Déficit commercial : les années se suivent...

Par Fabien Piliu  |   |  502  mots
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Le déficit commercial de la France a dépassé les 4 milliards d'euros en juillet. Sans les performances d'Airbus, il serait encore plus important. Le plan PME du gouvernement contiendra plusieurs mesures permettant de stimuler l'export. La balance commerciale est dans le rouge depuis 2004.

Les mois, les trimestres, les années passent et se ressemblent. En juillet, la balance commerciale tricolore était une nouvelle fois déficitaire, à hauteur de 4,2 milliards d'euros. Certes, ce montant est le plus faible observé depuis le début de l'année. Mais ce mini-événement est trop anecdotique pour susciter la moindre satisfaction.

Airbus, l'arbre qui cache la forêt

Pour deux raisons. La première, ce sont encore et toujours les ventes d'Airbus qui tirent les exportations. « Les exportations de matériels de transport, qui bénéficient d'un
niveau record de livraisons d'Airbus, de la vente de deux satellites et d.une légère reprise des expéditions d'automobiles, rebondissent (+ 9,4 %, après - 11,1 % en juin). En revanche, la plupart des autres produits manufacturés s'inscrivent en baisse, notamment celles de produits chimiques », observent les Douanes. Sans le secteur aéronautique, le déficit commercial se creuserait davantage. En juillet, les exportations agricoles, les ventes de produits issus de l'industrie agroalimentaire, de biens intermédiaires ont notamment fléchit en raison de la faiblesse de la demande européenne, l'Union européenne représentant toujours les deux tiers de nos ventes à l'étranger

L'Europe, une destination si évidente

Cette concentration géographique des exportations tricolores est l'autre sujet qui fâche. Pour des raisons historiques, culturelles, et évidemment géographiques, l'Union européenne reste la destination préférée des produits siglés made in France. « Les ventes progressent vers l'Union européenne, en particulier l'Allemagne et l'Italie, mais diminuent vers les pays tiers. La baisse vers l'Asie [machines industrielles, équipements électroniques, produits chimiques et pétrole raffiné] l'emporte sur la hausse des livraisons d'Airbus au Proche et Moyen-Orient.

L'Europe ne tire plus la croissance mondiale

Les autres évolutions sont plus mesurées : légères hausses vers l'Afrique et l'Europe hors Union européenne, effritement vers l'Amérique », poursuivent les Douanes. C'est regrettable. Selon l'OCDE, le PIB de la zone euro ne progresserait que de 1,4% cette année, contre des hausses de 2,3% aux Etats-Unis, de 2,2% au Japon. Le gouvernement chinois vise une croissance de 7,5%.

Le gouvernement est lucide

Commentant ce repli du déficit commercial, Nicole Bricq, la ministre déléguée au Commerce extérieur évite tout triomphalisme. "Il faut analyser ces chiffres avec lucidité : pour l'essentiel, ils sont liés à une baisse des importations qui traduit la crise grave contre laquelle le gouvernement se mobilise. Néanmoins, le rebond des exportations de l'industrie automobile et la hausse des excédents des matériels de transport sont des bonnes nouvelles. Cette amélioration conjoncturelle doit être accompagnée de réformes structurelles profondes qu'il faut mettre en ?uvre, la réforme des financements, la structuration des filières, l'accompagnement des entreprises à l'export... Je m'y emploie. »,  a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Le plan PME du gouvernement qui contiendra plusieurs mesures soutenant l'export est donc attendu avec impatience. Il sera dévoilé à la fin du mois. Il faut remonter à 2003 pour observer une balance commerciale excédentaire.