La crise chypriote révèle les craintes de quatre français sur dix pour leur épargne

Par latribune.fr  |   |  628  mots
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La situation chypriote choque les français. Selon un sondage, quatre personnes sur dix craignent que la France en vienne elle aussi un jour à taxer les dépôts bancaires.

La crise chypriote a révélé la défiance des Français à l'égard des banques. Selon un sondage Ifop pour le journal Sud-Ouest Dimanche, quatre Français sur dix pensent qu'ils pourraient se retrouver dans une situation similaire à celle des épargnants chypriotes. Allant plus loin, 13% des sondés sont sûrs que l'Etat finira par prélever directement sur leurs comptes bancaires. En revanche, 59% des sondés considèrent que la situation chypriote est imporbable en France.

Les dépôts bancaire ne sont plus inviolables

Le mélodrame chypriote a fait tomber l'idée de l'inviolabilité des dépôts bancaires dans la tête des épargnants de l'Hexagone. Ce sans clivage. Avec 35% des sondés qui s'inquiètent pour leurs économies, les catégories socio-professionnelles supérieures sont à peine moins inquiètes que les autres. L'opinion politique des sondés ne joue guère non plus. Des plus eurosceptiques au plus europhiles, la différence d'appréciation est minime. 

La crise dure depuis une semaine

La petite île méditerranénne retient toujours son souffle à la veille de l'ultimatum lancé par la Banque centrale européenne qui a menacé de cesser l'approvisionnement en liquidités des banques chypriotes si un plan de sauvetage n'était pas trouvé d'ici à lundi. Il y a une semaine, Nicosie avait provoqué un choc dans l'opinion publique de l'île, mais aussi européenne et russe en proposant au parlement un texte de loi visant à taxer à 6,75% les dépôts en dessous de 100.000 euros et à 9,9% au delà. Le texte ayant été rejeté par le parlement en début de semaine, les autorités du pays ont oeuvré à un plan B. Celui prévoyait de faire financer la part de recapitalisation de ses banques par Nicosie en puisant notamment dans le fonds de pension des retraites. Cette solution ayant été rejetée par l'Allemagne lors d'une réunion téléphonique de l'Eurogroupe jeudi soir, Chypre est toujours dans l'impasse. Les banques sont fermées, et la banque Laiki, en cause dans l'affaire a déjà annoncé qu'elle limitait les retrait à 260 euros par jour et par individu.

La taxe sur les dépôts à nouveau sur les rails

Selon les dernières informations, l'idée d'une taxe a refait son apparition, sous la forme d'un prélèvement de 15% sur les dépôts au delà de 100.000 euros, et un contrôle strict des capitaux souhaité par Bruxelles est envisagé. Cette gestion rocambolesque de la crise chypriote ne choque pas uniquement les Français. Pour le député européen en charge des questions budgétaires Alain Lamassoure, "on a tout simplement proposé une politique à la Dalton. Je vous chipe votre argent dans la banque." Il appelle les dirigeants français et allemands à peser de tout leur poids pour que des décisions aussi "irresponsables" ne puissent être prises à nouveau.

"La finance doit accepter le risque"

Pour Thierry Philipponat de Finance Watch, il est regrettable que tout le système soit affecté lorsque de rares petites banques sont concernées. « Le problème de fond, c'est qu'il n'existe pas de court-circuit. Personne ne veut prendre de risques. Il faut bien que quelqu'un accepte de prendre les pertes à un moment donné. Cela ne peut être que le contribuable, ou bien le créancier qui apporte les capitaux et prête l'argent. La difficulté vient du fait que l'on demande désormais aux contribuables de rembourser, et beaucoup moins aux créanciers. Ils veulent toujours être gagnants, ce qui n'est pas possible. La finance doit accepter le risque. Et dans ce système, les banques prêtent aux États, tout en leur demandant de les protéger en cas de faillite. Tout le monde peut comprendre que cela n'a pas de sens. »