Arnaud Montebourg : «Nous préférons l'entrepreneur au spéculateur»

Par Laura Fort  |   |  468  mots
Copyright Reuters
Université d'été du Medef - L'intervention du ministre du redressement productif était particulièrement attendue ce vendredi. Retour sur sa prestation qui n'a pas manqué de faire réagir le président de Sodexo, également présent.

Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, prend maintenant le micro. « Je ne m'attendais pas à trouver une salle couverte de pulls roses ! Le redressement productif ne peut pas réussir sans une certaine forme d'unité autour d'un objectif national. On ne peut pas réussir sans se parler. Redressement productif : cette expression est une inspiration de l'après grande crise aux Etats-Unis. Chacun a compris que la France a pris de sérieux coups durs sur le plan industriel. Et un pays qui ne produit plus, ou de moins en moins, est dans la main d'autres pays qui produisent.

Mon ministère est celui du patriotisme économique : tous les pays qui ont réuni grands groupes, petites entreprises, politiques, ont réussi à réconcilier les forces. Les modèles qui sont sortis renforcés de la crise sont ceux où l'Etat arrive à fédérer autour de choix politiques ».

Il poursuit : « Nous préférons l'entrepreneur au spéculateur. Nous avons besoin que les financiers soient au service des entrepreneurs, pas qu'ils les dominent. J'ai dit au président de la République que ce mandat me soit confié pour cinq années parce que j'ai besoin de cinq années pour obtenir des résultats. Pierre après pierre, il faut reconstruire l'économie française là où elle est faible, et nous allons pousser et booster l'économie française là où elle est forte. Les objectifs sont simples : que dans cinq ans nous ayons un commerce extérieur à peu près à l'équilibre, que l'emploi industriel soit positif. Nous avons besoin pour ça d'audace, d'esprit d'entreprise, d'innovation, de prise de risque. Un pays qui a peur est un pays qui se meurt. Comment alors soutenir la compétition économique, ne serait-ce que dans l'Union européenne ? A travers plusieurs facteurs : un prix bas de l'énergie, la rémunération du capital et le coût du travail et de la protection sociale. Nos brevets sont un trésor, mais il est enfermé, presque caché. Nous souhaitons mettre à la disposition des PME l'ensemble des découvertes et des innovations, et faire en sorte que la puissance publique mette ses atouts au service de la production. Il faut faire en sorte qu'on passe de la découverte à la production ».

Pierre Bellon, président de Sodexo, a un message personnel à adresser au ministre : « Je sais qu'il ne faut pas parler après un ministre, mais je me fous des conventions. En tant que chefs d'entreprise, nous avons beaucoup apprécié votre interview dans Les Echos sur l'esprit d'entreprise. Mais dans cette même interview, vous nous expliquez comment nous devons diriger notre entreprise. On en a ras-le-bol de s'entendre dire ce que nous devons faire avec nos actionnaires, avec notre personnel, avec nos syndicats et avec les consommateurs ! »