Croissance : le gouvernement attend de pied ferme les chiffres de l'Insee

Par latribune.fr  |   |  461  mots
Pierre Moscovici. Le ministre de l'Economie confirmera sans doute ce jeudi, la prévision de croissance pour 2013 (+0,8%)Copyright Reuters
L'Insee publie ce jeudi matin les premières estimations concernant la croissance au troisième trimestre. Le résultat sera proche de zéro, mais le commentaire politique changera du tout au tout selon que le résultat est positif ou négatif.

L'Insee publiera ce jeudi matin, à 7h30 précisément, une première estimation concernant l'activité économique au troisième trimestre. Croissance? Ou baisse du PIB? Même si cela se joue au dixième près, et donc même si la signification économique d'un écart entre +0,1% et -0,1% est proche de... zéro, le chiffre publié sera abondamment commenté. Qu'il soit négatif, et les commentaires iront bon train sur la possible entrée de l'économie française en récession (il faut deux trimestres consécutifs de baisse du PIB pour caractériser une telle situation). S'il est positif, le gouvernement arguera que le redressement des comptes publics n'empêche pas l'activité économique de progresser, cahin caha. Même si les hausses d'impôt ne concernent en fait que la suite des événements: elles impacteront surtout 2013. Et le chiffre du troisième trimestre peut-être tout simplement de zéro: c'est le cas depuis le dernier trimestre de 2011. On aboutirait alors à une année entière de croissance zéro, trimestre après trimestre, ce qui ne s'est jamais vu.

Un troisième trimestre positif?
Un indice donne à penser que le chiffre du troisième trimestre pourrait être positif : c'est ce que le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, avait suggéré voilà quelques jours, et il a d'ailleurs convié la presse ce jeudi en fin de matinée : les ministres convoquent plus volontiers les journalistes quand les nouvelles sont favorables....
Si le PIB s'inscrit en légère hausse, ce sera bien la seule bonne nouvelle conjoncturelle de ces derniers jours. On a appris récemment que l'emploi salarié a chuté de 50.000 au cours de ce même troisième trimestre, et que l'investissement industriel baissera en 2013. Sur l'ensemble de 2012, le PIB devrait à peine progresser (le gouvernement prévoit +0,3%). Et, sauf grosse surprise, le troisième trimestre ne changera cette estimation qu'à la marge.

Plus beaucoup d'illusions pour 2013
Quoi qu'il en soit, en dépit de déclarations officielles lénifiantes, le gouvernement ne se fait plus beaucoup d'illusions sur la croissance de 2013, compte tenu de l'environnement européen qui reste déplorable -récession en Espagne, Italie... L'exécutif table toujours sur +0,8%, mais la commission européenne comme le FMI divisent ce chiffre par deux. Avec une croissance inférieure ou égale à 0,4%, le déficit public serait au-delà de l'objectif de 3% du PIB. François Hollande a commencé à préparer le terrain, à l'occasion de sa conférence de presse. Il a déclaré vouloir maintenir cet objectif mais demandé «de la souplesse» aux Européens dans leur appréciation, dans le courant de l'année prochaine. «C'est entre Européens que nous devons nous poser ces questions-là, à quel rythme aller», a déclaré François Hollande.