"La majorité actuelle confie le sort de la France au hasard"

Par Propos recueillis par Jean-Christophe Chanut  |   |  480  mots
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Député UMP de la Drôme, Hervé Mariton, l'un des spécialistes des finances publiques du parti attend de l'intervention télévisée du président de la République qu'un cap soit enfin fixé. Il reproche à l'actuelle majorité d'être trop dépendantes des aléas de la conjoncture et de ne pas réellement affronter la crise. Pour lui, François Hollande ne fait qu'attendre un retour de la croissance mondiale.

Selon vous, quelle a été la principale erreur de François Hollande sur le terrain économique, depuis son arrivée à l'Elysée ?

Hervé Mariton:  La principale erreur, ce sont les contradictions dans la politique économique et fiscale menée. Un exemple ? La loi de finances 2013 augmente la fiscalité pesant sur les entreprises, alors que dans le même temps, la loi de finances rectificative de 2012 baisse cette même fiscalité. Certes, en politique, plusieurs projets sont possibles, discutables et discutés. Mais, en revanche, il n'est absolument pas possible de mener deux politiques en même temps. Ceci ne peut pas marcher, la preuve.

Pourtant, la majorité en place reprend certains de vos objectifs : réduction des déficits, restauration de la compétitivité, etc.

La majorité actuelle confie le sort de la France au hasard. Il n'y a aucun cap. Le président considère que seule la conjoncture mondiale compte. Il attend donc le vent de la reprise pour que la croissance revienne toute seule pour sauver la France. Il ne fait rien pour la provoquer.

Mais, justement, avec cette croissance atone, qu'aurait pu faire l'UMP si elle était restée aux commandes ?

Certes, la politique menée par la majorité précédente n'était pas parfaite, je ne me suis pas gêné pour le dire à l'UMP. Mais au moins, elle avait une qualité : celle de tenir un cap, peut-être contestable mais au moins il y a avait un objectif clair. Si l'UMP était encore aux commandes, les objectifs d'économies budgétaires auraient été maintenus et la multiplication des dépenses nouvelles que nous vivons actuellement n'aurait pas eu lieu. C'est aussi ce que je reproche à la majorité socialiste : à défaut de tailler dans les dépenses publiques, et qui sait s'il y a pourtant encore des marges de man?uvre, notamment du côté des aides au logement ou des collectivités territoriales, elle pourrait au moins ne pas créer de nouvelles dépenses. C'est maintenant qu'il faut faire des économies, plutôt que dans la précipitation quand la dette sera égale à 100% du PIB !

Qu'attendez vous de l'intervention du président ce soir ?

- J'attends la définition d'une vraie politique économique, l'affirmation d'une vraie politique de l'emploi qui devrai retenir toute son attention plutôt que de se disperser en proposant des projets de loi sur des sujets sociétaux qui n'ont pas lieu d'être. Le président n'a même pas l'air de croire à ses vieilles recettes d'empois aidés légèrement relookés. Il apparaît aussi de façon trop visible que sa politique est guidée par les seules aléas de la conjoncture. Je souhaite aussi un gouvernement qui cherche à affronter la crise plutôt que de chercher à passer au travers. Je veux un gouvernement capable de proposer quelque chose aux Français.