Florange : le gouvernement a deux mois pour trouver un repreneur

Par latribune.fr  |   |  590  mots
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La direction d'ArcelorMittal a annoncé ce lundi matin lors d'un comité central d'entreprise (CCE) son intention de fermer définitivement les hauts fourneaux de Florange. Le groupe donne 60 jours au gouvernement pour qu'il tente de trouver une entreprise susceptible de reprendre l'exploitation de la phase liquide de l'usine.

La fin d'une histoire à Florange ? Ce lundi, la direction d'ArcelorMittal a annoncé la fermeture des deux hauts fourneaux de l'usine. Toutefois, elle dit avoir "accepté la demande du gouvernement français pour que celui-ci recherche un repreneur pour la phase liquide de Florange au cours des 60 prochains jours", comme elle l'explique dans un communiqué.

Eviter un nouveau drame social

Cet arrêt signifie que 629 salariés (500 dans la filière liquide et 129 dans les fonctions support) sur les 2.500 employés à Florange (Moselle) se retrouveront au chômage, sans compter les sous-traitants. Le groupe affirme dans un communiqué "qu'il est possible d'éviter tout licenciement sec".

C'est pour éviter un nouveau drame social dans la région, après la fermeture du site de Gandrange en 2009, que Florange est devenu l'une des priorités d'Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif. Vendredi, en visite sur le site, il avait promis l'adoption sous trois mois d'un texte de loi visant à forcer la vente des deux hauts fourneaux par ArcelorMittal en cas d'arrêt de ces derniers. Lakshmi Mittal a même été  reçu par le président de la République vendredi, alors que Jean-Marc Ayrault et Aurélie Filipetti, ancienne élue dans la région, sont eux aussi montés au créneau pour accentuer la pression sur le groupe de production d'acier.

Le sort de Dunkerque lié à Florange

Pour des raisons de logique industrielle, la direction d'ArcelorMittal s'est jusqu'à présent refusée à dissocier l'ensemble des installations du site de Florange, comprenant notamment les hauts fourneaux et la cokerie qui alimente un autre de ses usines, celle de Dunkerque. Le sort de celle-ci est lié à celui de Florange puisqu'ArcelorMittal a décidé de l'inclure dans la cession. Toutefois, le groupe précise qu'elle ne compte pas fermer cette cokerie. 

"Nationaliser la sidérurgie"

Arnaud Montebourg avait fait savoir que l'Etat serait prêt à racheter les hauts fourneaux pour un euro symbolique avant de les revendre à un repreneur. De plus, le ministre a demandé à la direction d'ArcelorMittal d'injecter au moins 150 millions d'euros sur la partie du site qu'elle conserverait. Par ailleurs, le groupe socialiste doit déposer dans la semaine une proposition de loi permettant le rachat de sites aux industriels qui veulent s'en débarrasser. Le texte pourrait être voté d'ici la fin de l'année.

En arrivant au siège à Saint-Denis, près de Paris, le délégué FO Walter Broccoli a appelé l'Etat à "nationaliser la sidérurgie". De son côté, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a dit souhaiter  une "maîtrise publique" des activités sidérurgiques à Florange. Les représentants syndicaux ont insisté sur la nécessité de ne pas scinder les activités de l'usine. 

Baisse de 25% des commandes d'acier depuis 2007

ArcelorMittal justifie l'arrêt des hauts fourneaux de Florange, après ceux de Gandrange, par une forte baisse de la demande d'acier dans le monde et un coût de production trop élevé en Europe. La World Steel Association (WSA) estime à 25% la baisse des commandes d'acier dans le monde depuis 2007. Un constat également relevé par l'expert Pascal Faure dans son rapport remis fin juillet au nouveau gouvernement. Toutefois, cet expert n'exclut pas un renversement de tendance dans les prochains mois, nourrissant ainsi le relatif optimisme du ministre Montebourg. Lakshmi Mittal a déja tranché: 16 des 25 hauts fourneaux européens de son groupe sont désormais fermés pour une durée indéterminée, et deux le sont définitivement, ceux de Liège en Belgique.