Pauvreté en France, un phénomène qui s'amplifie

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  587  mots
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Une conférence sur la pauvreté se tient à Paris les 10 et 11 décembre. En 2010, le taux de pauvreté a atteint 14,1% , son plus haut niveau depuis 1997. Plus de 8,5 millions de Français vivent avec moins de 964 euros par mois. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault interviendra en clôture de la conférence. Il devrait annoncer des mesures puisée dans le rapport que lui a remis Jean-Baptiste de Foucault qui prône "un droit au parcours accompagné vers l'emploi".

Le gouvernement a ouvert lundi la conférence nationale de lutte contre la pauvreté, en affichant sa volonté d'en finir avec "la stigmatisation" des personnes démunies, tout en concédant que ce rendez-vous, censé déboucher sur un plan pluriannuel, ne "réglerait pas tout". Il faut dire que les chiffres sont accablants. Le le taux de pauvreté a atteint 14,1% en 2010, son plus haut niveau depuis 1997, Ce qui signifie que plus de de 8,5 millions de Français vivent avec moins de 964 euros par mois. Un Français sur cinq déclare avoir renoncé aux soins pour raisons financières et 3,5 millions de personnes sont mal logée et  800.000 personnes ont recours à l'aide alimentaire.

5% de fraude au RSA

La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine a prôné un "véritable changement de méthode" par rapport au gouvernement précédent, mettant en cause "les discours stigmatisants" sur l'assistanat. A cet égard, la ministre déléguée chargée de la lutte contre l'exclusion, Marie-Arlette Carlotti, a renchéri: "les personnes démunies ne choisissent pas la pauvreté, elles n'en profitent pas, elles la subissent". Et de rappeler que la Caisse d'allocation familiale évaluait à 5% la fraude au RSA (revenu de solidarité active) et que 68% des bénéficiaires potentiels du RSA activité ne le demandaient pas. Les attentes des associations sont extrêmement élevées. La plupart demandent notamment une revalorisation du RSA, qui a décroché par rapport aux revenus du reste de la population et a évolué plus lentement que le Smic.

Le rapport de Foucault  prône "un droit au parcours accompagné vers l'emploi

Mais en période d'austérité budgétaire, le gouvernement n'a que très peu de marges de manoeuvre. Jean-Marc Ayrault, qui viendra cloturer les travaux de la conférence demain mardi 11 décembre, pourra s'appuyer sur le rapport commandé à Jean-Baptiste de Foucault qui préconise "un droit au parcours accompagné vers l'emploi" pour les personnes en situation de précarité. Ce rapport (qui comprend 34 mesures concrètes), prône notamment une aide à la création d'entreprise, l'extension du RSA aux jeunes peu qualifiés non attributaires des contrats d'avenir. Surtout, mesure choc, devant l'ampleur du phénomène de la pauvreté, jean-Baptiste de Foucault avance une idée extrêmement volontariste: "si dans deux ans les mesures précédents [exposées dans son rapport . NDLR] n'ont pas suffit à améliorer significativement l'accès à l'emploi des personnes en situation de pauvreté et à réduire le nombre des allocataires du RSA socle (...) mettre en place, après un débat sur le sconditions de mise en oeuvre, un prinicpe d'embauche d'une proportion déterminée de chômeurs de longue durée par les administrationss et les entreprises, sous peine du  versement d'une taxe dont le produit serait affecté au financement de contrats aidés ou d'aides à l'insertion".

Quelques mesures sont déjà sur la table. La ministre de l'Energie, Delphine Batho, a annoncé ce lundi 10 décembre que les tarifs sociaux de l'énergie seraient étendus prochainement à 830.000 personnes supplémentaires. Pour parer à l'urgence du manque de logements, le président du Cese, Jean-Paul Delevoye, suggère d'édifier "des villages de bungalows pour les mal-logés". En marge de la conférence, la ministre du Logement, Cécile Duflot, a annoncé la création de "plusieurs milliers de nouvelles places d'hébergement dès 2013". Selon son entourage, 4.000 places pourraient être réservées pour l'hébergement d'urgence et 4.000 autres pour les centres d'accueil pour demandeurs d'asiles (CADA).