Traçabilité de la viande : "Il faut sortir de ce brouillard (...) sinon on finira par avoir de gros problèmes", estime Stéphane Le Foll

Par latribune.fr  |   |  525  mots
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Lundi matin sur RTL, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a dénoncé la multiplication des intermédiaires, mise en évidence par l'affaire des plats surgelés à la viande de cheval en lieu et place de bœuf. José Bové et Michel Barnier sont également montés au créneau.

"Il faut sortir de ce brouillard, parce qu'on pourra toujours revendiquer une traçabilité, fixer des règles où chacun est responsable de l'application de la règle, mais si le système est à ce point brouillé, si le brouillard est tellement épais que plus personne ne s'y retrouve, on finira par avoir de gros problèmes" : le ministre de l'Agriculture entend faire toute la lumière sur le réseau de commerce international qui alimente le marché français en viande. Et ceci afin d'éviter un scandale sanitaire aux effets désastreux pour la filière viande française.

"Horse meat gate"

Lundi matin au micro de RTL, il a confié découvrir "la complexité des circuits" d'approvisionnement, et a même parlé de "trading entre grossistes à l'échelle européenne". Ces déclarations interviennent alors qu'un nouveau scandale sanitaire éclate dans le domaine de la viande, les Anglais l'ont déjà surnommé le "Horse meat gate". Jeudi, les autorités anglaises ont en effet découvert que dans certains plats surgelés de la marque Findus contenaient de la viande de cheval alors que l'étiquette annonçait de la viande de b?uf. L'affaire a pris une dimension européenne en quelques jours.

Concernant les plats vendus en France, la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Repression des Fraudes) a remonté la filière. Elle s'est rendu compte  que la viande mise en cause, d'origine roumaine, aurait transité par un trader néerlandais, puis chypriote, avant d'arriver chez un fournisseur français, Spanghero, et d'être redirigée vers le préparateur qui travaille notamment pour Findus, Comigel.

Un "trafic qui se fait sur le dos des consommateurs"

Stéphane Le Foll n'est pas le seul à prôner une enquête approfondie sur le réseau d'approvisionnement en viande. Le député européen des Verts José Bové est rapidement monté au créneau. Interrogé sur France Info samedi,  il s'est exclamé : "On a voulu faire de l'argent facile" et a évoqué un "trafic qui se fait sur le dos des consommateurs". Selon lui, "un certain nombre de mafias (...) font en sorte de vendre des produits en fonction des coûts".

De son côté, Michel Barnier, le commissaire européen au Marché unique, souhaite que tous les enseignements soient tirés de cet incident. "Au delà de la justice qui doit se prononcer pour sanctionner les éventuels coupables, les consommateurs ont le droit à la transparence, ils ont le droit à la vérité, ils ont le droit à la traçabilité, ils ont le droit à la qualité", s'est-t-il exclamé au micro d'Europe 1 ce lundi matin. "Sur la traçabilité, je pense qu'il faut aller plus loin pour dire au consommateur non seulement la nature de la viande qu'il consomme mais l'origine de cette viande, y compris sur des plats préparés et cuisinés", a-t-il ajouté.

Une réunion de crise où se rencontreront les représentants de la filière viande française et des représentants du Ministère de l'Economie, et de l'Agriculture se tiendra cette après-midi à 15h30 à Paris.