Austérité : après Montebourg et Duflot, Hamon demande une inflexion

Par latribune.fr  |   |  523  mots
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A la suite de la crise politique déclenchée par l'affaire Cahuzac, plusieurs ministres demandent un assouplissement de la politique économique et sociale en plus d'une réponse ethique. Mais l'Elysée veut maintenir le cap.

Après Arnaud Montebourg dans Le Monde et Cécile Duflot à Mediapart, Benoît Hamon s?est exprimé dans une interview au Parisien mercredi. "Aujourd'hui l'austérité en Europe n'est plus soutenable, avec ses millions de chômeurs", déclare-t-il. Dès lundi sur RTL, il estimait qu?une loi sur la moralisation politique était "indispensable, mais pas suffisante". Selon lui, les Français attendent "qu'on soit exemplaire sur le plan social" aussi.

Mardi, Arnaud Montebourg affirmait dans un entretien au Monde que "le sérieux budgétaire, s'il tue la croissance, n'est plus sérieux. Il est absurde et dangereux". Selon lui, "il est plus que temps d'ouvrir le débat sur cette politique (européenne, ndlr) qui conduit l'Union à la débâcle". "Montebourg est convaincu qu'il faut une réponse politique et pas seulement éthique" à l?affaire Cahuzac, commente son entourage.

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Le "coup de rabot" n'est pas "une bonne methode politique"

Même vocabulaire chez la ministre du Logement Cécile Duflot, qui, dans une interview à Mediapart (lien payant), juge que des mesures "uniquement éthiques" ou "techniques" contre la fraude fiscale ne suffiront pas à répondre à la crise politique. "La crise politique que nous vivons a un déclencheur conjoncturel: la découverte du mensonge et des actions de Jérôme Cahuzac. Mais les racines de la crise sont plus profondes: une crise économique et sociale forte et une poussée réactionnaire importante", dit-elle. "On ne peut pas considérer que le coup de rabot général soit une bonne méthode politique".

Déjà, mercredi dernier en Conseil des ministres, au lendemain des aveux de l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac sur son compte à l'étranger, la ministre avait demandé à François Hollande une "réponse lourde" en matière d'éthique, mais aussi une inflexion de la politique économique et sociale. "Cahuzac représentait l'austérité, on ne peut plus demander aux gens de se serrer la ceinture et appliquer cette politique d'austérité", précise-t-on dans l'entourage d'un des ministres.

?Pas de changement de ligne? à l?Elysée

"Non, il n'y pas de changement de ligne", a assuré à l'AFP l'entourage du chef de l'Etat, qui minimise la "position, déjà connue de Montebourg". "On mène depuis le début une politique cohérente, on est sur un cap qui est difficile mais c'est le chemin par lequel il faut passer pour s'en sortir", assurait également l'Elysée lundi, à la question de savoir s'il fallait changer de politique.

Depuis l'élection de François Hollande à l'Elysée, la ligne économique choisie par le président donne lieu de manière récurrente à des débats au sein du gouvernement avec les tenants d'une ligne plus à gauche. Les plus vifs accrochages sont intervenus entre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg, arrivé lors de la primaire PS pour la présidentielle, en 3e position à la surprise générale en se présentant comme le chantre de la démondialisation.