EN LIVE - Au Medef, BHL appelle de Gaulle au secours de l'Europe

Par Laura Fort, latribune.fr  |   |  2033  mots
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<b>Université d'été du Medef - </b> Suivez les temps forts de l'événement avec latribune.fr, à travers les débats et dans les coulisses de l'événement.

18h30 - Maître Dupond-Moretti : « Le système judiciaire est totalement gangrené »

Transgression, droiture et persévérance sont au centre de la dernière conférence de la journée. Sophie Audouin-Mamikonian, écrivain, auteur de la saga Tara Duncan, ouvre les débats de cette table ronde dont le thème est "Fil rouge et lignes jaunes". "Le désir, dans le business est important. Donc j'ai cassé les codes et j'ai changé d'éditeur. A chaque fois qu'on m'a fermé la porte, je suis passée par la fenêtre". L'avocat pénaliste Eric Dupond-Moretti, invité à la même table, partage sa vision du sujet : "le fil rouge pour un avocat, c'est la défense à tout prix, c'est intervenir dans un dossier sans émettre de la morale. La ligne jaune, c'est un plus compliqué." Il provoque des applaudissements et les sourires d'Alain Juppé, lorsqu'il lance : "J'ai davantage confiance dans la cuisine de mon pays que dans sa politique". Il dénonce ensuite la séparation du siège et des parquets, mais aussi les codes de la magistrature : "En Suisse par exemple, pays que je connais bien, les avocats et les magistrats sont issus de la même formation et se respectent. Je pense qu'il faudrait aussi en France une formation commune pour que les deux parties apprennent à se parler. Je pense aussi que les procureurs doivent sortir des palais de justice. Le système est totalement gangrené".  Il conclut : "La ligne jaune, c'est celle de la liberté. Il faut en user et en abuser".
 

17h30 - Nicole Bricq : "L'intelligence économique est dans mon écran radar"

Thomas Straub, professeur de management stratégique en Suisse, a une vision tout à fait libérale de la compétitivité : "pour être compétitif, il faut être rapide, et donc flexible. Il faut donner à l'entreprise la flexibilité d'acheter une autre entreprise, d'engager ou de se séparer des gens. C'est une question de rapidité de prise de décision." La ministre Nicole Bricq reprend la main : "le commerce extérieur est un marqueur de nos défaillances. Il y a des success story, tant mieux, mais les 70 milliards de déficit du commerce extérieur sont le révélateur de toutes nos défaillances. Quand vous regardez comment ça marche aux Etats-Unis, on n'a pas le privilège d'une certaine bureaucratie".

Elle évoque également le sujet du lobbying et de l'influence des entreprises dans le processus décisionnel : "En ce qui concerne l'intelligence économique, c'est dans mon écran radar. Nous avons beaucoup de progrès à faire dans nos stratégies d'influence, là où se prennent les décisions. Il y a des compétiteurs qui savent mieux faire que nous." Elle revient alors sur sa rencontre avec le Commissaire européen à l'industrie et rappelle que "la langue va avec le droit. Les pays de droit romain doivent défendre leurs langues respectives, parce que c'est une manière d'imposer une prédominance d'un droit sur un autre, les entreprises le savent. Je le répète, les armes doivent être égales. La mondialisation d'accord, mais avec les mêmes armes de part et d'autre. Il n'y a pas de grand ou de petit pays, il y a une compétition mondiale".

Le président de Safran, Jean-Paul Herteman, lui répond sur le sujet de l'intelligence économique : "C'est un sujet en net progrès, mais peut mieux faire. Mais je ne souhaite pas m'étendre sur le sujet".

16h30 - Laurence Parisot: "Il est interdit d'interdire le débat sur le gaz de schiste"

Laurence Parisot organise un point presse champêtre au milieu d'un "espace détente". Etouffée par une meute de caméras et de micros, elle réagit d'abord au discours de Jean-Marc Ayrault : "Nous nous étions quittés sur une mésentente lors de la conférence sociale. Il était donc indispensable que le gouvernement ait un signe en faveur des entreprises en venant à l'Université d'été. Jean-Marc Ayrault a évoqué des sujets importants comme la compétitivité et l'Europe. Mais nous ne pouvons nous contenter de ce discours, aussi doux soit-il. Il va falloir construire un budget pro-entreprise, qui n'augmente pas les charges et qui permet de financer les entreprises." La présidente du Medef évoque ensuite le sujet de la conférence environnementale à venir : "il ne faut pas interdire des débats. Il est interdit d'interdire le débat sur le gaz de schiste et sur le nucléaire. Nous avons là des atouts incroyables. Il ne faut pas les utiliser n'importe comment, mais il faut donner une chance à la recherche et à la technique." Enfin sur les contrats d'avenir, elle estime qu' "on aurait pu faire beaucoup mieux, et inciter le secteur privé plus que le secteur public aurait été plus vertueux".

16h00 - Bernard-Henri Lévy : "L'intégration européenne, une ardente obligation"

Sur quelques notes de Caravan Palace, Bernard-Henri Lévy s'avance à la tribune. Laurence Parisot introduit son intervention : "Il n'est pas nécessaire d'aller sur une fiche de Wikipédia pour savoir qui est Bernard-Henri Lévy. Vous êtes l'incarnation de l'intelligentsia française telle que nous l'aimons." Elle lit un extrait d'un de ses articles paru dans L'Express.

Chemise blanche aux manches retroussées, Bernard Henri-Lévy signifie qu'il souhaite avoir un rendez-vous privé avec le fondateur de Wikipedia, qui l'a précédé au pupitre. "J'ai des réclamations à faire sur une fiche Wikipedia, la mienne". "Je ne suis pas un fanatique de ce concept d'intégration. Il y a toujours eu derrière ce mot un parfum d'uniformisation." Il lui préfére la désintégration, la dissidence, le fait de faire un pas hors du rang. "Il y a tout de même un terrain où cette affaire d'intégration est en train de se poser dans des termes possiblement apocalyptiques, c'est celui de la construction européenne." Il poursuit : "L'Europe s'est déjà plusieurs fois construite et déconstruite, intégrée et désintégrée". Il rappelle ensuite deux grands précédents ratés pour la monnaie unique : l'Union latine et l'Union scandinave. "Deux autre cas de monnaie unique ont réussi, mais à grand peine, et parce que des hommes d'Etat courageux et imaginatifs les ont instauré : l'invention du mark et celle du dollar".

"Nous serons les contemporains d'une crise de l'Europe, s'il ne se trouve pas chez nous des hommes politiques capables de relever ce défi politique avec une détermination absolue. Aujourd'hui, c'est intégration européenne ou misère, intégration européenne ou chaos. Si des hommes politiques ont le courage de ne pas avoir l'Europe frileuse, honteuse, alors l'Euro survivra et l'Europe ne se désintégrera pas ». Il cite à ce sujet de Gaulle et son "ardente obligation".

15h20 - Jean-Marc Ayrault : "Le gouvernement a besoin des chefs d'entreprise comme il a besoin des salariés."

Les points forts grâce au "live tweet" de notre correspondante sur place.

A l'adresse des Français :

- La France, ce n'est pas n'importe quel pays mais elle a besoin de repartir de l'avant.

- Je veux éviter les effets d'annonces qui se transforment en annonces sans effets.

La négociation comme maître mot :

- Le gouvernement a besoin des chefs d'entreprise comme il a besoin des salariés.

- Ce n'est pas la première fois que nous nous serrons la main avec Laurence Parisot et ce n'est sans doute pas la dernière.

A l'adresse des entreprises :

- Je connais vos inquiétudes concernant vos carnets de commandes et vos taux de marges.

- Vous pouvez compter sur le soutien du gouvernement

- Nous avons besoin de vous pour réussir le redressement du pays.

- Il faut que nos entreprises soient fortes pour être créatrices d'emplois.

- Je n'ai qu'une demande à vous faire, c'est d'aider les jeunes.

Réforme bancaire et financement de l'économie :

- La réforme bancaire sera présentée d'ici la fin de l'année.

- La supervision des banques doit être réalisée avec la BCE.

- Le texte sur le doublement du plafond du LDD sera publié dés septembre.

Économies d'énergie et nucléaire :

- La part du nucléaire dans la production d'électricité sera ramenée de 74% à 50% à l'horizon 2025.

- Un plan sans précédent d'économies d'énergie sera lancé.

- Le grand chantier de la transition énergétique doit être porté à l'échelon européenne.

Crédibilité financière et financement de la protection sociale :

- Il faut renforcer la crédibilité financière de notre pays.

- Il n'y a pas de sujet tabou. Le financement de la protection sociale en était un.

- Nous définirons un nouveau modèle de financement de la protection sociale.

 

14h30 - Laurence Parisot : "Nous ne faisons pas semblant d'aller mal pour obtenir"

La présidente du Medef se lance : « Nous allons ouvrir l'université d'été 2012, et pas n'importe comment, puisque nous avons l'honneur d'accueillir le Premier ministre ». La salle applaudit. Elle poursuit : « Vous voyez, nous sommes heureux que vous soyez parmi nous. C'est une ambiance tonique, créative, ouverte aux rencontres multiples ».

Laurence Parisot explicite ensuite le thème de l'Université d'été, à savoir "Intégrer" : "Je pense avant tout au projet européen, à l'ambition que nous pourrions tous avoir de faire sorte que, face aux défis inouïs de la zone euro et de l'Union européenne, nous soyons tous capables de définir un nouveau grand dessein".  Avant d'ajouter : "Il faut intégrer la nouvelle donne, celle d'un monde résolument ouvert, hyper concurrentiel, dont le centre de gravité s'est déplacé vers l'Est".

Elle rappelle ensuite les obstacles que rencontrent aujourd'hui les entreprises : le taux de marge brute tombé à 28,6%, les demandes de délais de paiement des TPE et PME qui sont en hausse, le taux de prélèvements obligatoires qui s'élève à 24,8%... "Toutes ces données sont des signaux qu'il faut regarder et qu'il faut entendre". Ayrault reste impassible, hoche parfois la tête. Laurence Parisot persiste : "Tel l'Albatros de Baudelaire, empêtré, gauche, les entreprises sont entravées par des réglementations de toutes sortes". La présidente du Medef balaie aussi les atouts des entreprises françaises : le prix bas de l'électricité, le dialogue social (34 000 accords ont été signés l'an dernier), l'énergie entrepreneuriale. "Nous ne faisons pas semblant d'aller mal pour obtenir. Nous vous demandons d'entendre notre diagnostic", conclut-elle. Les applaudissements sont nourris.
 

14h15. Laurence Parisot, la présidente du Medef, prend la parole. Le premier ministre Jean-Marc Ayrault se tient à ses côtés.

> VIDEO - Suivez le discours inaugural en direct

13h00. Nous ne sommes pas à la Fête de la Rose, mais à l'Université d'été du Medef. Pourtant c'est bien la couleur choisie par l'organisation patronale pour son événement annuel. Sur le campus d'HEC, à Jouy-en-Josas, les tee-shirts manches longues roses sont noués autour du cou sur les costumes sombres. L'ambiance est détendue, en mode garden-party : chefs d'entreprises et cadres du Medef pique-niquent sur les poufs roses installés dans de petits coins de verdure, ou flânent dans l'espace librairie.

Les salles de classe, transformées en salons privés pour le déjeuner, attendent leurs invités. Et le tableau d'honneur des majors d'HEC est, pour l'occasion, encadré d'écrans qui diffusent le programme des conférences.

Au "bar", rebaptisé « espace business développement », les visiteurs se pressent pour un café ou une glace, entre les stands "Créer votre mini-entreprise" ou "l'assurance chômage pour les entrepreneurs". Un billard et un baby-foot sont à la disposition des plus joueurs, et un espace de relaxation a été prévu avec un atelier de massages shiatsu.
Les journalistes arrivent au compte-gouttes et le club presse est encore vide. Frédéric Oudéa, PDG de Société Générale est, lui, déjà sous les projecteurs du stand Bloomberg.
La grande tente dressée pour les conférences plénières se remplit peu à peu, dans l'attente de l'allocution d'ouverture du Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

> DOCUMENT - Le programme de l'Université du Médef