La flexisécurité, une arme (fatale) anti-chômage ?

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  642  mots
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Alors que la négociation sur l'emploi est en passe de se terminer, selon une étude à paraître réalisée par le cabinet de consultants Roland Berger, il existe une corrélation forte entre le niveau de flexi-sécurité et le taux de chômage". Selon cette étude, la France est le seul pays a ne pas voir vraiment se flexibiliser son marché du travail depuis 20 ans. Le cabinet propose des axes de flexibilité interne et externe.

C'est le sujet du moment. Alors que les partenaires sociaux devraient conclure (ou échouer à conclure), au plus tard demain vendredi 11 janvier, un accord sur l'emploi donnant davantage de flexibilité aux entreprises tout en sécurisant certains aspects de l'emploi, le cabinet de consultants Roland Berger est en passe de finaliser une analyse sur le marché de l'emploi. Cette étude, qui sera publiée d'ici la fin janvier, met en évidence "une corrélation de plus en plus forte entre niveau de flexisécurité et taux de chômage dans les différents pays", selon Dominique Gautier, Senior Partner chez Roland Berger et co-responsable de l'étude.

Quasiment tous les pays ont flexibilisé leur marché du travail... sauf la France

Selon les conclusions de cette analyse , "sur les 20 dernières années, tous nos voisins européens ont fait évoluer substantiellement leur modèle de marché du travail. Tous ont davantage flexibilisé les contrats de travail. La très grande majorité a amélioré le niveau de sécurité des parcours professionnels en augmentant les dépenses publiques pour l'emploi (active et passive). Seules la Suède, l'Allemagne et la Finlande ont réduit le niveau de sécurité pour revenir à un niveau comparable à la France. Les pays anglo-saxons (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni) restent dans un modèle à très fort niveau de flexibilité".

Quant à la France, selon l'analyse de Roland Berger, elle semble atypique dans ce mouvement d'adaptation du marché du travail, en restant immobile, tant sur la flexibilité que sur la sécurité L'indice de flexisécurité conçu par Roland Berger (un indice composite qui tient compte de divers éléments permettant tant une flexibilité du travail qu'une certaine sécurité de l'emploi) montre que la France se situe maintenant dans le bas du tableau, rattrapée par l'Espagne, le Portugal et dépassée par l'Italie. Pour le cabinet Roland Berger, il est impératif de "préparer la flexibilisation des contrats de travail en 2013 pour une mise en oeuvre lorsque l'économie française repartira fin 2013 / début 2014. L'objectif est d'encourager les entreprises à recruter plus fort et plus vite au moment de la reprise".

Pour ce faire, le cabinet émet des propositions pour développer à la fois la flexibilité interne (recours au temps partiel, facilité la mobilité professionnelle et géographique des salariés, meilleur recours au chômage partiel, etc.) et la flexibilité externe, de manière à accélérer les mouvements d'entrées-sorties dans l'entreprise pour réduire l'exclusion du marché du travail d'une part de la population en chômage de longue durée). A cet égard, l'étude constate qu'il y a 40% de rotation en plus de la part des salariés dans les pays à forte flexi-sécurité.

Accroître le nombre de demandeurs d'emploi en formation

L'étude propose aussi de "maintenir le niveau de sécurité (dépenses publiques pour l'emploi par chômeurs), en réorientant, dès 2013, une partie significative des dépenses passives pour l'emploi (ex : indemnisation chômage) vers les politiques actives pour l'emploi (ex : formation professionnelle, aide à la création et à la reprise d'entreprise, ...). L'objectif est de rendre plus efficace la mise en ?uvre de la politique pour l'emploi en augmentant significativement le nombre de chômeurs bénéficiaires d'une formation".

A cet égard,  parmi les pistes préconisées figure notamment le retour à une certaine dégressivité des allocations chômage après X mois d'indemnisation "pour inciter, encourager et responsabiliser les chômeurs". Il conviendrait aussi que les pouvoirs publics musclent la formation professionnelle des demandeurs d'emploi. Ainsi, le cabinet de consultants propose qu'à l'issue d'un bilan de compétences, les demandeurs d'emploi aient le choix entre soit une indemnisation chômage classique, soit une véritable formation professionnelle de plusieurs mois (avec des périodes en entreprise) accompagnée d'une indemnisation moins élevée.