L'Union européenne discrédite l'étude qui pointe la toxicité de certains OGM

Par Fabien Piliu, avec l'AFP  |   |  635  mots
Copyright Reuters
L'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a jugé "insuffisante" l'étude du chercheur français Gilles-Eric Séralini de l'université de Caen. La toxicité du maïs OGM NK 603 et du Round Up commercialisés par l'entreprise américaine Monsato.

Encore un coup d?épée dans l?eau pour les anti-OGM. Ce jeudi, l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a jugé "insuffisante" l'étude du chercheur français Gilles-Eric Séralini de l?université de Caen sur la toxicité du maïs OGM NK 603 et du Round Up, produits par l?entreprise américaine Monsanto basée à Saint Louis dans le Missouri.

"Sans ces éléments, il est peu probable que l'étude se révèle fiable, valide et de bonne qualité. L'article est d'une qualité scientifique insuffisante pour être considéré valide pour l'évaluation des risques. La conception, le système de rapport des données et l'analyse de l'étude, tels que présentés dans le document, sont inadéquats. Les nombreuses questions relatives à la conception et à la méthodologie de l'étude telles que décrites dans l?article impliquent qu'aucune conclusion ne peut être tirée au sujet de l'occurrence des tumeurs chez les rats testés ", a indiqué l'EFSA dans un communiqué.

Une seconde étape

L?examen préliminaire publié jeudi "constitue la première étape d?un processus qui se déroulera en deux phases. Une seconde analyse, plus complète, sera publiée d'ici la fin octobre 2012", précise l'EFSA. L'avis préliminaire est la conclusion d'une analyse de l'article publié le 19 septembre par le chercheur français dans la revue Food and Chemical Toxicology sur les résultats de ses travaux sur l'alimentation d'un groupes de rats avec un maïs OGM, le NK603. Le second examen inclura un résumé des évaluations réalisées par les Etats membres sur l'article, notamment les études menées en Allemagne et en France. Lundi, l'Institut fédéral pour l'évaluation des risques en Allemagne (BfR) a déjà rendu un avis négatif sur l'étude Séralini.

Ce constat fait, l'EFSA invite « les auteurs à partager certaines informations additionnelles essentielles afin de lui permettre d?acquérir la compréhension la plus complète possible de l'étude. Les auteurs de l'étude auront l?opportunité de fournir à l'Autorité la documentation sur laquelle ils se sont basés ainsi que les procédures relatives à leur étude afin que l?EFSA acquière la compréhension la plus complète possible de leurs travaux", explique l'agence.

Lors de la publication de l'étude, Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre avait déclaré que si le danger des OGM était vérifié, la France "défendrait au niveau européen" leur interdiction. "Si des faits scientifiques nouveaux sont démontrés, nous en tirerons les conséquences", avait pour sa part assuré la Commission européenne.

Fin de non-recevoir du chercheur

Gilles-Éric Séralini n?a pas tardé à réagir. Quelques heures après la publication de ce communiqué, il a indiqué qu?il ne donnerait aucune donnée supplémentaire à l?EFSA. "Nous attendons qu'ils fournissent ceux les éléments qui ont permis d'autoriser cet OGM et ce pesticide en particulier, mais aussi les autres OGM. Il est absolument scandaleux qu'ils (l'Efsa) gardent secrètes les données qui leur ont permis d'évaluer cet OGM et ce pesticide. De toute façon, on ne leur donnera rien à eux. On mettra ça sur un site public quand eux l'auront fait", a poursuivi le professeur de biologie moléculaire. Les anti-OGM ont déjà repris leur lutte. L'organisation les Amis de la Terre a accusé l'autorité européenne de "placer les intérêts de l'industrie agroalimentaire et des biotechnologies avant la sécurité des consommateurs".

Selon un sondage IFOP réalisé pour Dimanche Ouest France juste après la publication de l?article du chercheur français, 79% des personnes interrogées s'inquiètent de la présence éventuelle d'OGM dans l'alimentation.