L'économie française est-elle « visqueuse » ?

Par Fabien Piliu  |   |  541  mots
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Selon l'institut COE-Rexecode, elle se distinguerait par sa capacité à résister aux chocs en période de crise et à redémarrer moins vite que les autres lorsque la croissance mondiale repart.

Visqueuse, vous avez dit visqueuse ? Selon la dernière étude de l?institut COE-Rexecode, l?économie française se distinguerait des autres économies développées par sa « viscosité » !

« La France est avec le Canada le pays où la ?perte? de PIB, c?est-à-dire l?écart de PIB entre le pic de la période d?expansion et le creux de la récession, a été la plus faible : quatre points pour la France contre près de cinq pour les Etats-Unis, six pour le Royaume-Uni, sept pour l?Italie et l?Allemagne. Mais c?est aussi un des pays où le rebond - un peu moins de quatre points de PIB pour la France - s?est avéré le plus modeste, certes plus élevé que celui du Royaume-Uni et de l?Italie, mais loin derrière celui des Etats-Unis [près de 7 points] ou de l?Allemagne [9 points] », explique Michel Didier, le président de l?institut et auteur de ce billet.

Une perte de vitesse qui date au début des années 2000

Pour expliquer ce phénomène, l?institut évoque la perte de vitesse de la France dans le commerce mondial entamée au début des années 2000 qui se serait soldée par un taux d?ouverture en baisse.

Après avoir baissé tout au long des années 2000 avant de remonter un peu en fin de période, ce ratio de la somme des importations et des exportations rapportée au PIB était en 2011 au même niveau qu?en 2000 alors qu?il a augmenté de 12 % en Italie, de 16 % au Royaume-Uni, de 44 % en Allemagne.

La France, un pays plus fermé au monde que les autres ?

« Résultat, après plus de dix ans de perte de compétitivité, la France est devenue un pays relativement plus fermé aux échanges extérieurs. Cette « fermeture » relative explique en partie la résistance à la crise mondiale. Mais elle explique aussi la résistance au rebond de l?économie mondiale et elle constitue un handicap pour notre croissance potentielle » poursuit l?économiste qui revient par ailleurs sur l?effet attendu du crédit d?impôt pour la compétitivité et l?emploi (CICE) dévoilé en novembre par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Selon Michel Didier, ce dispositif ouvert à toutes les entreprises ne fera que desserrer « un peu » la contrainte des coûts.

« Pour en apprécier l?enjeu, il est utile de le resituer dans son contexte global. L?année 2012 a été marquée par une hausse historique des prélèvements obligatoires. Pour les entreprises, les prélèvements supplémentaires seront de l?ordre de 18 milliards d?euros en 2013, puis d?environ 15 milliards les années suivantes. En contrepartie, en termes de flux réels, le CICE se traduira par un allégement de 10 milliards d?euros en 2014, 15 en 2015 et 20 à partir de 2016. Le bilan global des prélèvements et allégements de charges sera donc négatif jusqu?en 2015 », calcule-t-il. Dans ce contexte, il estime que la reconstitution des marges, à leur plus bas niveau en 2012, est encore « lointaine ». Entre 2011 et 2012, le taux de marge a reculé de 0,3 point pour toucher un plancher historique de 28,2% selon l'Insee Il s'élevait à 38,3% en 2000...