L'OCDE appelle la France à "aller plus loin" dans ses réformes

Par latribune.fr  |   |  412  mots
Angel Gurria, secrétaire général de l'Ocde. Copyright Reuters
Le secrétaire général de l'OCDE a appelé dimanche la France à assouplir son marché du travail et à indexer l'âge du départ à la retraite sur l'espérance de vie, lors d'une émission diffusée conjointement par RFI et TV5 Monde.

Les réformes mises en oeuvre par la France "vont dans le bon sens mais est-ce qu'il faut aller plus loin? Oui, aussi", a estimé le secrétaire général de l?OCDE, Angel Gurria. Il a notamment cité la politique de réduction du coût du travail mise en oeuvre en Allemagne.

Un marché du travail ?coupé en deux?

Le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques, qui présentera mardi à Bercy une étude sur l'économie française, a par ailleurs critiqué de nouveau les rigidités du marché du travail hexagonal, selon lui coupé en deux entre certains salariés, "qui sont très bien protégés, et d'autres qui n'ont rien".

Concernant la réforme à venir du système de retraites, Angel Gurria a estimé que les Français allaient devoir se préparer à travailler plus longtemps, "comme partout", affirmant que "le système le plus performant aujourd'hui lie l'âge de la retraite à l'espérance de vie automatiquement, sans négociation chaque année", au lieu de fixer un âge limite fixe.

?Pas austérité contre croissance?

Angel Gurria a par ailleurs refusé d'opposer la rigueur au soutien à l'économie. "C'est un faux dilemme, ce n'est pas austérité contre croissance", a-t-il estimé, expliquant par exemple qu'en matière de déficit budgétaire, "la question c'est comment on alloue les dépenses, il faut naturellement privilégier les investissements, c'est le ciment de la croissance future".

Concernant l'objectif de réduction à 3% du déficit budgétaire, que la France vient de reporter à l'an prochain en raison d'une croissance moins élevée qu'espéré, il a estimé que les Etats pouvaient se donner plus de temps pour respecter leurs objectifs, si la conjoncture internationale le justifiait, à condition de ne pas les abandonner.

?Ne pas aller vers le protectionnisme?

Enfin, le secrétaire général de l'OCDE a rejeté les appels du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg à faire baisser le niveau de l'euro et à réinstaurer une certaine dose de protectionnisme au niveau européen.

"Il ne faut pas aller vers le protectionnisme, qu'il soit commercial ou monétaire, c'est aller en arrière", a estimé Angel Gurria. "Le futur de l'Europe, d'un pays comme la France, c'est d'avoir la connaissance, l'innovation, la productivité, la science, et il faudra laisser de côté les activités qui étaient traditionnelles comme l'industrie manufacturière", a-t-il dit.