Le moral des PME au plus bas historique

Par latribune.fr  |   |  587  mots
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Selon l'enquête Ipsos commandée par LCL et La Tribune, les patrons de PME évaluent le niveau de santé de leurs entreprises comme le pire depuis la création de l'indice voici 21 ans. Un sur dix envisagerait par ailleurs un exil fiscal.

La santé des PME françaises ne s?améliore pas. C?est le principal enseignement du baromètre trimestriel réalisé par Ipsos pour LCL et La Tribune auprès de 300 chefs d?entreprises de 10 à 249 salariés.

Le BTP et les transports à la traîne

Cette enquête, réalisée les 27 et 28 février derniers, est sévère sur la situation économique hexagonale : l?indice synthétique de santé des PME est tombé à un nouveau plus-bas historique depuis sa création en septembre 1992, à 84 (base 100 en septembre 1992). En novembre dernier, cet indice, qui s?était alors stabilisé, se situait à 85. Les secteurs les plus déprimés sont le bâtiment et les travaux publics, qui sont à 68, et les transports, à 71. On remarquera, en revanche, que la situation du dernier trimestre s?améliore nettement dans l?industrie et dans les services (hausse de l?indice de cinq et sept points respectivement).

Recul de la demande

Globalement, tous les indicateurs sont en recul. Le degré de satisfaction du niveau de trésorerie subit son quatrième trimestre de recul, à 87. Les degrés de satisfaction des niveaux de production et d?activité commerciale sont également en recul pour le troisième trimestre de suite. Plusieurs indices indiquent une crise de la demande. L?indice de demande des produits recule de 6 points à 77, après s?être redressé en novembre, et atteint ainsi un niveau jamais vu depuis 2009. La demande en provenance des PME et des grandes entreprises chute de conserve, et, plus inquiétant, la demande à l?export est en fort recul de 14 points. En novembre, l?indicateur de cette demande étrangère était redevenu positif, signalant une expansion de la demande pour la première fois depuis novembre 2011. En février 2013, cet indicateur s?est brusquement retourné à -13, du jamais vu depuis 2010. Rien d?étonnant à ce que 15 % des patrons estiment que le « niveau de la demande » est un frein au développement des PME. Néanmoins, ils sont de plus en plus nombreux (33 % contre 28 % en novembre) à estimer que c?est « l?incertitude politique et économique » qui freine leur développement, tandis qu?ils sont de moins en moins nombreux à voir dans le « climat social » le principal frein à l?expansion de leurs entreprises (46 % contre 36 %).

59 % d?insatisfaits de l?accord de sécurisation de l?emploi

La sortie de crise apparaît donc encore loin. Pourtant, quelques rayons de soleil percent au travers de cette grisaille : l?évolution estimée du nombre de salariés reste négative (- 14 %), mais s?améliore de 5 points par rapport à novembre. On est encore loin d?une « embellie » sur l?emploi et l?évolution pourrait être temporaire, mais voici qui est encourageant. Par ailleurs, la défiance vis-à-vis du gouvernement semble se stabiliser, sinon s?améliorer. Le niveau de satisfaction des efforts du gouvernement en matière d?aide aux PME se redresse ainsi à 89 pour retrouver un niveau supérieur à celui de septembre dernier. Malgré tout, le niveau moyen de confiance au gouvernement Ayrault reste le plus faible de tous les gouvernements depuis 1992 et les patrons de PME ne semblent guère goûter les réformes engagées. Ils sont ainsi 59 % à se dire insatisfaits de l?accord de sécurisation de l?emploi (contre 15 % de satisfaits). Pire, répondant à une question posée par les internautes de latribune.fr, 10 % des patrons interrogés déclarent envisager un exil fiscal (contre 86 % qui ne l?envisagent pas). La paix n?est pas encore signée entre les petits patrons et le gouvernement.