Le Guen a en effet indiqué qu'il comptait déposer un amendement au sein du collectif budgétaire afin de "mettre un terme aux superprofits dont bénéficient actuellement les cigarettiers en sacrifiant la santé et les finances publiques des Français". "Le chiffre d'affaires des fabricants, en quatre ans, a augmenté de plus de 26%, soit plus de 300 millions d'euros de bénéfices", estime-t-il. Trois hausses de prix successives de 6% en novembre 2009, 2010 et en octobre 2011, ont effectivement renchéri de 90 centimes le paquet de cigarettes. Mais le volume des ventes, lui, n'a pas baissé dans les mêmes proportions. Une nouvelle hausse de 6% est prévue pour l'automne.

"Aucun effet sur le prix du paquet", assure Jean-Marie Le Guen...

Pour les exercices 2010 et 2011, "le produit de cette taxe a été estimé à 203 millions d'euros", a indiqué Jean-Marie Le Guen. Une somme qui "permettra financer des programmes de prévention et de lutte contre les addictions", assure le député. Conscient de l'impact que pourrait engendrer cette nouvelle taxe sur le portefeuille des fumeurs, le député a tenu à préciser qu'elle "n'aura aucun effet sur le prix du paquet de cigarettes ou sur le pouvoir d'achat des Français".

..."Les prix sont libres", rétorquent les fabricants

Faux, lui répond l'industrie du tabac. L'amendement "cache un prélèvement supplémentaire pour le consommateur", explique ainsi Céline Audeibert, porte-parole d'Imperial Tobacco, qui a notamment repris les marques de l'ex-Seita. "Les prix sont libres", insiste Yves Trévilly, porte-parole de British American Tobacco, rappellant qu'une telle taxation a déjà été proposée plusieurs fois sans jamais aboutir. Les industriels soulignent également que le premier bénéficiaire de la hausse en valeur du marché du tabac est l'Etat qui perçoit sous forme de taxe et de TVA, 82% du prix du paquet de cigarettes. Au cours des exercices 2010, 2011 et 2012, l'Etat devrait avoir empoché 1,35 milliard supplémentaires grâce aux augmentations de prix, estime Imperial Tobacco.

Une cigarette sur cinq achetée hors des bureaux de tabac

Yves Trévilly prévient: "si la taxe est adoptée, le prix des cigarettes va fortement augmenter, donc les ventes en France devraient baisser, comme c'est le cas depuis la dernière augmentation, et au final les recettes de l'Etat vont baisser". La baisse des ventes en France n'est pas nécessairement synonyme de baisse de la consommation, mais plutôt de hausse des achats à l'étranger et/ou illégaux. Un sujet justement aussi évoqué par Jean-Marie Le Guen qui souhaite "mettre en place une mission interministérielle sur la contrefaçon et la contrebande", jugeant qu'il y avait "beaucoup de désinformation provenant du lobby du tabac". Une cigarette sur cinq fumée en France serait achetée hors du réseau officiel des buralistes, indique une étude récente de KPMG pour le fabricant Philip Morris.