Cahuzac renonce à l'élection législative, mais promet d'autres rendez-vous

Par latribune.fr  |   |  906  mots
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L'ancien ministre délégué au Budget ne sera pas candidat à l'élection législative partielle consécutive à sa démission du gouvernement. Le PS s'en trouve soulagé.. Mais Jérôme Cahuzac dit "trop aimer" Villeneuve sur Lot "pour l'oublier". "Je reviendrai" ajoute-t-il

L'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac, qui vient de renoncer à se présenter à la législative partielle dans sa circonscription lot-et-garonnaise, indique dimanche dans la Dépêche du Midi qu'il votera pour le candidat socialiste, mais souligne qu'il reviendra à Villeneuve-sur-Lot, alimentant les spéculations sur une candidature aux municipales de 2014.

Ces deux affirmations de l'ancien maire et député, mis en examen en avril pour blanchiment de fraude fiscale, et qui a déclenché une législative partielle en démissionnant de son mandat, concluent la version papier de son interview, mais ne figuraient pas dans les extraits livrés par le quotidien régional dès samedi soir. Jérôme Cahuzac y annonçait qu'il renonçait à contrecoeur à se présenter à la législative partielle des 16 et 23 juin, en signifiant qu'il avait beaucoup espéré ce "rendez-vous" qui donnait des sueurs froides au Parti socialiste.

Il assure à la fin de l'entretien publié dimanche matin qu'il votera pour le candidat socialiste Bernard Barral lors de l'élection partielle des 16 et 23 juin. "Je voterai pour le candidat investi par le PS. Son enthousiasme, sa conviction de terminer en tête du premier tour et de gagner au deuxième font plaisir à voir", déclare-t-il. Ce geste en direction du parti dont il a été exclu, et qui risquait de voir son candidat éliminé dès le premier tour s'il se présentait, ne signifie pas pour autant que la parti socialiste soit définitivement débarrassé de l'hypothèque Cahuzac en Lot-et-Garonne.

"Je reviendrai"

Interrogé sur un retour dans la ville dont il a été maire de 2001 à 2012, et une circonscription dont il fut trois fois député, Jérôme Cahuzac conclut l'entretien en lançant: "j'aime trop ce territoire où j'ai tant d'amis véritables et courageux pour l'oublier. Je reviendrai." Le candidat UMP pour la 3ème circonscription du Lot-et-Garonne, le maire de Fumel Jean-Louis Costes, estimait dès samedi soir que Jérôme Cahuzac "se positionne sur les municipales à Villeneuve-sur-Lot". Le chef du PS du Lot-et-Garonne Matthias Fekl s'est au contraire dit "persuadé qu'il va suivre jusqu'au bout (...) son chemin du retrait de la vie politique". Le président François Hollande de son côté a estimé jeudi lors de sa conférence de presse que M. Cahuzac "ne devrait pas se présenter à quelque élection que ce soit".

Le PS soulagé

En attendant une telle échéance, les socialistes se montrent soulagés de ne pas voir revenir Jérôme Cahuzac à l'Assemblée nationale ou de le voir faire perdre son camp lors de la législative partielle. Premier secrétaire du PS, Harlem Désir, s'est félicité du choix fait par l'ancien ministre. "C'est conforme aux engagements qu'il avait pris, le 16 avril à la télévision, de ne pas se représenter à un mandat public : il a pris la bonne décision", a-il déclaré dimanche à l'AFP. Une présence dans la compétition de Jérôme Cahuzac aurait été en effet doublement désastreuse, électoralement et médiatiquement, pour le PS, : elle risquait d'éliminer du second tour son candidat, et elle aurait encore plus braqué les projecteurs sur un scandale que la majorité voudrait bien oublier. Selon un sondage Ifop connu vendredi, le faible score (11%) qu'aurait obtenu l'ancien ministre du Budget aurait été suffisant pour empêcher Bernard Barral (PS) d'accéder au second tour, qui se serait joué entre l'UMP (27% au premier tour) et le FN (22%). En revanche, sans  Cahuzac, le candidat socialiste accèderait au second tour (23%), derrière l'UMP Jean-Louis Costes (30%).

Mais par delà l'impact purement électoral --l'élection est de toute façon difficile pour la gauche, dans le contexte actuel d'impopularité record pour François Hollande--, le retour sur la scène politique de Jérôme Cahuzac, aurait été accompagné, selon ses propres termes, "d'un harcèlement médiatique incessant", en parallèle avec les auditions de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale.

La commission d'enquête commence ses travaux

Cette commission d'enquête, demandée par l'Union des démocrates et indépendants (UDI) de Jean-Louis Borloo, vise à déterminer "d'éventuels dysfonctionnements" dans l'action de l'Etat du 4 décembre 2012, date des premières révélations de Mediapart sur le compte en Suisse non déclaré de l'ancien ministre délégué au Budget, au 2 avril 2013, date de sa mise en examen pour blanchiment de fraude fiscale. Edwy Plenel, patron et fondateur du site d'information Mediapart, va être la première personnalité entendue, mardi à 08H45.

La commission entendra dans l'après-midi l'ancien député-maire RPR de Villeneuve-sur-Lot Michel Gonelle, détenteur de la bande audio qui a entraîné la chute de l'ancien ministre socialiste. Elle auditionnera ensuite Amélie Verdier, qui était directrice de cabinet de Jérôme Cahuzac au ministère du Budget et qui exerce la même fonction auprès de son successeur Bernard Cazeneuve. Jérôme Cahuzac lui même mais aussi les ministres de l'Economie Pierre Moscovici, de l'Intérieur Manuel Valls et de la Justice Christiane Taubira seront ultérieurement entendus, à des dates qui n'ont pas encore été fixées par la commission d'enquête, présidée par Charles de Courson (UDI) et dont le rapporteur est un socialiste, Alain Claeys.

Les auditions, une vingtaine prévues d'ici fin juillet, seront retransmises en direct sur le site internet de l'Assemblée.