"Nationaliser Florange n'aurait rien de rationnel"

Par Propos recueillis par Jean-Christophe Chanut  |   |  369  mots
Hervé Mariton, député UMP de la Drôme; Copyright Reuters
Député UMP de la Drôme, Hervé Mariton, l'un des spécialistes des finances publiques du parti, n'estime pas raisonnable la proposition d'Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, de nationaliser le site sidérurgique de Florange. "l'analyse rationnelle n'a pas été faite" lance t-il considérant, en outre, que l'Etat n'avait pas les moyens financiers pour intervenir.

Que pensez-vous de la proposition d'Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, de nationaliser provisoirement le site sidérurgique de Florange ?

- Hervé Mariton. Je pense que c'est absurde. Non seulement l'Etat n'a pas les moyens financiers puisqu'il faudra indemniser Mittal. Mais en plus, je ne vois pas la stratégie industrielle qui accompagne cette annonce. Nationaliser pour quoi faire? Ce n'est pas une évidence industrielle. On ne connaît même pas le périmètre exact de cette éventuelle nationalisation. Qu'Arnaud Montebourg s'explique devant le Parlement. Attention, je ne dis pas que Mittal n'est pas responsable de la situation mais, en tant qu'élu, je n'ai pas la possibilité de peser sur cette entreprise. En revanche, j'ai le droit de demander à Arnaud Montebourg de rendre des comptes sur ses actes et déclarations.

Craignez-vous que les déclarations d'Arnaud Montebourg rebutent d'éventuels investisseurs étrangers ?
- Je m'interroge : Arnaud Montebourg compte t-il traiter tous les dossiers de la même façon que Florange ? Si c'est le cas, il va aggraver le climat déjà dégradé entre les entreprises et l'Etat et il va isoler encore un peu plus la France dans l'Europe et le monde. Car des nationalisations-sanctions, il n'y en a pas eu récemment, nulle part. En France, il faut remonter à la fin de la deuxième guerre mondiale !

Mais aux USA, Obama a bien décidé en 2009 de nationaliser une partie de l'industrie automobile ?
- Il s'agissait nettement plus d'une nationalisation de trésorerie, et non structurelle. Là, avec Florange, on entre mais on ne voit pas quand l'on sort... Pourquoi le Fonds stratégique pour l'investissement (FSI) n'intervient-il pas en appui d'un investisseur privé ? Cela prouve bien que l'analyse rationnelle n'est pas faite !

Nicolas Sarkozy, encore président, avait lui aussi promis de faire quelque chose pour Arcelor Mittal..

- C'est exact, en déclarant "je vais trouver une solution", il avait été imprudent. La nouvelle majorité ne doit pas répéter cette erreur. D'ailleurs, plus globalement, je me demande combien vont nous coûter chacune des promesses électorales de la majorité. Rien que la fermeture de la centrale de Fessenheim peut représenter un coût allant jusqu'à 10 milliards d'euros.