L'UMP affine déjà son programme économique. Vous préconisez des baisses d'impôts, qui seraient rendues possibles par une forte baisse de la dépense publique. Mais pourquoi ne pas l'avoir fait en 2007, alors que la volonté politique existait ?
-Nous avions commencé le processus, avec la RGPP. Mais nous avons été stoppés par la crise. Il a fallu sortir l'économie du marasme, avec le plan de relance et le grand emprunt.
Et en 2010-2011, quand l'économie allait mieux ?
Elle n'allait pas assez bien pour vraiment envisager de couper dans les dépenses. La croissance était limitée à 1,5%.
Pensez vous vraiment que le contexte sera plus favorable d'ici quelques années ?
De toutes façons, nous n'avons plus le choix. On ne peut plus tergiverser. Il faut absolument baisser la dépense. Il s'agirait de la ramener, en cinq ans, de 57% du PIB (niveau actuel), à 50%. Cela représente quelque 130 milliards d'euros, en monnaie constante. Nous sommes les deuxièmes en Europe, après le Danemark, pour le poids de la dépense publique !
Où voudriez vous couper ?
Il y a d'abord la réforme des collectivités locales. Trop des strates se sont accumulées. Clairement, il faut en supprimer une, c'est le département. La deuxième source d'économies, c'est la protection sociale. Une réforme profonde s'impose. En matière d'assurance maladie : l'organisation de l'hôpital doit être revue.
Cela supposerait de s'attaquer aux médecins, dont le mécontentement a pesé, électoralement, dans le passé...
C'est vrai, mais il faut savoir être courageux. Définir une ligne, et s'y tenir.
L'UMP veut-elle diminuer le poids des retraites, comme le préconise l'OCDE ?
C'est en débat. En ce qui me concerne, j'y suis favorable. La réforme de 2010 était nécessaire, mais on peut aller plus loin. Il est indispensable de simplifier le système, de diminuer le nombre de régimes. Faut-il repousser l'âge de la retraite à 65 ans ? Personnellement, cela me paraît envisageable. De même qu'à l'introduction d'une part grandissante de capitalisation. En Hollande, la moitié de la pension repose sur la capitalisation...
Et il faut que les retraités actuels fassent un effort. Cela peut passer par la désindexation des pensions.
S'agissant du volet fiscal, quelles sont vos priorités ?
Il y a deux sujets. Le premier, c'est le choc de compétitivité. Nous voudrions transférer environ 40 milliards d'euros de charges sociales sur la TVA, qui serait augmentée d'environ trois points. Mais la moitié de cette baisse de charges profiterait aux salariés, afin de leur redonner du pouvoir d'achat.
Le gouvernement a déjà fait voter une hausse de la TVA...
Nous pouvons en tenir compte. Mais je note que le Crédit d'impôt compétitivité, qui est d'ores et déjà en vigueur, n'est toujours pas financé, en majeure partie, puisqu'on ne connaît pas les économies qui seront réalisées.
Et le deuxième volet ?
C'est celui de la convergence européenne. Nous ne pouvons plus nous comporter comme si l'Europe n'existait pas. Voyez ce que font les britanniques, qui réduisent encore leur impôt sur les sociétés. Il nous faut, nous aussi, en diminuer le taux, et s'attaquer à l'ISF, cette exception française, de même qu'à la fiscalité du patrimoine, devenue trop lourde.