La France compte 2,5 millions de personnes illettrées

Par Fabien Piliu  |   |  480  mots
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C'est l'un des enseignements majeurs d'une étude de l'Insee publiée ce mardi. Au total, 7% de personnes vivants en France ont des difficultés graves ou fortes à l'écrit. En 2004, ce taux était légèrement plus élevé (9%).

Voici un dossier de plus qui vient d'atterrir sur le bureau déjà bien encombré de Vincent Peillon, le ministre de l'Education nationale. Outre la réforme des rythmes scolaires et le contenu pédagogique, celui-ci devrait également s'attacher à lutter contre l'illettrisme qui touche 2,5 millions de personnes en France. "Par définition, le terme « illettrisme » ne s?applique qu?aux personnes ayant été scolarisées en France". précise l'Institut.

Selon l'enquête Information et vie quotidienne (IVQ) conduite en 2011 par l'Insee et dévoilée ce mardi, 7% de personnes âgées de 18 à 65 ans ont des difficultés graves ou fortes à l'écrit. Seule consolation, ce taux a légèrement reculé depuis 2004. Il s'élevait alors à 9% comme le rappelle l'agence nationale de luttre contre l'illettrisme (ANLI).

Cette enquête porte sur la maîtrise de trois compétences fondamentales : déchiffrer -lecture de mots-, écrire -production de mots écrits- et comprendre ce qui est lu. Ces trois compétences sont évaluées à partir d'exercices reprenant des situations de la vie quotidienne qui révèlent les types de difficultés rencontrées et leur ampleur variable.

Une personne sur six a des difficultés

Ainsi, parmi les adultes de 18 à 65 ans, seulement 5% éprouvent des difficultés en lecture de mots, mais ils sont 11% à batailler en production de mots et 15% en compréhension. «Au total, une personne sur six résidant en France métropolitaine éprouve des difficultés au moins partielles, dans un des trois domaines fondamentaux de l'écrit», détaille l'enquête qui constate également une tendance au cumul des mauvaises performances.

Ainsi, près d'une personne sur deux en difficulté à l'écrit l'est également en compréhension orale ou en calcul. «Ce cumul n'est pas pour autant systématique : 21% des personnes en difficulté à l'écrit, par exemple, réalisent d'excellentes performances en compréhension orale», tempère l'Insee.

Les femmes préfèrent les lettres

Autre enseignement : excepté pour la compréhension orale, l'écart entre hommes et femmes est marqué. Ainsi, près de 20% des femmes ont des résultats médiocres en calcul contre 14% des hommes; seulement 24% d'entre elles ont d'excellents résultats dans ce domaine (au moins 80% de réussite) contre 35% chez les hommes. «L'avantage masculin dans les disciplines mathématiques apparaissait déjà dans l'enquête de 2004 et dans des enquêtes centrées sur les jeunes comme l'enquête internationale auprès des élèves de 15 ans», rappelle l'Institut.

Cet avantage s'inverse à l'écrit: la proportion d'hommes qui éprouvent des difficultés est plus forte que celle des femmes (17% et 15%) et ce, dans les trois domaines de l'écrit. De plus, lorsqu'ils ont des difficultés, celles-ci sont plus souvent graves ou fortes. L'écart est surtout important en production de mots : 51% des hommes en difficulté à l'écrit manifestent des difficultés graves ou fortes dans ce domaine contre seulement 41% des femmes.