Croissance : l'Allemagne creuse l'écart avec la France

Par Ivan Best  |   |  512  mots
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Les chefs d'Etat européens se réunissent ce soir à Bruxelles avec, au menu de leurs discussions, la politique économique dans la zone euro. Les indicateurs avancés annoncent un rebond du PIB allemand au premier trimestre. A l'inverse, l'économie française peinerait à sortir de la récession

"Le point bas est atteint, la reprise pourrait être effective en fin d'année au sein de la zone euro":  tel est le diagnostic conjoncturel de nombreux analystes financiers, qui veulent croire à un redémarrage de l'activité en Europe. Les 27 chefs d'Etat européens, qui se réunissent ce jeudi soir à Bruxelles, aimeraient aussi partager cette analyse. Les optimistes basent cette affirmation sur deux facteurs. D'une part un effort de rigueur ralenti, en moyenne, dans la zone euro. Les baisses de dépenses publiques et hausses d'impôt restent à l'ordre du jour, en 2013, mais pèsent moins que les années précédentes. Cela influe donc moins sur l'activité. D'autre part, un redressement , certes encore timide, des indicateurs avancés (enquêtes auprès des directeurs d'achat et des chefs d'entreprise).
De fait, fin 2012, et jusqu'au mois de janvier, les enquêtes Markit menées auprès des directeurs d'achat, corroborées par celles de la commission européenne, ont donné le sentiment d'une amélioration à venir du climat des affaires. Mais la situation s'est légèrement dégradée en février. Et surtout, une divergence apparaît, entre les deux premiers pays de la zone euro, la France et l'Allemagne. Ces indicateurs  font état d'un probable redressement du PIB allemand au premier trimestre, après la chute (-0,6%) du dernier trimestre 2012, plus forte qu'en France (-0,3%, selon les chiffres révisés). La détérioration de la conjoncture avait été moins nette au cours du dernier trimestre 2012, dans l'hexagone, ce que n'avait manqué de souligner le gouvernement Ayrault.

L'écart se creuse au premier trimestre
Les indicateurs actuels donnent à penser que cette divergence favorable à la France n'a plus cours. Au contraire. Markit souligne à quel point l'écart s'est creusé en février, entre une Allemagne dont le PIB serait actuellement, au premier trimestre, en forte croissance, et une économie française au plus mal. "L'écart entre les deux pays n'a jamais été aussi élevé depuis la création de cette enquête, il y a 15 ans" souligne le responsable des études économiques de Markit, Chris Williamson. La France s'enfoncerait dans la récession. Le fait que ce soit l'un des pays où l'effort de rigueur est le plus prononcé en 2013, avec des mesures « d'ajustement » budgétaire équivalentes à deux points de PIB, n'est peut-être pas étranger à cette situation.

L'Insee moins pessimiste

Les enquêtes de l'Insee ne donnent pas tout à fait ce sentiment. Le climat des affaires s'est au contraire redressé en février, selon l'institut de la statistique. Les perspectives personnelles des patrons de l'industrie s'améliorent.  Mais ce " mieux" demande à être confirmé. Et, étant constatée en février, cette amélioration du sentiment des industriels ne se traduirait que plus tard dans les chiffres de l'activité économique. Elle ne préjuge pas de l'évolution du PIB français au premier trimestre, qui risque d'être à nouveau négative, confirmant le diagnostic de récession. Ce qui est certain, c'est que l'Allemagne va économiquement beaucoup mieux que la France, en ce début 2013.